samedi 12 octobre 2013

Arrêt sur christianisme (78)

Arrêt sur christianisme (78)

Prétendre que le monothéisme haïsse l’intelligence suggère une ignorance surprenant des œuvres de génie produites à travers les siècles par les croyants juifs, chrétiens et musulmans. Étienne Gilson relève même une innovation du christianisme à cet égard, qui va au-delà des réalisations individuelles peut-être indépendantes de la foi de leur sauteurs : « C’est seulement dans la théologie spéculative judéo-chrétienne que se produisit enfin la rencontre et qu’une alliance durable fut scellée entre l’être de la philosophie et le dieu de la religion. Les choses se firent d’ailleurs avec une remarquable lenteur, mais un événement important rendait la chose finalement inévitable. On en trouve la description chez Lactance, homme sans génie philosophique mais observateur d’une remarquable perspicacité. Il annonçait simplement, comme un événement dont les suites devaient être considérables, la jonction de la fonction sacerdotale et de la fonction philosophique. Jusqu’à l’avènement du christianisme, jamais prêtre d’aucune religion n’avait été ce qu’on nomme aujourd’hui un philosophe, jamais un philosophe de quelque renom n’avait été un prêtre, or Lactance voyait au contraire s’ouvrir avec le christianisme une ère nouvelle dans laquelle les prêtres seraient aussi les philosophes et inversement » (Constantes philosophiques de l’être, Paris, Vrin, 1983, p. 10). Fr. Ch. Morerod, O. P., « Quelques athées contemporains (Comte-Sponville, Dawkins, Le Poidevin, Onfrray) à la lumière de S. Thomas d’Aquin », Nova et Vetera 77 (2007), p. 159-160.

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