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lundi 30 novembre 2009

Action de grâces (18)

Action de grâces (18)

Je ne puis séparer le Seigneur mon Dieu de Marie et de Joseph. Là où se trouve Jésus, ses parents sont aussi présents. C’est pourquoi lorsque notre Seigneur établit sa demeure dans mon âme, la très Sainte Vierge et saint Joseph s’y trouvent aussi, d’une présence spirituelle, mystique. Et puisque personne n’a fréquenté Jésus comme vous avez eu la grâce insigne de le faire, aidez-moi, ô Marie et Joseph, à fréquenter Jésus, à gagner en intimité avec lui, à avoir les mêmes sentiments que ceux du Cœur du Christ. De ce Cœur transpercé, « il en sortit du sang et de l’eau, et c’était le prix de notre salut qui s’écoulait ainsi. […] Debout ! toi qui est aimé du Christ (lire la suite) — c’est à moi que Dieu s’adresse ! — sois donc comme la colombe qui fait son nid sur le bord de l’abîme. Et là, comme l’oiseau qui a trouvé son nid, ne te relâche pas de ta vigilance » (st Bonaventure, opuscule 3 sur L’arbre de vie).
« Je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père » (Jn 15, 15). Jésus est mon Ami, mon grand Ami. Et comme tel, il revient me rendre visite chaque jour. C’est l’ami sur lequel je peux compter, toujours prêt à me donner un coup de main et à me dépanner, toujours fidèle aux rendez-vous, toujours attentif à tout et attentionné.
Tu es, Seigneur, cet ami dont le livre des Proverbes dit qu’il « est plus attaché qu’un frère » (Pr 18, 24), fiable entre tous, serviable à toute heure, au visage ouvert, franc, dont le sourire à lui seul est un encouragement.
Marie et Joseph, présentez-moi à votre Fils, parlez-m’en, dites-moi tout ce que vous savez de lui, pour que je m’éprenne vraiment de lui, que je le respecte et l’admire, que je lui fasse meilleur accueil, comme à mon intime parmi les intimes, que je le serve par toute ma vie et que je ne cesse de lui manifester ma reconnaissance. Gratias tibi, Deus, gratias tibi ! « merci à toi, mon Dieu, merci à toi ! »

dimanche 29 novembre 2009

L'entrée en Avent

L'entrée en Avent

Nous avons dit que cette venue est singulière : « la » venue du Seigneur. Toutefois il n'y a pas que la dernière venue à la fin des temps : dans un certain sens, le Seigneur désire toujours venir à travers nous. Et il frappe à la porte de notre cœur : es-tu disposé à me donner ta chair, ton temps, ta vie ? Telle est la voix du Seigneur, qui veut entrer également dans notre époque, il veut entrer dans l'histoire humaine à travers nous. Il cherche également une demeure vivante, notre vie personnelle. Voilà la venue du Seigneur. C'est ce que nous voulons à nouveau apprendre pendant le temps de l'Avent : que le Seigneur peut venir également à travers nous. (lire la suite)
Nous pouvons donc dire que cette prière, ce souhait exprimé par l'Apôtre contient une vérité fondamentale, qu'il cherche à inculquer aux fidèles de la communauté qu'il a fondée et que nous pouvons résumer ainsi : Dieu nous appelle à la communion avec lui, qui se réalisera pleinement au retour du Christ, et Il s'engage lui-même à faire en sorte que nous arrivions préparés à cette rencontre finale et décisive. L'avenir est, pour ainsi dire, contenu dans le présent, ou mieux, dans la présence de Dieu lui-même, de son amour indéfectible, qui ne nous laisse pas seuls, qui ne nous abandonne pas même un seul instant, comme un père et une mère n'arrêtent jamais de suivre leurs enfants sur le chemin de leur croissance. Face au Christ qui vient, l'homme se sent interpellé dans tout son être, que l'Apôtre résume par les termes « esprit, âme et corps », indiquant ainsi toute la personne humaine, comme une unité articulée possédant une dimension somatique, psychique et spirituelle. La sanctification est un don de Dieu et une initiative venant de lui, mais l'être humain est appelé à y répondre de tout son être, sans que rien de lui ne soit exclu.
C'est précisément l'Esprit Saint, qui dans le sein de la Vierge a formé Jésus, Homme parfait, qui mène à bien dans la personne humaine l'admirable projet de Dieu, transformant tout d'abord le cœur et, à partir de ce centre, tout le reste. Il arrive ainsi que dans chaque personne se résume toute l'œuvre de la création et de la rédemption, que Dieu, Père, Fils et Esprit Saint, accomplit du début jusqu'à la fin de l'univers et de l'histoire. Et de même que dans l'histoire de l'humanité se trouve au centre le premier Avent du Christ et, à la fin, son retour glorieux, de même chaque existence personnelle est appelée à se mesurer à lui - de façon mystérieuse et multiforme - au cours du pèlerinage terrestre, pour être trouvée « en lui » au moment de son retour.

Benoît XVI, Homélie, 26 novembre 2005.

samedi 28 novembre 2009

Le prêtre et la célébration de la messe

Le prêtre et la célébration de la messe

Parlant du prêtre, le disait : « saint Curé d'Ars Dieu lui obéit. Il dit deux mots et Notre Seigneur descend du ciel à sa voix et se renferme dans une petite hostie » (Mgr René Fourrey, Ce que prêchait le Curé d'Ars, Dijon, L'Échelle de Jacob, 2009, p. 112). Telles sont la dignité, la force et la grandeur du prêtre. Il parle et Dieu suit. Il prononce les paroles de la consécration, et parce qu'il les formule in nomine et in persona Christi, « au nom et en la personne du Christ », « Dieu arrête ses regards sur l'autel. C'est là, dit-il, mon Fils bien-aimé en qui j'ai mis toutes mes complaisances (curé d'Ars, Ibid., p. 112-113). Il n'y a pas de délai de latence. Dire les paroles prononcées le Jeudi Saint par le Christ Seigneur et voir le Rédempteur apparaître à l'autel est tout un, est une action instantanée. Le Père regarde l'hostie, et celle-ci revêt sur-le-champ l'humanité et la divinité de son Fils par la vertu du Saint-Esprit. « Tu es mon Fils ; moi-même, aujourd'hui je t'ai engendré » (Psaume 2, 7). C'est un « aujourd'hui » éternel, mais qui se réactualise dans notre temps séquentiel, qui est rendu présent à nos sens. Le Père engendre le Fils dans la nourriture eucharistique qu'il se propose « dès avant la constitution du monde » (Éphésiens 1, 4) de nous donner ad robur, pour nous fortifier, afin que nous atteignions la gloire des enfants de Dieu. (lire la suite)
« Au mérite de l'offrande de cette victime, il ne peut rien refuser » (curé d'Ars, Ibid., p. 113). Parce que son Fils ne cesse de répéter : « Voici, je viens, ô Dieu, pour faire ta Volonté » (Hébreux 10, 7). Il reconnaît qu'il n'a pas de volonté propre, c'est-à-dire de projet ou d'ambition personnel. Ma nourriture, dira-t-il, autrement dit ce dont je vis, ce qui me fait exister en tant qu'homme, « c'est de faire la Volonté de celui qui m'a envoyé » (Jean 4, 34).
Un aspect de cette volonté est que le prêtre, alter Christus, un « autre Christ », reproduise l'événement libérateur du Golgotha, l'actualise continuellement dans notre monde, jour après jour. Le Père veut ainsi, d'un grand désir, éternel, infini, permanent, accéder à la prière de son Fils et, par les mains et la voix du prêtre, étendre à l'humanité nécessiteuse de grâce et de pardon, les fruits du Sacrifice du Seigneur qui réclame le salut en notre faveur.

vendredi 27 novembre 2009

Marie et le diable

Marie et le diable

Le diable ne supporte pas la présence de la Sainte Vierge. Là où elle se trouve, le tentateur est obligé de battre en retraite. En voici un clair témoignage :
« Dans la nuit du 14 au 15 février 1876, c'est-à-dire du lundi au mardi, j'étais très malade. Je ne sais trop ce que j'éprouvais ; si c'est du sommeil, je n'en sais rien. Je cherchais à me reposer, quand tout à coup apparut le diable au pied de mon lit. oh ! que j'avais peur. Il était horrible ; il me faisait des grimaces. À peine était-il arrivé que la Sainte Vierge apparut de l'autre côté, dans le coin de mon lit. (lire la suite) (...) Ses grands yeux doux me remirent un peu, mais pas tout à fait, car le diable apercevant la sainte Vierge, il se recula en tirant mon rideau et le fer de mon lit. Ma frayeur était abominable. Je me cramponnais à mon lit. Il ne parla pas, il tourna le dos. Alors la Vierge lui dit sèchement : « Que fais-tu là ? Ne vois-tu pas qu'elle porte ma livrée et celle de mon Fils ? » Il disparut en gesticulant. Alors elle se retourna vers moi et me dit doucement : « Ne crains rien, tu sais bien que tu es ma fille » (M.-R. Vernet, La Vierge à Pellevoisin. Dieu au cœur d'une mère. Lecture théologique et spirituelle des documents (1ère apparition), Paris, Téqui, 1995, p. 47).
« La seconde nuit, je revis le diable, et je reprenais la peur. Il se tenait un peu plus loin. La sainte Vierge parut presque aussitôt que lui, et elle me dit : « N'aie donc pas peur, je suis là » (2ème apparition, p. 71).
« La troisième et quatrième nuit, je revis le diable. Il se tenait si loin, c'est à peine si je distinguais ses gestes. La troisième nuit, la sainte Vierge me dit : « Allons du courage, mon enfant. » À cet instant, les reproches de la veille me revinrent à l'esprit » (3ème apparition, p. 89).

jeudi 26 novembre 2009



Après Pie XII, c'est l'action de Jean XXIII en faveur des Juifs qui est mise en valeur par la fondation Wallenberg, qui demande que Jean XXIII soit déclaré "Juste parmi les nations".

Marie, la meilleure des mamans

Marie, la meilleure des mamans

On compare souvent la Sainte Vierge à une mère, mais elle est encore bien meilleure que la meilleure des mères ; car la meilleure des mères punit quelquefois son enfant qui lui fait du chagrin, même elle le bat ; elle croit bien faire. Mais la Sainte Vierge ne fait pas comme ça : elle est si bonne qu'elle nous traite toujours avec amour et ne nous punit jamais.

Mgr René Fourrey, Ce que prêchait le Curé d'Ars, Dijon, L'Échelle de Jacob, 2009, p. 177.

mercredi 25 novembre 2009

Un peu d'humour

Un peu d'humour

(Histoire vraie)
Deux amies de collège se rencontrent après des années de séparation. Ravies de se revoir, chacune parle de ce qu'elle fait. L'une dit à un moment donné de la conversation :

- J'ai un mari en or.
Ce à quoi l'autre répond :
- Tu as de la chance, moi j'ai un mari en taule. (lire la suite)

Les fumeurs et le coiffeur

Vu un nombre x de fumeurs qui veulent se faire couper les cheveux, combien faudra-t-il de coiffeurs ?
Réponse :
- Un parfumeur !


Le prénom

Madame Page accouche d'un garçon. Elle et son mari se posent la question de savoir quel prénom lui donner.
- Ça y est, dit l'heureux papa : il s'appelera Marc, Marc Page.

mardi 24 novembre 2009

Action de grâces (17)

Action de grâces (17)

M’approchant de la table sainte, j’ai essayé d’enflammer en moi des sentiments de forte affection, un désir ardent de t’accueillir dans mon cœur et une ferme détestation de tout péché, même involontaire, de toute imperfection. Je sais bien que la perfection n’est pas mon fort, et que mes souhaits n’atteignent jamais la mesure voulue. Mais je m’y essaye comme je peux et, je crois, avec sincérité. (lire la suite)
« Bon pasteur, pain véritable, Jésus, aie pitié de nous, nourris-nous, protège-nous, fais-nous voir le bien suprême, dans la terre des vivants. Toi qui fais et qui peux tout, toi notre nourriture d’ici-bas, prends-nous là-haut pour convives et pour héritiers à jamais dans la famille des saints » (st Thomas d’Aquin).
À Noël, les rues et les devantures des magasins se couvrent de guirlandes et d’ornements variés, lumineux souvent. Les particuliers aussi décorent leur demeure. Rares sont ceux qui le font pour t’honorer et savent ce qu’est Noël. Quand je viens communier, c’est à chaque fois Noël, une nouvelle naissance du Sauveur dans mon âme. Et il convient, il faut, qu’elle soit ornée, décorée — en la matière, je n’en ferai jamais de trop —, éclairée, et pas de lampions clignotants, mais de lumières constantes, que rien n’empêche de briller de tous leurs feux.
Ah Seigneur ! tu dois toi-même m’aider à te recevoir avec une grande pureté de cœur, à briser tout attachement désordonné aux personnes et aux biens de ce monde, pour que tu sois le centre de mes pensées, de mes intentions, de mes affections et de mes actions. Je te le demande par l’intercession de la Bienheureuse Vierge Marie et de saint Joseph.

lundi 23 novembre 2009

Action de grâces (16)

Action de grâces (16)

« Le Corps du Christ. Amen ! » Le prêtre a prononcé ces mots inouïs. Le fidèle a donné son assentiment par un acte de foi. Et le miracle s’est renouvelé. Jésus-Christ n’a pas hésité à entrer chez celui qui le reconnaît dans le Pain sacramentel : « Qu’il en soit ainsi », a-t-il répondu au prêtre. Que je reconnaisse dans cette nourriture ton vrai Corps, « pain nécessaire à notre subsistance » (Mt 6, 11).
Désormais, « je ne crains aucun mal, car tu es avec moi ; (lire la suite) ta houlette et ton bâton, c’est mon réconfort » (Ps 23, 4). Dans les épreuves, tu es toujours là et seras présent en permanence, « même quand je marche dans une vallée pleine d’ombres » (Ps 23, 4).
Ô mon Dieu, Dieu Fort, ton auguste sacrement me communique les forces dont j’ai besoin pour m’atteler aux tâches de cette journée qui débute, et les accomplir avec un moral de vainqueur. « Car tu es mon Dieu, mon rempart » (Ps 43, 2). « Oui, tu es mon rocher et ma forteresse, et à cause de ton nom tu me conduiras et me guideras » (Ps 31, 4) parmi les écueils de notre monde, pour que j’agisse en enfant fidèle et appliqué, en témoin éclairé de la Bonne Nouvelle, avec la certitude que « les souffrances du temps présent ne sont pas à comparer à la gloire qui doit être révélée pour nous » (Rm 8, 18), ni aux souffrances que tu as endurées spontanément, avec tant d’Amour, pour que j’existe et que ta présence eucharistique soit une réalité. Loué soit Jésus-Christ dans le très Saint-sacrement de l’autel, et qu’il soit loué éternellement. Amen.

dimanche 22 novembre 2009

L'Eucharistie (3)

L'Eucharistie (3)

Les anges, a fortiori, sont incapables d'accomplir un tel exploit. D'ailleurs, ils sont de beaucoup inférieurs en sainteté à la très Sainte Vierge, qui est aussi leur Reine, qu'ils vénèrent et révèrent. Alors, effectivement, aurions-nous deux cents anges, qu'ils ne pourraient nous absoudre. À vrai dire, nous les avons, et bien plus que par centaines. Ils sont là, autour de nous, par légions. L'espace en est tout occupé.
Mais un ange peut toujours dire : « Ceci est mon corps », il ne s'ensuivra rien du tout. (lire la suite) En réalité, pour lui, cela n'aurait guère de sens, car il est un être purement spirituel. Il ignore de facto ce qu'est « avoir un corps ».
Le prêtre, lui, prononce les mêmes mots et, sur-le-champ, le Christ fait irruption à l'autel. Il devient présent. « Ceci est mon Corps… », et Jésus s’est immolé, se cachant sous les espèces du pain. Maintenant il est là, avec sa Chair et avec son Sang, avec son Âme et avec sa Divinité : de la même manière que le jour où Thomas mit ses doigts dans les Plaies glorieuses » (saint Josémaria, Sillon, n° 684). Pareillement, ni plus ni moins. Jésus-Christ, qui est « le même hier, aujourd'hui et pour les siècles » (Hébreux 13, 8). Le Jésus de toujours, le Jésus éternel, immense et tout-puissant.
Le prêtre nous apporte le plus grand des cadeaux, Dieu en personne, fait homme et devenu nourriture de vie éternelle (cf. Jean 6, 51). Et il le laisse dans le tabernacle, pour qu'il puisse être porté en « Viatique » aux mourants, et pour que nous puissions venir l'adorer, lui tenir compagnie : « Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation » (Matthieu 26, 41). Il est réellement présent, le Jésus d'il y a deux mille ans, le Jésus de toujours. « Néanmoins, en bien des occasions, tu passes au loin sans esquisser ne fût-ce qu’une brève salutation de simple politesse, alors que tu le fais envers n’importe quelle connaissance que tu croises dans la rue. — Par rapport à Thomas, comme tu as peu de foi ! » (saint Josémaria, Ibid.).
Remercions Dieu pour le don du sacerdoce. Remercions Dieu pour le don de l'Eucharistie. Remercions Dieu de nous avoir donné une Mère aussi Sainte et Belle que Marie, dont le « oui », le fiat, a permis que le sacerdoce et l'Eucharistie soient des réalités centrales de la vie de l'Église et de l'existence chrétienne de chacun d'entre nous.

(fin)

samedi 21 novembre 2009

L'Eucharistie (2)

L'Eucharistie (2)

C'est le prêtre qui, en premier, conduit les âmes au paradis. Il est le bon pasteur, du moins il faut l'espérer, qui mène son troupeau sur de « verts pâturages » (Psaume 22, 2), un troupeau appelé à grossir au gré des rencontres. Dieu ne nous a pas fait connaître d'autre moyen de salut que son Église, qualifiée de sacrement de salut » par le Concile, et les sept sacrements. Or, ce sont bien les membres de l'ordre sacré qui détiennent le pouvoir de confectionner et d'administrer habituellement les sacrements.
C'est pourquoi le saint curé d'Ars ajoute : « Sur certains points, il faut même affirmer que le prêtre a reçu des pouvoirs qui n'ont pas été donnés à la Sainte Vierge, (lire la suite) et pas davantage aux saints anges. » Il précise sa pensée en donnant deux exemples parlants : « Allez vous confesser à la Sainte Vierge ou à un ange : vous absoudront-ils ? Non, la Sainte Vierge ne peut pas faire descendre son divin Fils dans l'hostie. Vous auriez deux cents anges, là, qu'ils ne pourraient vous absoudre. Un prêtre, tout simple soit-il, le peut ; il peut dire : « Allez en paix, je vous pardonne » (Mgr René Fourrey, Ce que prêchait le Curé d'Ars, Dijon, L'Échelle de Jacob, 2009, p. 82-83). En effet, seul le prêtre peut prononcer ces paroles et faire en sorte qu'elles soient efficaces, qu'elles produisent la grâce qu'elles signifient. Ce n'est pas d'elle-même Marie a mis Jésus au monde, mais en acceptant que l'Esprit Saint la prenne sous son ombre (Luc 1, 35) et engendre en elle le Fils éternel du Père. Et après la Pentecôte, Marie n'a pas détenu davantage le pouvoir de faire revenir son Fils. En revanche, les apôtres, et les prêtres à leur suite, le peuvent et le font. Et c'est de leurs mains sacrées qu'elle a reçu son Fils dans la sainte Hostie, le Corps et le Sang de son Fils, ce Corps et ce Sang qui viennent d'elle, puisqu'elle a réellement nourri son Jésus, notre Jésus. Le Corps et le Sang, avec l'âme et la divinité qui restent tout aussi cachées que lorsqu'elle abritait Jésus dans ses entrailles.

(à suivre...)

vendredi 20 novembre 2009

L'Eucharistie (1)

L'Eucharistie (1)

« Saint Bernard nous dit que tout est venu par Marie, on peut dire aussi que tout nous est venu par le prêtre : oui, tous les bonheurs célestes » (Mgr René Fourrey, Ce que prêchait le Curé d'Ars, Dijon, L'Échelle de Jacob, 2009, p. 82-83). « Avec elle me sont venus à la fois tous les biens, et des richesses innombrables sont dans mes mains » (Sagesse 7, 11). Ces mots de l'Écriture, à propos de la Sagesse divine, s'appliquent à merveille au grand don du sacerdoce que Dieu a fait à son Église. Il nous livre son Corps et son Sang sous une forme sacramentelle et institue aussitôt, dans le même acte fondateur, le sacrement de l'ordre pour le perpétuer. (lire la suite)
Nul ne va au ciel que par les mains du prêtre. Par Marie, certes, en tant que Mère et Reine de tous les prêtres, qu'elle a reçus en héritage spécial, dont elle a tout particulièrement la garde depuis le moment où son Fils l'a désignée à Jean et lui a donné ce disciple, et tout prêtre, comme une descendance nouvelle. La maternité spirituelle de Marie ne s'exerce pas uniquement à l'égard des hommes pris un par un. Elle n'existe comme telle que parce que Marie est Mère de l'Église. Au Calvaire s'accomplit la promesse du protévangile (Genèse 3, 15). « De fait, par sa mort rédemptrice, Jésus-Christ vainc à sa racine même le mal du péché et de la mort. Il est significatif que, s'adressant à sa Mère du haut de la Croix, il l'appelle « femme » et lui dit : « Femme, voici ton fils. » D'ailleurs, il avait aussi employé le même mot pour s'adresser à elle à Cana (cf. Jean 2, 4). Comment douter qu'ici spécialement, sur le Golgotha, cette parole n'atteigne la profondeur du mystère de Marie, en faisant ressortir la place unique qu'elle a dans toute l'économie du salut ? Comme l'enseigne le Concile, avec Marie, « la fille de Sion par excellence, après la longue attente de la promesse, s'accomplissent les temps et s'instaure l'économie nouvelle, lorsque le Fils de Dieu prit d'elle la nature humaine pour libérer l'homme du péché par les mystères de sa chair » (LG 55). Les paroles que Jésus prononce du haut de la Croix signifient que la maternité de sa Mère trouve un « nouveau » prolongement dans l'Église et par l'Église symbolisée et représentée par Jean. Ainsi celle qui, « pleine de grâce », a été introduite dans le mystère du Christ pour être sa Mère, c'est-à-dire la Sainte Mère de Dieu, demeure dans ce mystère par l'Église comme « la femme » que désignent le livre de la Genèse (3, 15) au commencement, et l'Apocalypse (12, 1) à la fin de l'histoire du salut. Selon le dessein éternel de la Providence, la maternité divine de Marie doit s'étendre à l'Église, comme le montrent les affirmations de la Tradition, pour lesquelles la maternité de Marie à l'égard de l'Église est le reflet et le prolongement de sa maternité à l'égard du Fils de Dieu (saint Léon le Grand, Tractatus 26 de natale Domini 2) » (Jean-Paul II, encyclique Redemptoris Mater, n° 24).

(à suivre...)

jeudi 19 novembre 2009

Le sens de la mort

Le sens de la mort

Mourir est « un gain », car la mort, pour celui qui est en état de grâce, est l'entrée dans la joie du Seigneur, est le voir « face à face » (cf. 1 Corinthiens 13, 12) et assister à la réalisation de ce que saint Paul prêchait : « Ce que l'œil n'a pas vue, ce que l'oreille n'a pas entendu, ce qui n'est pas monté au cœur de l'homme, c'est ce que Dieu a préparé pourceux qui l'aiment » (1 Corinthiens 2, 9).
Le désir de jouir de Dieu au ciel amenait sainte Thérèse d'Avila à chanter : « Vivo sin vivir en mí, y tan alta vida espero, que muero porque no muero » (Poésies 2), « je vis sans vivre en moi, et j'espère une vie si élevée, que je meurs de ne pas mourir ». (lire la suite)
« Le Christ lui-même, le maître de notre salut, enseigne combien quitter cette vie nous est profitable. Lorsque ses disciples s'attristent parce qu'i leur a dit qu'il devait s'en aller, il leur parle en disant : « Si vous m'aimiez, vous vous réjouiriez de ce que je m'en vais vers le Père » (Jean 14, 28), leur apprenant et leur montrant que quand les êtres chers quittent ce monde, nous devons davantage nous réjouir que nous attrister » (saint Cyprien, De mortalitate 7).

mercredi 18 novembre 2009

Dieu n'est pas loin (5)

Dieu n'est pas loin (5)

Marie ne se soustrait pas à cette nouvelle fonction, à cette mission maternelle. Ce n'est pas dans son genre. Elle accepte la Volonté de Dieu à l'instant même où elle lui est notifiée, elle s'y plie volontairement, car sa plus grande joie est de faire plaisir à Dieu, avec empressement. Nous sommes bien certains - deux mille ans l'attestent - que Marie a pris à cœur cette tâche, et qu'elle la mène, qu'elle la mènera à terme envers chacun d'entre nous à la perfection, comme tout ce qu'elle a fait. À la perfection veut dire en nous accompagnant vers le Père et en nous assistant pour que la rencontre définitive et décisive avec Dieu soit couronnée de succès, pour autant que nous le voulions, qu'elle débouche, non sur la vie éternelle, (lire la suite) car l'éternité attend toute âme au sortir de ce monde, mais sur le bonheur éternel, sur cet état de liesse et de contentement que l'on appelle « ciel ». C'est pourquoi Marie est qualifiée de « Porte du ciel » dans les litanies de Lorette.
D'ici-là, nous devons lutter. À la grâce de Dieu ! comme on dit, à juste titre. « Le panorama de ton âme, de ta vie intérieure, est dans l'obscurité ? Laisse-toi conduire par la main, comme un aveugle » (saint Josémaria, Forge, n° 241). Conduit par la main par Marie, comme le petit enfant qui tient à peine debout et qui ne se rend pas compte de ce qui se passe autour de lui. « — Avec le temps, le Seigneur récompense l'humiliation d'avoir à baisser la tête : Il donne sa lumière » (Ibid.). Cette lumière, c'est encore Marie, Étoile du matin, qui projette son éclat sur notre chemin, rayon étincelant dans les ténèbres du monde, d'une telle intensité, d'une telle précision, que la route est toute tracée, qu'il n'y a plus qu'à se laisser mener par Marie. En serrant bien fort sa main dans notre fragile menotte.
« Allons avec confiance au trône de la gloire, pour obtenir miséricorde » (cf. Hébreux 4, 16) du Dieu d'Amour, si Père, si prévenant, qu'il ne peut rien faire de plus, rien de mieux, en dépit de sa Toute-Puissance, que de nous envoyer son Fils par Marie, et de le rendre continuellement présent à l'autel, aussi avec Marie. Elle répète : « Faites tout ce qu'il vous dira. » Et lui de dire : « Viens et suis-moi » (Luc 18, 22).

(fin)

mardi 17 novembre 2009

Sainte Élisabeth de Hongrie

Sainte Élisabeth de Hongrie

"C'est avec une vive satisfaction que j'ai appris que sont en préparation des célébrations spéciales pour le VIII centenaire de sainte Élisabeth de Thuringe ou de Hongrie, qui a lieu cette année. En cette heureuse circonstance, je vous demande de vous faire l'interprète auprès des fidèles de la Hongrie et de toute l'Europe de ma participation spirituelle aux célébrations prévues : elles seront une occasion propice de proposer à tout le Peuple de Dieu, et en particulier à l'Europe, le splendide témoignage de cette sainte, dont la réputation a franchi les frontières de sa patrie, touchant de très nombreuses personnes également non chrétiennes sur tout le continent. (lire la suite)
Sainte « européenne », Élisabeth naquit dans un contexte social de récente évangélisation. André et Gertrude, les parents de cet authentique joyau de la nouvelle Hongrie chrétienne, se soucièrent de la former à la conscience de sa dignité de fille adoptive de Dieu. Élisabeth fit sien le programme de Jésus Christ, Fils de Dieu, qui, en se faisant homme, « s'anéantit lui-même, prenant condition d'esclave » (Philippiens 2, 7). Grâce à l'aide de maîtres excellents, elle se plaça sur les traces de saint François d'Assise, en se proposant comme finalité personnelle et ultime de conformer son existence à celle du Christ, unique Rédempteur de l'homme.
Appelée à être l'épouse du Landgrave de Thuringe, elle ne cessa de se consacrer au soin des pauvres, dans lesquels elle reconnaissait les traits du Maître divin. Elle sut unir les dons d'épouse et de mère exemplaire à l'exercice des vertus évangéliques, apprises à l'école du saint d'Assise. Elle se révéla une véritable fille de l'Église, en offrant un témoignage concret, visible et significatif de la charité du Christ. D'innombrables personnes, au cours des siècles, ont suivi son exemple, en la considérant comme un modèle du reflet des vertus chrétiennes, vécues de manière radicale dans le mariage, dans la famille et même dans le veuvage. C'est à elle que se sont inspirées également des personnalités politiques, en y puisant une incitation à œuvrer à la réconciliation entre les peuples.
L'année internationale d'Élisabeth, qui a commencé à Rome le 17 novembre dernier, suscite de nouveaux élans pour mieux comprendre la spiritualité de cette fille de la Pannonie, qui rappelle aujourd'hui encore à ses concitoyens et aux habitants du Continent européen l'importance des valeurs impérissables de l'Evangile."
Benoît XVI, Lettre pour le VIIIe centenaire de la naissance de sainte Élisabeth de Hongrie et de Thuringe, le 27 mai 2007

lundi 16 novembre 2009

Dieu n'est pas loin (4)

Dieu n'est pas loin (4)

« C'est par Amour qu'il te « laisse seul », pour que tu voies bien clairement dans ta vie ce qui est à Lui et ce qui est à toi » (saint Josémaria, Forge, n° 250). Car ce qui vient de Dieu n'enlève pas la paix et la sérénité, alors que ce qui est du diable sème le trouble, la confusion et la haine. Si nous recherchons du sensible, des consolations, nous faisons fausse route. Ce n'est pas ainsi que Marie a réagi à l'Annonce divine. Elle n'a pas sollicité des preuves tangibles, mais s'est déclarée avec empressement « servante du Seigneur » (Luc 1, 38) et disposée à ce que se fasse en elle tout ce qui lui avait été annoncé.
Cela va se faire, en effet. Mais avec la lente maturation du fruit de ses entrailles, (lire la suite) dans l'intimité de son ventre. Et le Fils qu'elle porte et que nul ne voit est l'Emmanuel, « Dieu avec nous » (Matthieu 1, 23). Dieu est là. Il est bien présent, qui nous regarde de l'intérieur. « En m'aimant et en me regardant à tous les moments de ma vie de tous les moments de la vôtre, vous m'obligez à vous dire que je vous aime à tous les moments de mon existence » (bienheureux Charles de Foucauld, Contemplations).
Douce obligation, en vérité. Il ne saurait y en avoir de plus souriante et aimable. elle est rendue encore plus plaisante par le fait que Marie y met du sien, qu'elle intervient, comme à Cana, sur un double registre. Le registre divin, en attirant l'attention de son Fils sur nos besoins. Le registre humain en nous disant, sur le ton de la persuasion : « Faites tout ce qu'il vous dira » (Jean 2, 5). Il n'y a pas à hésiter. Foin du procratisnationisme !
Alors comment pouvons-nous nous sentir seuls ? Le Seigneur peut donner l'impression d'être absent, comme au cours de la parenthèse déconcertante qui s'ouvre le Vendredi Saint vers 15 heures et se referme le dimanche de Résurrection à l'aube. Marie, elle, ne disparaît pas de mon horizon, car elle est ma Mère. « Femme, voici ton fils », a dit Jésus expirant (Jean 19, 26), immédiatement avant d'accomplir jusqu'au bout le plan rédempteur (cf. Jean 19, 27).

(à suivre...)

dimanche 15 novembre 2009

Dieu n'est pas loin (3)

Dieu n'est pas loin (3)

Mieux vaut employer notre temps à chercher Dieu, qui ne doit pas être bien loin, qui ne peut pas être loin. Notre Dieu n'est pas un Dieu lointain : « Le royaume de Dieu est en vous » (Luc 17, 21). « Lui, l'Amour, Il ne te laisse pas seul » (saint Josémaria, Forge, n° 250), même si tu ressens l'impression contraire. Dieu n'est pas en ce lieu ou en celui-là, enfermé dans un espace limité qui en jugulerait la puissance. Non, non et mille fois non ! Dieu est omniprésent. Il l'est tout spécialement dans l'âme en état de grâce. Il l'est d'une présence d'Amour. C'est-à-dire de la présence de celui qui se rend chez son ami pour lui faire une surprise, (lire la suite) lui communiquer une bonne nouvelle, lui offrir un cadeau, ou simplement passer un bon moment ensemble.
Comment pouvons-nous douter de cet Amour et de cette présence ? Mais Dieu se rend présent dans notre monde de multiples façons. Il est présent dans l'âme de la Vierge Marie, quand elle reçoit l'ambassade de l'archange saint Gabriel, et c'est une présence particulière et unique de l'Esprit Saint pour l'aider à formuler son fiat, à dire « oui » à la proposition de devenir la Mère du Fils de Dieu. C'est alors la présence, physique et spirituelle, de Dieu le Fils, vrai Dieu et vrai Homme, dans son âme et dans son corps. Dieu est présent dans le silence et le déroulement normal des journées de travail à Nazareth. Mais cette présence ne fait pas de bruit, ne relève pas du sensible. Elle est pourtant on ne peut plus certaine.
La vie chrétienne, la vie avec Dieu, présente donc des paradoxes. « Persuade-toi que c'est par Amour qu'il te « laisse seul », pour que tu voies bien clairement dans ta vie ce qui est à lui et ce qui est à toi » (Ibid.), parce que, encore une fois, on ne saurait concevoir une seule action de Dieu qui ne soit pas motivée par l'Amour qu'il nous porte, qui ne soit pas l'expression de cet Amour, qui ne soit pas elle-même l'Amour en acte, en mouvement, puisque « Dieu est Amour » (1 Jean 4, 16). En dehors de Marie et de Joseph, et de sainte Élisabeth, c'est le silence sur la présence du Rédempteur au milieu des hommes. Le peuple élu qui aspire passionnément à accueillir le Messie libérateur peut s'estimer oublié de Dieu, seul au milieu d'un monde païen. Pourtant Dieu est là, qui a engagé le processus ultime de la Rédemption.

(à suivre...)

samedi 14 novembre 2009

Dieu n'est pas loin (2)

Dieu n'est pas loin (2)

S'il lâche la main de son accompagnateur, un enfant a vite fait de choir ou de se perdre. Et de se sentir impuissant, terriblement seul. Et de pleurer pour un rien.
Mais il n'y a jamais de « riens » dans la vie intérieure. Tout a une valeur d'éternité. Tout est une participation tenace, laborieuse, persévérante à l'édification du Temple du Saint-Esprit qu'est notre âme (1 Corinthiens 3, 16), tout est un nouveau geste du maçon qui construit posément et avec un art consommé l'édifice où l'enfant de Dieu que nous sommes doit demeurer à jamais en compagnie de son Père.
« Je ne le ferai plus jamais. » Du moins (lire la suite) est-ce ma volonté bien arrêtée. C'est ce que nous disons au Seigneur, aujourd'hui, maintenant. Pour être en mesure de le redire lorsque le don de soi deviendra difficile, lorsque la tiédeur, la lâcheté, l'égoïsme voudront prendre le dessus, ce « vieil homme » (Romains 6, 6) que nous portons en nous, et qui est l'ennemi déclaré de notre âme si nous n'en jugulons pas résolument les élans, pour n'en conserver que les bons et jeter les autres.
« Ne t'attriste pas quand il te semblera que le Seigneur t'abandonne » (saint Josémaria, Forge, n° 250). Ce n'est qu'un sentiment. Mais qui nous impressionne. Parce que nous pensons que cela ne devrait jamais se produire. Que si Dieu existait vraiment... Nous embrayons tout de suite en cinquième vitesse. À la moindre difficulté, nous partons dans de grandes tirades, nous faisons donner l'artillerie lourde. C'est pitoyable ! « Cherche-Le, sois plus opiniâtre ! » (Ibid.). Ou bien notre vie n'aurait-elle donc plus de sens parce qu'un petit nuage voile temporairement le soleil ? « Il y a beaucoup de chrétiens qui ne savent seulement pas pourquoi ils sont au monde. Le Bon Dieu nous a créés et mis au monde pour le servir, l'aimer et travailler à notre salut, rien que cela ; tout ce que nous faisons en dehors de cela, c'est du temps perdu » (Mgr René Fourrey, Ce que prêchait le Curé d'Ars, Dijon, L'Échelle de Jacob, 2009, p. 52).

(à suivre...)

vendredi 13 novembre 2009

Dieu n'est pas loin (1)

Dieu n'est pas loin (1)

« En raison de ma faiblesse il m'est arrivé de me plaindre auprès d'un ami que Jésus me semblait ne faire que passer, me laissant seul » (saint Josémaria, Forge, n° 159). Comment pourrait-il passer tout simplement ? Il ne passe pas, mon Jésus, car il est le Chemin et la Vérité et la Vie (Jean 14, 6). C'est lui qui l'a dit. Et il a précisé que « personne ne va au Père que par moi » (Jean 14, 6). Jésus ne passe donc pas dans notre vie. Il y est présent, de toute l'épaisseur de son être infini, de toute la densité de son Amour illimité.
Il se peut fort bien que je perde conscience de cette réalité, qu'elle s'estompe du fait de l'opacité des tâches matérielles, (lire la suite) de leur lourdeur, de leur tendance fâcheuse à me ramener à l'horizontale, de me faire oublier la dimension verticale, toute la hauteur et la profondeur des choses de Dieu (cf. Romains 8, 39).
Jésus ne fait pas que passer. Il a établi sa demeure dans mon âme. Aussi stupéfiant que cela puisse être. Et il n'y est pas venu seul. Cela lui serait d'ailleurs impossible. Il est venu avec le Père et avec le Saint-Esprit, qui sont un seul Dieu. La vision humaine peut me faire croire à des tromperies...
« — Aussitôt j'ai réagi par un acte de contrition plein de confiance : non, ce n'est pas vrai, mon Amour ! C'est moi qui, sans doute, me suis écarté de toi. Seigneur, je ne le ferai plus jamais ! » (saint Josémaria, Ibid.). Avec l'aide de la grâce de Dieu, bien entendu. C'est ce qu'il faut toujours ajouter, parce que je ne puis même pas articuler un mot sans l'aide du Saint-Esprit, je suis à ce point limité que je n'arrive même pas à dire « Abba ! Père ! » (Galates 4, 6), alors que c'est le premier mot, le mot fondamental, rassurant, qui jaillit spontanément des lèvres d'un enfant ! Je suis incapable même de cela, dans la vie spirituelle. Il faut que l'Esprit Saint me le souffle, et que je le répète ensuite, avec conviction. Et que je le redise sans cesse, pour ne pas m'écarter de mon Seigneur.

(à suivre...)

jeudi 12 novembre 2009

Les Anglicans, Rome et Marie

Les Anglicans, Rome et Marie

Alors que les Anglicans de la TAC (Traditionnal Anglican Communities) rejoignent l'Église catholique après une rupture qui aura duré plus de 450 ans, il peut être intéressant de souligner des points communs entre l'Église catholique et les Anglicans en général.
Par le culte marial, les catholiques « rejoignent les Anglicans, dont les théologiens classiques ont jadis mis en lumière la solide base scripturaire du culte rendu à la Mère de Notre Seigneur, et dont les théologiens actuels soulignent davantage l'importance de la place que Marie occupe dans la vie chrétienne » (Paul VI, Marialis Cultus, 2 février 1974, n° 32). De fait, en mai 2005, une déclaration commune a été signée entre catholiques et anglicans sur « Marie, grâce et espérance dans le Christ ». (lire la suite) Après un examen attentif « fondé sur les Évangiles, ainsi que sur les anciennes traditions communes », les deux parties s’accordent à reconnaître, pour ce qui est de l’Immaculée Conception, que, « considérant sa vocation d'être la mère du Très-Haut (Luc 1, 35), nous pouvons affirmer ensemble que l’œuvre rédemptrice du Christ rejaillit « par avance » sur Marie dans les profondeurs de son être et à ses tout premiers débuts ». « Ce n’est pas contraire à l’Écriture », affirme le texte. En conclusion, « les catholiques romains peuvent reconnaître en cela ce qui est affirmé par le dogme, à savoir que Marie fut préservée de toute souillure du péché originel » et ce « au premier instant de sa conception ». Il est affirmé à propos de l’Assomption : « Étant donné la compréhension à laquelle nous sommes parvenus pour ce qui concerne la place de Marie dans l’économie de l’espérance et de la grâce, nous pouvons affirmer ensemble que la doctrine selon laquelle Dieu a pris dans Sa gloire la Bienheureuse Vierge Marie, dans la plénitude de sa personne, n'est pas contraire aux Écritures, et qu'elle ne peut en vérité être comprise qu'à la lumière des Écritures. Les Catholiques Romains reconnaissent que cette doctrine concernant Marie est contenue dans le dogme. » En ce qui concerne l'invocation de Marie, les deux parties déclarent : « Nous affirmons ensemble, sans aucune ambiguïté, la médiation unique de Christ, qui porte du fruit dans la vie de l'Église. Nous ne considérons pas que la pratique consistant à demander à Marie et aux saints de prier pour nous soit suffisante pour faire obstacle à notre communion… Nous croyons qu'il n'y a aucune raison théologique de rester divisés dans ces domaines. » Le cantique de Marie, le Magnificat, fait partie de l’office du soir du Book of Common Prayer, moyenannt quoi chaque soir, à vêpres, les fidèles prient avec Marie en chantant ou en lisant son cantique. La liturgie anglicane a conservé les fêtes du Seigneur qui soulignent la vocation et la dignité de Marie en tant que Mère de Dieu ou Theotokos : Annonciation, Noël et Présentation. La plupart des fêtes mariales continuent de figurer au calendrier anglican : Visitation (en mai), Dormition (15 août), Naissance (8 septembre) et la Conception (8 décembre). Les Anglicans ont des lieux de culte dédiés à la Vierge Marie, et ils sont nombreux à réciter le rosaire.

mercredi 11 novembre 2009

Le crucifix et l'école

Le crucifix et l'école

La décision Lautsi c. Italia de la Cour européenne des droits de l'homme condamnant l'Italie à retirer les crucifix des écoles publiques au motif que leur présence peut être traumatisante pour les élèves et contraignante pour leur conscience, révèle une dérive idéologique.
Cela est très différent de la « laïcité positive : une laïcité qui rassemble, qui dialogue, et pas une laïcité qui exclut ou qui dénonce », dont parlait le président Sarkozy quand il recevait le pape Benoît XVI au palais de l'Élysée, le 12 septembre 2008.
La conception des juges de Strasbourg (lire la suite) est nettement tributaire d'une laïcité qui n'est pas la neutralité de l'État face au fait religieux et idéologique, mais l'absence de visibilité de la religion, c'est-à-dire une situation totalement artificielle (et illusoire), allant à l'encontre des aspirations les plus profondes de l'être humain que tous les ethnologues ont toujours soulignée (« l'homme est un « animal religieux »), situation qui veut établir un environnement aseptisé, débarrassé de religion, mais non des idées non religieuses, a-religieuses ou anti-religieuses que cette même catégorie de personnes véhiculent et professent, et donc l'impact sur la population est pour le moins comparable à celui de la religion. C'est une « nouvelle religion » sans Dieu que l'on prétend imposer. J'ai mis « nouvelle » entre guillemets, car c'est un terrible retour en arrière et une violence faite à la conscience de l'homme, et ce, au nom de la justice !

mardi 10 novembre 2009

Le mariage gay aux États-Unis

Le mariage gay aux États-Unis

Les habitants de l'État du Maine se sont prononcés par référendum, le 3 novembre dernier, sur la loi autorisant le mariage des homosexuels votée par l'assemblée législative de l'État. Ils ont repoussé cette loi par une majorité de 53 % des voix. Les partisans de la loi avaient axé leur campagne sur le « droit à l'amour » à égalité de conditions avec les gens mariés. Les adversaires de la loi ont montré, de leur côté, (lire la suite) qu'il n'existe pas dans l'État du Maine de discrimination à l'encontre des homosexuels et que l'adoption de la loi amènerait à enseigner dans les écoles que le mariage peut se faire entre deux hommes ou deux femmes.
Désormais 43 États des États-Unis ont refusé le mariage gay, 29 par amendement constitutionnel et 14 par une loi de l'État. Seul 5 l'ont admis, et deux autres ne se sont pas prononcés.

lundi 9 novembre 2009

Les Confréries du Rosaire (3)

Les Confréries du Rosaire (3)

Cette chaîne universelle de prière eut un succès considérable dans le peuple chrétien qui l’accueillit avec grand enthousiasme. Elle allait rapidement recouvrir d'un maillage serré tous les pays de la Chrétienté, les protégeant tel un bouclier. L’engouement pour cette dévotion fit que certains se mirent à réciter le psautier de la Vierge quotidiennement. Saint-Louis-Marie Grignion de Montfort s'en fait l'ardent propagateur, ayant été mandaté pour cela : « Nous le Provincial de l'Ordre des Frères Prêcheurs, certifions et déclarons que Louis-Marie Grignion de Montfort, frère de notre Tiers-Ordre, prêche partout avec beaucoup de zèle, d'édification et de fruit la Confrérie du Rosaire (lire la suite) dans toutes les missions qu'il fait continuellement dans les villes et les campagnes. » Le nombre des confréries du Rosaire s'est tellement accru que, « en Italie notamment, il n'est pas de région, pas de ville et presque pas de paroisse qui n'en possède un grand nombre ou au moins plusieurs. (...) La Confrérie dite du Très Saint Rosaire (...) est au premier rang par son ancienneté, car on attribue sa fondation à saint Dominique lui-même ; si on tient compte des privilèges, elle en a obtenu d'innombrables de la munificence de nos prédécesseurs. (...) Innocent VIII, notamment, l'appelle « la très dévote confrérie » (Léon XIII, enc. Augustissimæ Virginis, 12 septembre 1897). Elle a été instituée « dans le but d'inciter un grand nombre d'hommes, unis par la charité fraternelle, à louer et à prier la bienheureuse Vierge et obtenir, par une prière unanime, sa protection, en employant la très pieuse formule d'où l'association elle-même a tiré son nom. (...) La Confrérie accepte des hommes de toute condition et n'établit entre eux aucun autre lien que celui de la récitation du Rosaire de Marie » (Léon XIII, const. ap. Ubi primum, 2 octobre 1898).
Elle essaime au Canada grâce à Marie Favery et au Père Poncet, qui la fondent à Québec, en 1656. Au XVIIe s., dans les pays francophones, douze créations de Confréries sur 93 sont mariales. De 1758 à 1771 cette proportion passe à la moitié, mais le nombre de créations décroît fortement ensuite.
Au début du XVIIe siècle, les représentations de Notre-Dame du Rosaire voient le roi de France paraître au premier rang, reléguant les frères prêcheurs à l'arrière-plan : Tableau du Rosaire, anonyme, église paroissiale de
Neulliac (Morbihan). À partir de 1630, le Rosaire et le vœu de Louis XIII sont réunis : Tableau du Rosaire, v. 1630, Helléan (Morbihan) ; Louis XIII est derrière sainte Catherine de Sienne faisant le pendant du pape derrière saint Bruno : musée de Sées, Villeneuve d'Aveyron ; l'on trouve aussi le rapprochement entre saint Louis et Louis XIII, ce dernier figurant avec une auréole : chapelle Saint-Pierre-de-Sommaire (Orne).

(fin)

dimanche 8 novembre 2009

Les Confréries du Rosaire (2)

Les Confréries du Rosaire (2)

La confrérie du Rosaire va souvent de pair avec celle du Très Saint-Sacrement, qu'elle précède parfois, comme à La Rochelle, en Tarentaise, à Cabrières. L'étude de livres de piété montre que la dévotion du Rosaire conduit à celle du saint-sacrement. Le livre de piété du Rosaire prépare à une bonne communion et, surtout, à une bonne confession. Ainsi, la dévotion du Rosaire se rapproche sensiblement de celle du Saint-Sacrement, Marie étant perçue et présentée comme Médiatrice entre le fidèle et Dieu. Le lien entre le Rosaire et l'Eucharistie est manifeste dans le retable de Chambois (Orne), où Notre-Dame du Rosaire occupe le registre inférieur tandis qu'un ostensoir (lire la suite) adoré par deux anges agenouillés occupe le registre supérieur.
Les Confréries de sainte Anne qui apparaissent au XIVe siècle (l'on en connaît à Rome dès 1328) et se développent surtout dans la deuxième moitié du XVe siècle en Europe septentrionale, sont elles aussi en lien avec les Confréries du Rosaire. Leurs membres participent ensemble à des célébrations liturgiques ; les écrits combinent des éléments des deux. C'est ainsi que des publications sur sainte Anne consacrent une section au rosaire, et ont des illustrations réunissant sainte Anne, la Sainte Vierge et l'Enfant Jésus dans le cercle d'un chapelet. Les peintres ne sont pas en reste : Triptyque du rosaire céleste (Hans Kulmbach, vers 1510-1513, Madrid, musée Thyssen-Bornemisza).

(à suivre...)

samedi 7 novembre 2009

Les Confréries du Rosaire (1)

Les Confréries du Rosaire (1)

Le bienheureux Alain de la Roche fonde, à Douai, en 1470, la Confrérie de la Vierge et de saint Dominique. Celui qui s'inscrit à la Confrérie disait ses Ave Maria seul dans sa chambre, priait en union avec tous les confrères et pour tous, participant à toutes les œuvres de piété, à tous les mérites des autres membres, même par mode de satisfaction expiatoire. Alain de la Roche écrit : « La chose capitale de cette Fraternité, c’est que toutes les œuvres d’un confrère et tous les mérites de chacun sont un bien commun à tous les membres de la Fraternité » (Statuts, art. 2). Un de ses disciples, Michel François de Lille, écrit dans le même sens : (lire la suite) « Parce que les prières ou toute œuvre pie, ne peuvent être utiles aux autres par mode de satisfaction, si ce n’est par un acte de volonté de celui qui les fait, chacun de ceux qui récitent le psautier de la Vierge doit diriger son intention, soit par un acte chaque fois répété, soit de manière habituelle, en faveur de tous les confrères », vivants et défunts. Alain de la Roche meurt en 1475. Un autre Dominicain, le frère Jacques Sprenger (+ 1495), prieur du monastère Sainte-Croix de Cologne et maître en théologie, va propager l’œuvre naissante, qui essaime rapidement. Alain de la Roche avait prêché le psautier de la Vierge dans les Flandres, en Hollande et en Bretagne ; Jacques Sprenger le prêche en Allemagne, et obtient que le légat du Saint-Siège donne l'approbation pontificale, le 10 mars 1476, pour la Confrérie de Cologne, alors que, grâce à la récitation du Rosaire, cette ville venait d'obtenir une paix inespérée avec Charles le Téméraire, duc de Bourgogne. Les confréries se créent un peu partout : Augsbourg (1476), Florence (1480), Colmar (1485), Toulouse (1492), Millau (1500),Limoges (1501-1502, où elle s'appelle Confrérie du psautier ou du chapelet de Notre Dame), Barcelonnette (1512), Rodez (1513), Embrun (1516), Marseille (1515, Confrérie du chapelet), etc. Au siècle suivant, à Ambrières (av. 1606), Guémené-sur-Scorff (1612, en la collégiale Notre-Dame-de-la-Fosse), Lanslevillard (1613), Couesmes (av. 1623), Tréguier (1635, en la cathédrale), Le Pas (1637), Jumièges (1639 grâce à Dom Duval), Chantrigné (av. 1649), Saint-Tugen (1649), Plogoff (1691), Labordes (1696), pour ne citer que quelques exemples parmi des centaines. Dès le milieu du XVIIe siècle elles sont essentiellement paroissiales, et non plus dépendantes d'un couvent de Dominicains. Dans le seul diocèse de Clermont on en compte 68 jusqu'en 1600 et 148 de 1600 à 1650 ! À la Révolution, la moitié des paroisses de la Creuse en ont une. Au XVIIe siècle, elles rayonnent en Bretagne à partir du couvent dominicain Notre-Dame de Bonne-Nouvelle, de Rennes.

(à suivre...)

vendredi 6 novembre 2009

L'apport de Darwin à la reflexion chrétienne

L’apport de Darwin à la réflexion chrétienne

Saint-Louis d’Antin - Espace Bernanos
4 Rue du Havre – Paris 9ème

le vendredi 6 novembre 2009 à 18h30

Conférence à deux voix

par Philippe DETERRE
Prêtre de la Mission de France, Directeur de Recherches au CNRS,
Chercheur en biologie cellulaire
Les sciences en travail de recherche
Les sciences en question : la société et les chercheurs
Le darwinisme et son histoire ambivalente
Les ressources insoupçonnées de la Création

François EUVE, sj
Doyen de la Faculté de Théologie du Centre Sèvres (Facultés Jésuites de Paris)
Le quadruple défi darwinien à la théologie chrétienne
Une certaine lecture de l’Écriture qui est en cause : cela oblige à sortir du littéralisme ancien.
La mise en question d’un Dieu qui « expliquerait » la marche du monde : la théorie de l’évolution oblige à renoncer à des « créations spéciales »
L’énigme du mal et de la souffrance : la vie semble procéder d’une lutte à mort
où le fort élimine le faible
La difficile question du sens de l’histoire si le processus évolutif est aléatoire.

Une théologie d’inspiration biblique peut-elle relever ces défis ?

sous la présidence de Monseigneur Philippe VERRIER, Ancien vicaire général à Blois et Scientifique
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Conférence organisée par « Écouter avec l’Église » Association loi 1901
49 Place Allain-Targé – 49400 SAUMUR – treomoric@orange.fr

ENTRéE GRATUITE (Libre participation aux frais)

Le purgatoire (2)

Le purgatoire (2)

N'ayant pas la sainteté de Thérèse de Ahumada ni celle de saint Josémaria, je préférerai quand même abréger au maximum le passage par le purgatoire, n'osant pas envisager ne pas m'y retrouver, bien que la Bonté de Dieu et l'aide de l'Église puissent le me concéder. Du ciel aussi il est possible de venir en aide aux pécheurs. La petite Thérèse, celle de Lisieux, écrivait à un prêtre dont les parent s'étaient décédés : « Je trouve, ma Tante, que dans ces moments de grandes tristesses, on a besoin de regarder au Ciel, au lieu de pleurer, (lire la suite) tous sont sont dans la joie car possède un élu de plus, un nouveau soleil éclaire de ses clartés les Notre Seigneuranges du Ciel, tous sont dans le ravissement de l'extase divine ils s'étonnent que nous puissions appeler mort le commencement de la vie » (« Lettre 60 à Mme Guérin », 23 août 1988, Une course de géant. Lettres (édition intégrale), Paris, 1977, p. 156). C'est une idée très exacte et très intéressante que je fais entièrement mienne. Chacun apporte une touche selon sa sensibilité, sans qu'elles s'excluent : elles se complètent plutôt.
En tout cas, le purgatoire nous situe face à la communion des saints, qui est une réalité consolante et très belle, propre à la grande famille que constituent les baptisés, lesquels intercèdent auprès de Dieu pour leurs semblables. Dire que nous nous « montons le bourrichon » avec de telles idées est faire preuve d'une ignorance crasse de la vie surnaturelle et d'une méconnaissance dramatique de la nature humaine.

(fin)

jeudi 5 novembre 2009

Le purgatoire (1)

Le purgatoire (1)

Le purgatoire est une réalité magnifique, une merveille manifeste de l'Amour et de la Miséricorde de Dieu envers ceux de ses enfants dont l'âme n'est pas totalement purifiée quand il les appelle à comparaître devant lui. Évidemment, ceux qui présument d'être saints et qui font de Dieu un « Dieu poire » en majorant sa miséricorde au détriment de la justice nient l'existence du purgatoire. Ils ont contre eux rien moins que le Catéchisme de l'Église catholique (nos 1030-1032) qui en fonde l'existence sur l'Écriture Sainte, donc sur la Parole de Dieu. Il est redoutable de s'y opposer et de la contredire... (lire la suite)
Le purgatoire permet donc à l'âme d'achever sa purification. Ce n'est certes pas une partie de plaisir. Les théologiens disent que la plus petite des souffrances y est supérieure à toutes les souffrances que nous pouvons endurer ici-bas. Ces souffrances sont tempérées par la certitude d'être admis au terme de cette purification à vivre éternellement dans la compagnie et la contemplation de Dieu.
L'Église, qui est une mère attentionnée, nous a recommandé des pratiques de piété permettant d'éviter d'aller au purgatoire ou de ne faire qu'y passer rapidement : celébration de trente messes, dites « trentain grégorien », port du scapulaire de Notre-Dame du Mont Carmel, indulgence plénière, bénédiction in articulo mortis (à l'heure de la mort) avec indulgence plénière. Je comprends bien le souhait de saint Josémaria, le fondateur de l'Opus Dei, de sauter par-dessus le purgatoire, « à la torera », à la façon du torero qui saute par-dessus la barrière entourant l'arène.
C'est pourquoi je suis resté rêveur quand j'ai lu la réflexion de la « Madre Teresa », sainte Thérèse d'Avila, à ce sujet : « Que m'importe à moi de rester jusqu'à la fin du monde en purgatoire si par ma prière je sauve une seule âme » (sainte Thérèse d'Avila, Chemin de la Perfection, chapitre 3). C'est effectivement très généreux de sa part. Elle s'stimait bien payée de sa peine avec une seule conversion. Je me souviens de saint Josémaria disant lors de grandes réunions de catéchèse qu'il animait un peu partout, qu'il s'estimerait bien payé là aussi si une seule âme avait été poussée à aller se confesser.

(à suivre...)

mercredi 4 novembre 2009

L'expérience de la mort

L'expérience de la mort

Je poussai un long cri de bête prise au piège. L'instant d'après, la haine avait chassé ma douleur. Pourtant, le poing encore tendu vers le ciel en un geste vindicatif et dérisoire, je me sentis soudain comme vidé, lavé, débarassé de ma révolte.
Simplement, en brandissant mon poing, j'avais croisé le regard piteux et humble d'un homme qui endurait la même douleur que la mienne. (lire la suite) Ma souffrance s'était reflétée sur lui comme dans un miroir et il m'avait renvoyé l'image de sa miséricorde.
Aussitôt, ce fut comme si des écailles m'étaient tombées des yeux.
Mémé semblait plus apaisée, tout à coup. Suspendu au-dessus d'elle, cloué par les mains et les pieds sur sa croix de velours mité, l'homme paraissait me dire à présent : « Oui, ça fait mal, je sais, je suis à ta place. » Je me remémorai les paroles de mémé : « Il faut tout mettre au pied de la croix. » Sous l'effet de la douleur, on peut devenir le bon ou le mauvais larron. La croix, c'est la croisée des chemins. C'est là, à ce carrefour, qu'il ne faut pas se tromper de route.

Henri Tisot, Le fils du pâtissier, Paris, Plon, 1985, p. 178-179.

mardi 3 novembre 2009

Prier pour les morts


Prier pour les morts

Un pèlerin du territoire de Rodez, revenant de Jérusalem, est-il dit dans les annales de Cîteaux, fut obligé par la tempête de relâcher dans une île voisine de la Sicile. Il y visita un saint ermite qui s'informa de ce qui touchait à la religion dans son pays de France, et lui demanda en outre s'il connaissait le monastère de Cluny et l'abbé Odilon. Le pèlerin répondit qu'ils les connaissait, et ajouta qu'il lui saurait gré de lui dire quel intérêt le portait à lui poser cette question. (lire la suite)
L'ermite repris : Il y a ici tout près un cratère dont nous apercevons les cimes ; à certaines époques il vomit avec fracas des tourbillons de fumée et de feu. J'ai vu des démons emporter les âmes des pécheurs, et les précipiter dans ce gouffre affreux, afin de les tourmenter pour un temps. Or, il m'arrive, à certains jours, d'entendre les mauvais esprits s'entretenir mutuellement, et se plaindre de ce que quelques-unes de ces âmes leur échappent ; ils murmurent contre les personnes de piété qui par leurs prières et leurs sacrifices hâtent la délivrance de ces âmes. Odilon et ses religieux sont les hommes qui paraissent leur inspirer plus d'effroi. C'est pourquoi, quand vous serez de retour dans votre pays, je vous prie, au nom de Dieu, d'exhorter les moines et l'abbé de Cluny à redoubler leurs prières et leurs aumônes pour le soulagement de ces pauvres âmes.
Le pèlerin à son retour s'acquitta de la commission.
Le saint abbé Odilon considéra et pesa mûrement toutes choses ; il eut recours aux lumières de Dieu et ordonna que dans tous les monastères de son ordre, on fit chaque année, le deuxième jour de novembre, la commémoration de tous les fidèles trépassés. Telle fut l'origine de la fête des morts.

Abbé Charles Arminjon, Fin du monde présent et mystères de la vie futur, Lisieux, 1881, réédité en 1964, p. 148-149.