vendredi 31 octobre 2014
mercredi 29 octobre 2014
Judas (1)
Judas (1)
« Ayant jeté les pièces d’argent dans le sanctuaire, il se retira et alla se pendre » (Matthieu 27, 5). Comment Judas en a-t-il pu arriver à une telle vilenie ? Est-il possible que son cœur fût déjà corrompu quand Jésus l’a fait sortir du rang des disciples pour le faire accéder à celui d’apôtre ? Certainement pas. Jésus le connaissait bien, comme il connaît tout de l’intérieur de l’homme, nous étant plus intime à nous que nous-mêmes, ainsi que le notait saint Augustin, à la suite d’une intense expérience intime (cf. saint Augustin, Confessions). Mais en même temps, en le choisissant pour faire partie des Douze ; notre Seigneur faisait un pari sur sa liberté et sa capacité d’être fidèle parce que lui, Jésus, l’aiderait en ce sens d’un bout à l’autre de sa vocation. Qu’est-ce qui a donc tourné la tête de Judas au point de brûler ses amours d’antan ? (lire la suite) Saint Jean-Paul II laisse entendre que c’est l’amour de l’argent : cette avarice a dû se conjuguer avec une soif de pouvoir qu’il entrevoyait à sa façon dans la restauration attendue du royaume d’Israël et le rôle que les Douze apôtres du Seigneur seraient amenés à y jouer, tout gens du commun qu’ils fussent. Ce qui était donc aussi une manifestation d’orgueil démesuré. Il interprétait sans doute mal la promesse de Jésus aux termes de laquelle les Douze siègeraient un jour sur douze trônes pour juger les douze tribus d’Israël (Matthieu 19, 28). Il semble d’ailleurs qu’il interprète rapidement de travers, avec une vision très humaine, tout ce que Jésus disait, le prenant au premier degré et ne sachant pas s’élever à un certain niveau d’abstraction ni aux conséquences morales à en tirer. « Tout mon malheur est qu’à aucun moment je n’ai pu perdre mes facultés de contrôle et de critique. Je suis comme ça. Les gens de Carioth sont comme ça. Une espèce de gros bon sens. Quand j’entends dire qu’il faut tendre la joue gauche et payer aussi cher pour une heure de travail que pour dix, et haïr son père et sa mère, et laisser les morts ensevelir les morts, et maudire son figuier parce qu’il ne produit pas des abricots au mois de mars, et ne pas lever un cil sur une jolie femme, et ce défi continuel au sens commun, à la nature et à l’équité, évidemment je fais la part de l’éloquence et de l’exagération, mais je n’aime pas ça, je suis froissé. Il y a en moi un appétit de logique, ou, si vous aimez mieux, une espèce de sentiment moyen, qui n’est pas satisfait. Un instinct de la mesure. Nous sommes tous comme ça dans la cité de Carioth. En trois ans je n’ai pas entendu l’ombre d’une discussion raisonnable (P. Claudel, « Mort de Judas », Figures et Paraboles). (à suivre…)Publié par Dominique à 03:26 0 commentaires
Catégories : christianisme, Claudel, Jean-Paul II, Judas, religion, saint Augustin, spiritualité
dimanche 19 octobre 2014
Paul VI béatification
Alors que le pape François procède aujourd'hui à la béatification de son prédécesseur, le pape Paul VI (1963-1978), je vous indique que les encycliques de Paul VI ont fait récemment l'objet d'une première édition intégrale en français, en format numérique, que vous pouvez vous procurer pour 2 euros aux Editions Blanche de Peuterey. Bonne lecture.
Publié par Dominique à 00:00 0 commentaires
Catégories : encycliques, magistère, pape François, Paul VI
jeudi 16 octobre 2014
Fidèles et laïcs dans l'Eglise
Fidèles et laïcs dans l'Eglise
Alvaro Del Portillo, Fidèles et laïcs dans l’Eglise. Fondements de leurs statuts juridiques respectifs, Montréal, Wilson & Lafleur, coll. Gratianus, 2e éd. française, traduction de l’original et des mises à jour par D. Le TourneauDistributeur en Europe : editions@lelaurier.fr
A l'occasion de la béatification d'Alvaro del Portillo, le 27 septembre dernier, en l'année du centenaire de sa naissance, je rappelle cet ouvrage très important pour bien comprendre, entre autres, la place des laïcs dans l'Église. L’origine de cet ouvrage est un long votum, ou rapport, présenté par l’auteur au groupe de consulteurs de la commission pontificale pour la révision du code de droit canonique, chargé d’examiner le projet de texte des canons sur les droits et les devoirs des fidèles laïcs dans l’Église. (lire la suite) Alvaro del Portillo abordait avec décision une problématique qui a été très présente dans les travaux du concile Vatican II: l’identité théologique et canonique de deux concepts, celui de fidèle et celui de laïc, d’ordinaire utilisés indifféremment dans le langage ecclésiastique, mais ontologiquement différents. Ce votum a exercé une influence déterminante sur la préparation du projet de la nouvelle législation ecclésiastique.
Del Portillo se demandait : « Existe-t-il une vocation et une condition juridique spécifiques au laïc venant s’ajouter à sa vocation et à sa condition juridique générale de fidèle, de baptisé ? » Il donnait une réponse résolument positive. La vocation du laïc est certainement la vocation du fidèle du Christ, du christifidelis, avec l’appel baptismal à la sainteté et à l’apostolat, mais vécue au beau milieu des structures et des circonstances ordinaires de la vie séculière.
[…] Del Portillo tint particulièrement compte de l’ecclésiologie de Vatican II, notamment de la constitution Lumen gentium, qui voyait dans la « sécularité […] une composante théologique spécifique de l’identité du laïc chrétien : « La nature séculière est un domaine propre aux laïcs et qui les caractérise. […] De par leur vocation propre, il revient aux laïcs de chercher le royaume de Dieu en administrant les choses temporelles et en les ordonnant selon Dieu » (n° 31/b). L’auteur affirmait certainement que les laïcs chrétiens en pleine communion ecclésiastique possédaient tous les droits et les devoirs qui leur revenaient en tant que « fidèles », mais il ajoutait qu’il était nécessaire de formuler aussi et séparément certains droits et devoirs spécifiques qui leur revenaient en tant que « fidèles laïcs ». Il n’est donc pas étonnant que ce long et riche votum ait exercé une influence sur la formulation définitive des canons sur les fidèles et sur les laïcs, aussi bien dans le Code de droit canonique promulgué en 1983, qu’indirectement sur le Code des canons des Églises orientales promulguée en 1990.
Extrait de la préface du card. J. Herranz, président émérite du Conseil pontifical des textes législatifs
Publié par Dominique à 00:00 0 commentaires
Catégories : Alvaro del Portillo, concile Vatican II, droit canonique, fidèles, laïcs, livre