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lundi 18 août 2014

Pain et Parole (8)

Pain et Parole (8)

Le diable, lui, « est menteur et père du mensonge » (Jean 8, 44) depuis les origines. C’est pourquoi sa parole est une parole de mort et engendre une culture de mort, comme nous le constatons tous les jours, semant partout la haine, la désolation et le désespoir. « Dieu dit : Que la lumière soit, et la lumière fut » (Genèse 1, 3). Notre Seigneur dit : « Ceci est mon corps, donné pour vous. Faites ceci en mémoire de moi » (Luc 22, 19). Jésus s’exclame en un grand cri : Consummatum est, « c’est consommé (Jean 19, 30), et nous sommes sauvés à jamais. Voilà vraiment une Parole qui fait vivre, qui donne le goût de vivre, qui est source d’une joie communicative, qui apporte la paix profonde, (lire la suite) la sérénité, qui ancre l’âme dans la croix rédemptrice : In hoc signum vinces, « c’est par ce signe que tu vaincras » (devise de l’empereur Constantin). S’il ne nous fallait garder qu’un livre par devers nous, choisissons la Bible sans la moindre hésitation. Et si on l’arrachait de nos mains malgré tout, qu’importe : cette Parole révélée est inscrite dans notre cœur, au tréfonds de notre être. Elle retentit en nous jour et nuit et ne cesse de nous répéter : « Tu es mon fils, aujourd’hui je t’ai engendré (Psaume 2, 7), je t’ai engendré par les souffrances de la Croix en vue de ta participation à la vie éternelle. Tiens bon, car « je serai avec vous toujours, jusqu’à la fin du monde » (Matthieu 28, 20). « Bien, serviteur bon et fidèle ; en peu tu as été fidèle, […] entre dans la joie de ton Maître » (Luc 25, 20). (fin)

samedi 16 août 2014

Pain et Parole (7)

Pain et Parole (7)

« Combien disent maintenant : Je voudrais voir sa forme, son visage, ses vêtements, ses chaussures ! Eh bien ! voici que tu le vois, tu le touches, tu le manges. Tu désires voir ses vêtements, mais il se donne à toi, non seulement pour que tu le voies, mais pour que tu le touches et le manges, et que le reçoives en toi ! Donc que personne ne s’approche avec un manque de confiance, personne avec tiédeur – que tous soient enflammés, tous fervents et vigilants » (saint Jean Chrysostome, Homélies sur l’Évangile de saint Matthieu 82, 4). De plus, l’Amour de Dieu envers nous l’a poussé à nous promettre de faire une expérience non pas ponctuelle, unique, de sa proximité réelle d’avec nous, mais à rester en permanence au cœur de notre existence quotidienne, qui peut ainsi devenir prière, se transformer en source de sainteté, être le point de départ de l’évangélisation du monde. (lire la suite) Dans l’Eucharistie, nous rejoignons Jésus-Christ, « vrai Dieu et vrai homme » (Symbole d’Athanase), même si l’humanité est aussi cachée à nos yeux que la divinité (cf. hymne Adoro te). Nous nous rencontrons avec celui qui a dit : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront pas » (Matthieu 24, 35). Elles ne passent pas puisqu’il est le Verbe consubstantiel du Père. Chaque fois que le prêtre prononce, en la personne du Christ, les paroles de la consécration, celles-là mêmes que notre Seigneur a prononcées le soir du Jeudi Saint au Cénacle, le prodige de la transsubstantiation se produit et le Ressuscité du matin de Pâques vient parmi nous et nous dit : « Paix à vous ! » (Jean 20, 19.21). À la messe, il se produit une transformation. Je m’enferme dans la Croix pour accueillir le Christ, pour être un autre Christ, pour le laisser célébrer le saint Sacrifice. Car je suis au Calvaire, non dans une église ou une chapelle. Au Calvaire, où le Fils de Dieu s’offre à son Père pour moi et pour l’humanité tout entière. Je me fonds dans le saint bois de la Croix, pour m’imprégner du Sang rédempteur. « Des fleuves d’eau vive sortiront de Jérusalem » (Ézéchiel 14, 8). Ils jaillissent du Golgotha. Ils surgissent de la messe, de chaque messe, quand bien même le prêtre se retrouverait tout seul. Voilà pourquoi je veux m’en imbiber au contact de mon Dieu. « Rien n’est plus vrai que cette parole de Vérité » (hymne Adoro te). Ces mots de l’hymne eucharistique nous ont servi de point de départ pour ces réflexions sur le Pain et la Parole en lien avec la Vérité. Nous en vérifions le réalisme. Dieu « ne peut ni se tromper ni nous tromper » (Catéchisme de l’Église Catholique, n° 156). (à suivre…)

jeudi 14 août 2014

Pain et Parole (6)

Pain et Parole (6)

Le drame de l’homme contemporain est qu’il oublie que Dieu est présent au milieu de nous, plus vivant que nous ne le sommes nous-mêmes, parce que notre vie vient de lui, source de toute vie, lui qui est la Vie (cf. Jean 14, 6). C’est une vraie calamité pour nous de l’oublier à ce point et de ne pas nous précipiter toujours pour l’adorer. « L’adoration eucharistique nous soumet au rayonnement du corps et du sang du Christ qui reproduit en nous ses vertus, notamment la charité qui préside à l’institution de l’Eucharistie, l’obéissance au Père et le courage de Jésus en sa passion, la chasteté qui purifie et discipline les impulsions du corps et du sang en nous, la bienveillance et le dévouement inculqués par le Saint-Esprit. L’immobilité de l’adoration agit sans heurt (lire la suite) et engendre le mouvement des vertus avec l’efficacité discrète, patiente et sûre, qui caractérise le travail de la grâce. l’adoration contemplative et silencieuse n’est donc pas opposée à l’action vertueuse et expressive. Portant directement sur Dieu, elle ouvre la porte à l’action efficiente de la charité éclairée par la foi et la prudence spirituelle. Elle se tient à la source des vertus comme à leur fin, car elles doivent mener le croyant vers la vision admirative et aimante » (Servais Pinckaers, Plaidoyer pour la vertu, Le Muveran, Parole et Silence, 2007, p. 193). Tel est le cheminement du chrétien qui suit la voix du Bon Pasteur. Celui-ci le conduit vers de bons pâturages (cf. Jean 10, 3), là où se trouve notre Dieu, fort, éternel et tout-puissant. Cette Parole est un puits d’eau vive « jaillissant pour la vie éternelle » (Jean 4, 14). Or, « tel est le pain qui descend du ciel que celui qui en mange ne mourra pas. C’est moi qui suis le pain vivant descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c’est ma chair, pour la vie du monde » (Jean 6, 50-51). On ne saurait être plus explicite. Nous ne pouvons donc comprendre pleinement – à la mesure, certes, de notre comprenette forcément très limitée – comprendre la Parole qu’à partir de l’Eucharistie, dans laquelle il s’est incarné, s’est fait chair de notre chair pour que nous puissions assumer notre condition d’enfants de Dieu, d’être créé à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Genèse 1, 26) et de nous laisser diviniser. C’est dans le Saint-Sacrement que nous venons adorer à l’autel et dans le tabernacle que la Parole de Dieu se fait plus éloquente et nous parle de la façon la plus convaincante qui soit de l’Amour qu’il nous porte à nous, les hommes. « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis » (Jean 15, 13). Et qu’est chaque messe, qu’est la sainte réserve eucharistique, sinon la preuve la plus tangible, la plus palpable de cet Amour ? « Ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé et ce que nous avons touché de nos mains pour ce qui est du Verbe de vie […], nous vous l’annonçons à vous aussi, afin que vous soyez, vous aussi, en communion avec nous » (1 Pierre 1, 1.3). (à suivre…)

mardi 12 août 2014

Pain et Parole (5)

Pain et Parole (5)

Ils passent à table. À ce moment-là, Jésus « prit du pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur présenté. Alors leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent, mais il disparut de devant eux » (Luc 24, 30-31). Leur cœur avait été préparé à reconnaître notre Seigneur par l’écoute de la Parole vivante qui leur avait ravivé le goût de la vie, et tout simplement donné le goût de la Vie présente dans le pain rompu, dans l’Eucharistie. Notre Dieu n’est pas un dieu muet, comme les idoles que les païens se donnaient à eux-mêmes, « qui ont une bouche et ne parlent pas » (Psaume 115, 5). Les muets, Jésus les guérissait et leur redonnait l’usage de la parole (cf. Marc 7, 37). Notre « Dieu a parlé une seule fois » (Ps 61, 12), « parce qu’il a engendré un seul verbe (lire la suite) par qui il a tout fait. Ce Verbe, c’est sa parole. Il y a donc une seule parole de Dieu, parce qu’il y a un seul Verbe de Dieu. Un seul véritablement, parce que seule et d’un seul ; non pas développée en une pluralité d’énoncés, mais totalisée en un seul et simple verbe » (Hugues de Saint-Victor, Six opuscules spirituels, La Parole de Dieu 1). Mais cette Parole est prononcée dans un éternel présent. Elle « est efficace, plus acérée qu’aucune épée à deux tranchants, si pénétrante qu’elle va jusqu’à séparer l’âme et l’esprit, les jointures et les moelles ; elle démêle les sentiments et les pensées du cœur » (Hébreux 4, 12). Il n’existe qu’un Verbe, une seule Parole, mais ô combien efficace ! Jésus dit : « Jeune homme, je te le dis, lève-toi ! Et le mort se redressa sur son séant et se mit à parler » (Luc 7, 14-15). Et à un homme possédé d’un esprit impur, il ordonne : Tais-toi et sors de lui. Et le démon l’ayant jeté par terre au milieu, sortit de lui sans lui avoir fait aucun mal » (Luc 4, 35). Si l’on voulait juguler la Parole de Dieu, « les pierres crieront » (Luc 19, 40). Depuis deux mille ans, bien des puissants et d’autres à leur service, ont voulu la faire taire effectivement : « Nous vous avions expressément défendu d’enseigner en ce nom, et voilà que vous avez rempli Jérusalem de votre enseignement » (Actes 8, 5). Cette Parole est la Vérité, que l’on veuille ou non la reconnaître pour telle. Et la Vérité finit toujours par l’emporter sur l’hypocrisie, par s’imposer au mensonge. Cette Vérité, c’est que Jésus-Christ est le Verbe du Père éternel et qu’il est tout aussi présent et actif enfermé dans cette prison d’amour qu’est le tabernacle que lorsqu’il se laissait approcher par tous les miséreux de la terre (cf. Marc 1, 32) et qu’il disait, dans sa miséricorde, « venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et ployez sous le fardeau, et je vous soulagerai » (Matthieu 11, 28) ; venez, vous tous qui languissez dans des maux les plus variés, et je vous redonnerai de la force. (à suivre…)

dimanche 10 août 2014

Pain et Parole (4)

Pain et Parole (4)

C’est la générosité sans limites de la présence eucharistique, ce torrent de ton amour, Seigneur, qui balaye tout sur son passage, qui nous purifie et nous fortifie, qui donne vie et robustesse. La vie partout. La vie sans cesse renouvelée. La vie offerte gratuitement. La vie jamais mesurée. « Une source sortira de la maison du Seigneur » (Joël 4, 18). Elle est sortie. Elle a jailli. Des mains et du côté transpercés de Jésus en Croix au Calvaire. Une source large, abondante, intarissable. « À celui qui a soif, je donnerai gratuitement de la source de l’eau de la vie » (Apocalypse 21, 6). J’ai soif, Seigneur, j’ai soif de Toi, de ton amour. Et tu as répondu en faisant jaillir cette source de vie éternelle qu’est ta propre Vie, qui est ton Eucharistie, sacrement par excellence de ton Amour. (lire la suite) « La Vérité nous parle, il n’est rien de plus vrai » (hymne Adoro te). L’écoute de la Parole de Dieu prédispose à recevoir notre Seigneur dans le sacrement de l’Eucharistie. Nous le voyons clairement dans l’épisode des disciples d’Emmaüs. Ils sont totalement découragés par la tournure prise par les événements qui viennent d’avoir lieu à Jérusalem lors de la grande fête annuelle de la Pâque, qui s’en est trouvée gâchée, et du renversement dramatique de la situation qui s’est produit : « L’affaire de Jésus de Nazareth, qui était un prophète puissant en œuvres et en parole, devant Dieu et devant tout le peuple, et comment nos grands prêtres et nos chefs l’ont livré pour être condamné à mort et l’ont fait crucifier. Nous autres, nous avions l’espoir qu’il était celui qui délivrerait Israël. En plus de cela, on en est au troisième jour depuis que ces choses sont arrivées » (Luc 24, 18-21). Alors Jésus, qui les a rejoints sur leur route, mais en restant méconnaissable à leurs yeux de chair, se fait pédagogue et, « commençant par Moïse et continuant par tous les prophètes, il leur expliqua ce qui, dans les Écritures, le concernait » (Luc 24, 27). Ce qui, soit dit en passant, nous montre à l’évidence que le contenu de la Parole est beaucoup plus riche que nous pouvons l’imaginer et que des textes bien connus peuvent renfermer une contenu qui nous échappe jusqu’à ce que l’Esprit Saint veuille bien nous le révéler et nous éclairer… Leur cœur se réchauffe devant un panorama qu’ils n’avaient pas découvert jusque-là, malgré leur familiarité avec les textes sacrés. Ils forcent l’inconnu à descendre chez eux : « Reste avec nous, car on arrive au soir et déjà le jour décline » (Luc 24, 29). (à suivre…)

vendredi 8 août 2014

Pain et Parole (3)

Pain et Parole (3)

De sorte que nous arrivons progressivement à l’identification avec Dieu que l’Apôtre avait atteint : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est que le Christ qui vit en moi » (Galates 2, 20). Et que nous puissions dire à notre Seigneur : « Ma nourriture, c’est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé » (Jean 3, 34). « Je pense que l’Évangile est le Corps du Christ ; je pense que les Saintes Écritures sont son enseignement. Et quand il dit : « Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang » (Jean 6, 53), ses paroles se réfèrent au Mystère [eucharistique], toutefois, le Corps et le Sang du Christ sont vraiment la Parole de l’Écriture, c’est l’enseignement de Dieu. (lire la suite) Quand nous nous référons au Mystère et qu’une miette de pain tombe, nous nous sentons perdus. Et quand nous écoutons la Parole de Dieu, c’est la Parole de Dieu et le Corps et le Sang du Christ qui tombent dans nos oreilles » (saint Jérôme, In Psalmum 147). C’est une nourriture qui rassasie sans rassasier, une Parole toujours nouvelle : « Le pain qui refait les forces sans s’épuiser lui-même, le pain qui peut être mangé mais ne peut être consommé » (saint Augustin, Sermon 130, 2). Nous nous rappelons ce cri du cœur de Pierre : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jean 6, 68). T’écouter, te parler, c’est déjà avoir la vie éternelle. « Le grand mal de notre époque est que l’on ne va pas vers Jésus comme vers notre sauveur et notre Dieu. L’amour pour Dieu qui n’est pas centré sur le saint sacrement de l’Eucharistie s’éteindra comme un bûcher qui n’est pas alimenté. Il faut retourner à la source, à Jésus ; non seulement à Jésus venu sur terre et glorifié dans le ciel, mais aussi et surtout à Jésus qui est toujours parmi nous dans l’Eucharistie » (saint Pierre Julien Eymard). Notre monde conspire contre cette écoute de Dieu, car il centre l’homme sur lui-même, il l’enferme dans un monde artificiel et bruyant. Or, l’écoute de Dieu suppose d’instaurer le silence intérieur : « Tu dois te taire : alors le Verbe de cette naissance pourra être prononcé en toi et tu pourras l’entendre ; mais sois bien sûr que si tu veux parler, lui doit se taire. On ne peut mieux servir le Verbe qu’en se taisant et en sortant. Si donc tu sors complètement de toi-même, Dieu entrera tout entier » (Jean Tauler, Sermon 1 pour la fête de Noël). Jésus s’adresse à nous du haut de la Croix, et il nous parle aussi, par conséquent, du tabernacle, dans lequel il s’est établi à demeure. « Ô vous qui avez soif du salut, venez aux eaux » (Isaïe 55, 1). Les eaux qui seules peuvent étancher la soif de notre âme, les eaux qui, comme le Seigneur nous le promet, sont vraiment cause de notre salut éternel. « Tout être qui se meut, partout où entrera l’eau du torrent, vivra […] : car dès que ces eaux y arriveront, les autres deviendront saines, et il y aura de la vie partout où arrivera le torrent » (Ézéchiel 47, 9). (à suivre…)

mercredi 6 août 2014

Pain et Parole (2)

Pain et Parole (2)

« Nous appelons cet aliment eucharistie, et personne ne peut y prendre part s’il ne croit à la vérité de notre doctrine, s’il n’a reçu le bain pour la rémission des péchés et la régénération, et s’il ne vit selon les préceptes du Christ. Car nous ne prenons pas cet aliment comme un pain commun et une boisson commune. De même que par la vertu du Verbe de Dieu, Jésus-Christ notre Sauveur a pris chair et sang pour notre salut, de même aussi l’aliment devenu eucharistique grâce à la prière formée pat les paroles du Christ, cet aliment qui doit nourrir par assimilation notre sang et nos chairs, est la chair et le sang de ce Jésus incarné : telle est notre doctrine » (saint Justin, Apologie 1, 66). Telle est notre conviction la plus profonde, corroborée, (lire la suite) avalisée par notre expérience et celle de nos frères et sœurs dans la foi qui adhèrent pleinement à cette réalité. Hugues de Saint-Victor s’exprime dans le même sens : « Le Verbe de Dieu revêtu de la chair humaine est apparu une seule fois de façon visible, et maintenant, chaque jour, ce même Verbe vient lui-même à nous sous le couvert d’une voix humaine. Différente, certes, est la manière dont il se fait connaître aux hommes, suivant que c’est par sa chair ou par la voix humaine. Et pourtant, d’une certaine façon, la voix du Verbe est à comprendre à présent comme la chair de Dieu l’était alors » (Hugues de Saint-Victor, Six opuscules spirituels, La Parole de Dieu 2). En participant activement au saint Sacrifice de la messe nous écoutons d’abord la Parole de Dieu que nous recevons ensuite sous une forme sacramentelle, de sorte qu’elle pénètre dans tout notre être et le façonne à son gré, « comme l’argile entre les mains du potier » (Jérémie 18, 4). C’est notre unique ambition. Nous nous abreuvons consciemment du Pain et de la Parole pour être à même de ressembler de plus en plus à notre Maître et Seigneur, de ne faire qu’un avec lui, tout comme toi, mon Père, tu es en moi, et moi en toi, pour que, eux aussi, ils soient un en nous, afin que le monde croire que tu m’as envoyé » (Jean 17, 21). Elle alimente donc toute notre existence, cette Parole. Il convient de la faire nôtre et de l’assimiler, de l’avaler en quelque sorte : « Mange ce livre, et va parler à la maison d’Israël. […] Fils d’homme, remplis ton ventre et repais tes entrailles de ce livre que je te donne. Je le mangeais et il fut dans ma bouche doux comme du miel » (Ézéchiel 3, 1.3). Cette Parole que nous entendons et sur laquelle nous nous arrêtons pour la méditer en profondeur, la retourner dans tous les sens et en tirer la « substantifique moelle » (Rabelais, Gargantua), elle nous est redonnée sous forme sacramentelle. Car elle ne fait qu’un avec Jésus-Christ réellement, authentiquement présent dans le très Saint-Sacrement. Elle est Jésus-Christ en Personne. Nous l’écoutons donc et nous la mangeons. Nous la savourons et par l’intelligence et par le cœur. (à suivre…)

lundi 4 août 2014

Pain et Parole (1)

Pain et Parole (1)

« Rien n’est plus vrai que cette Parole de Vérité » (hymne Adoro te). Quelle pauvreté dans notre langage ! Nous n’arrivons pas à exprimer correctement ce que nous ressentons et croyons de ce qui est, en effet, inexprimable en soi. Rien n’est plus vrai que cette parole, car il s’agit de la Parole, de Dieu lui-même. Et cette parole est vraiment de vérité, car elle s’identifie à la Vérité, elle est Dieu, selon ce que le Seigneur a dit : « Je suis la Voie, la Vérité et la Vie » (Jean 14, 6). Seule cette parole est donc vraie, authentiquement vraie. Elle seule mérite l’assentiment inconditionnel de notre intelligence et de notre volonté, l’adhésion de la foi. C’est une parole qui ne trompe pas. Elle projette une lumière d’une extraordinaire intensité sur notre chemin de vie. Car cette Parole est assurément la Lumière qui est venue dans le monde pour annihiler les ténèbres, pour renverser le cours de l’histoire et réorienter l’homme vers les choses d’en haut (cf. Colossiens 3, 1), vers son Créateur et Père. (lire la suite) Il n’est pas de parole plus exacte et plus précise, plus concrète et plus positive, plus utile et bienfaisante. Elle coule en nous comme le miel et le lait dans la Terre Promise (cf. Exode 3, 8), car elle est à elle seule la Jérusalem céleste, la nouvelle Terre de promission. Si le ciel est un « état de bonheur suprême et définitif » (Catéchisme de l’Église Catholique, n° 1024), il nous fond en Dieu, il se confond avec Dieu, qui est Bonheur infini et ineffable, qui rassasie sans rassasier, auquel nous restons suspendus dans un émerveillement qui ne cesse de s’accroître et de se renouveler, qui nous fait voler de ravissement en ravissement, qui nous fait accéder à des sommets de paix et de joie. Cette Parole est vivante, car Jésus-Christ est « le même hier et aujourd’hui, et il sera éternellement » (Hébreux 13, 8). C’est une Parole qui nourrit non seulement notre intelligence en l’éclairant sur les vérités éternelles et fondamentales, mais qui rassasie également la faim de Dieu qu’abrite notre âme. En effet, « moi je suis le pain de vie, déclare Jésus. Celui qui vient à moi n’aura plus jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura plus jamais soif » (Jean 6, 35), car nous avons là « un médicament d’immortalité, antidote de la mort et vie éternelle en Jésus-Christ » (saint Ignace d’Antioche, Lettre aux Éphésiens 20, 2). Nous ne pouvons accéder au banquet eucharistique que si nous avons accueilli au préalable la Parole de Dieu qui nous révèle la vérité profonde de ce mystère sacramentel : la Parole qui nous affirme qu’elle est elle-même réellement et substantiellement enfermée dans les espèces du pain et du vin devenus le Corps et le Sang du Verbe éternel. La foi en cette vérité centrale de notre existence chrétienne doit précéder la réception du Pain des anges. (à suivre…)

samedi 2 août 2014

Le secret du Père (9)

Le secret du Père (9)

Ne pas rendre gloire à Dieu pour tout ce qu’il nous a donné – et il nous a donné magnanimement tout ce que nous possédons : « Qu’as-tu que tu n’aies reçu de Dieu » (1 Corinthiens 4, 7) –, c’est nous approprier indûment ce qui lui appartient en propre, c’est commettre un vol, et un vol sacrilège puisque nous faisons nôtres des biens divins. (lire la suite) Veillons et prions donc ici-bas. Devenons de plus en plus des âmes de prière, conscientes qu’il faut « toujours prier et ne pas se lasser » (Luc 18, 1), sans discontinuer. S’il nous trouve ainsi, en train de prier, quand il viendra nous chercher, le Seigneur ne pourra que prolonger définitivement cette prière, en s’offrant à nous comme l’objet unique de notre contemplation amoureuse où tout est joie et bonheur absolu, que nul ni rien ne peut plus affecter. Seul un surcroît de gloire est envisageable. Une prière qui sera guidée par celle de la très Sainte Vierge, notre Mère si bonne et si sainte, qui a déjà animé et soutenu la prière de la chrétienté primitive, de l’Église naissante, au Cénacle d’abord (cf. Actes 1, 14) et par la suite, de façon si intime, la prière de Jean qui, dès le Samedi Saint, « la prit chez lui » (Jean 19, 27). (fin)