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mercredi 7 novembre 2007

Que dit l’Evangile de Philippe ?


Que dit l’Évangile de Philippe ?

Il s’agit d’un document contenu dans le Codex II de la collection des Codex coptes de Nag Hammadi (NHC), qui se trouve actuellement au Musée copte du Caire. Il n’a rien à voir avec un soi-disant « Évangile de Philippe », cité par saint Épiphane, qui dit qu’il était utilisé par certains hérétiques en Égypte, ni avec celui que d’autres écrivains ecclésiastiques mentionnent comme appartenant aux manichéens.
Le document de Nag Hammadi (NHC II 51, 29–86, 19) porte à la fin le titre d'« Évangile selon Philippe », même si, en réalité, il ne s’agit pas (lire la suite) d’un évangile – ce n’est pas un récit de la vie de Jésus – et si le texte lui-même ne se présente comme étant de Philippe. Ce titre est un ajout postérieur à sa rédaction originale, faite probablement en grec vers le IIIe siècle, sur base du fait que l’on attribue dans cet écrit à cet apôtre l’affirmation selon laquelle Joseph le charpentier fit la croix avec les arbres que lui-même avait planté.
L’ouvrage comprend une centaine de pensées plus ou moins développées, sans enchaînement cohérent entre elles. À dix-sept reprises, elles sont présentées comme des paroles du Seigneur, dont neuf proviennent des Évangiles canoniques alors que les autres sont nouvelles. La plupart du temps, il s’agit de paragraphes tirés des sources antérieures, de caractère homilétique ou catéchétique. Elles reflètent une doctrine gnostique particulière, mais en partie semblable à celle d’autres hérétiques gnostiques comme les valentiniens. Ses principaux point sont : a) La compréhension du monde céleste (le Pléroma) formé par des paires (le Père et Sophia supérieure, le Christ et l’Esprit Saint – ce dernier étant compris comme féminin –, et le Sauveur et Sophia inférieure dont procède le monde matériel) ; b) la distinction de plusieurs Christs, dont Jésus dans son apparition terrestre ; c) la conception du salut comme union, dès ici-bas, de l’âme (élément féminin de l’homme) avec l’ange qui procède du Plérome (élément masculin) ; d) la distinction entre hommes spirituels (pneumatiques) qui parviennent à cette union, et psychiques et hyliques ou matériels auxquels elle reste inaccessible.
Parmi les points qui attirent l’attention sur cet évangile figure ce qui est dit à propos de Jésus et de Marie-Madeleine. Celle-ci est présentée comme « la compagne » du Christ et il est dit que « le Seigneur l’a embrassée (sur la bouche) à plusieurs reprises » parce qu’il l’aimait plus que tous les disciples. Ces expressions qui, à première vue, pourraient sembler érotiques, sont employées pour symboliser le fait que Marie-Madeleine avait atteint la perfection propre au gnostique et était parvenue à la lumière parce que le Christ le lui avait accordé. Il en va de même quand il est question de la « chambre nuptiale » comme d’un sacrement – ou littéralement mystère – qui est le sommet du baptême, de l’onction, de l’Eucharistie et de la Rédemption. L’image du mariage est employée comme symbole de l’union entre l’âme et son ange dans ce sacrement de la « chambre nuptiale ». D’après l’évangile de Philippe, ce sacrement représente la réalisation de l’unité originaire de l’homme dès ici-bas, réalisation qui atteindra son point culminant dans le monde céleste qui, selon l’auteur, est au sens propre et véritable la « chambre nuptiale ».

original en espagnol par Gonzalo Aranda,
professeur de la faculté de Théologie de l'Université de Navarre

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