textes sur la foi et la spiritualité catholiques, ainsi que sur des sujets d'actualité
vendredi 30 janvier 2015
mercredi 28 janvier 2015
Le jeune homme riche (4)
Le jeune homme riche (4)
Ce que notre Seigneur demande au jeune homme n’est rien d’autre que ce qu’il réclame de tous ceux qui entendent s’attacher définitivement à lui et être heureux définitivement. « Celui qui veut me suivre, qu’il se renie lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive » (Luc 9, 23). Jésus ne lui demande donc rien de si extraordinaire ni d’exceptionnel. Mais ce notable aspire au bonheur éternel sans devoir pour autant se mettre à la suite du Christ. Au fond de lui, il souhaite faire mieux, certes, mais en ne changeant pas de condition, en ne se transformant pas radicalement. (lire la suite) L’Évangile des Nazaréens apporte une suite au récit, lui imprimant un sens plus profond. « Mais le riche commença à se gratter la tête et la chose ne lui allait pas. Et le Seigneur dit : ‘Comment peux-tu dire : j’ai accompli la loi et les prophètes ? Alors qu’il est écrit dans la loi : tu aimeras ton prochain comme toi-même ! Et voici qu’un grand nombre de tes frères, enfants d’Abraham, se couvrent de haillons sordides et meurent de faim alors que ta maison regorge de biens, et qu’il n’en sort absolument rien pour eux !’ » (J. Jeremias, Les paroles inconnues de Jésus). Ce texte nous permet d’aller au fond de la personnalité du jeune homme, de découvrir la réalité de ses sentiments, différents de ce qu’ils semblaient être à première vue. C’est toute l’importance de la rectitude d’intention, qui est déterminante pour la qualification morale d’un acte. La rectitude d’intention conduit à faire les choses comme le Seigneur les ferait, ou encore comme nous voudrions les faire, si nous nous trouvions à l’heure de notre mort. Le notable en question veut sans vouloir vraiment. Il est apparemment disposé à un progrès réel, mais il pose toutefois implicitement comme condition de ne pas avoir à chambouler sa vie bien réglée, qui baigne dans la facilité, une vie, nous le voyons, repliée sur lui-même, et qui le rend indifférent aux besoins pressants des habitants nécessiteux de son village. La foi lui a manqué. En lui disant : « Va, vends tout ce que tu as, donnes-en le produit aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel ; puis, viens et suis-moi » (Marc 10, 21) Jésus lui propose ce qu’il y a de mieux pour lui, puisque cela répond à ce mieux qu’il recherche. Un grand amour exige un don total de soi, avec les risques que cela comporte. Mais il faut se laisser guider par Dieu. La foi est nécessaire pour répondre aux appels de Dieu. La foi permet d’aller dans le sens de la générosité et de surmonter les difficultés ou d’être capable de fournir les efforts requis, ici le détachement des richesses. « Celui qui possède Dieu ne manque de rien. Dieu seul suffit ! » dit la sainte d’Avila. En suis-je bien convaincu ? Avec Dieu, je possède tous les biens qui en valent la peine, parce qu’il est le Bien suprême, celui que je suis censé rechercher de toutes mes forces, comme la fin ultime de toute ma vie. (à suivre…)lundi 26 janvier 2015
Le jeune homme riche (3)
Le jeune homme riche (3)
Le jeune homme est animé d'une soif – suscitée en lui par Dieu – d'un idéal de perfection : il désire la vie éternelle. Il est comme conscient qu'accomplir les commandements est insuffisant, qu'il doit être possible de faire mieux. Qu’attend-il au juste ? Que Jésus lui dise de monter au Temple tous les mois au lieu de ne s’y rendre que pour les trois principales fêtes de l’année ? Il n’en a pas la moindre idée. En tout cas c'est lui qui met la barre très haut, puisqu'il veut dépasser les commandements. Il devrait donc logiquement être prêt à tout. Jésus met d'entrée de jeu le doigt sur la plaie, lui parle de ce dont il doit le plus se purifier s'il veut vraiment avoir la vie éternelle, comme il le prétend, c'est-à-dire le détachement des biens de ce monde. « Une chose te fait défaut : va, vends tout ce que tu as, donnes-en le produit aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel ; puis, viens et suis-moi » (Marc 10, 21). Jésus ne l'invite pas seulement (lire la suite) au détachement, mais surtout à le suivre. Quant à nous, nous ne pouvons le suivre que si nous sommes également d'abord détachés des biens matériels. Ce jeune homme devait être célibataire, autrement Jésus ne lui aurait pas dit « vends tout ce que tu as ». Arrivé à ce point, c'est l'échec de son espoir. C'est un notable, il a de grands biens, il est jeune et a la vie devant lui, une vie facile qui fait de lui le centre de la vie locale, quelqu'un qui est admiré, adulé. Il ne se rend pas compte que sa situation, telle qu'il l'admet et s'y complaît, est un obstacle à la plénitude de la sainteté. Sans même se donner un délai de réflexion, il est tellement pris par sa vie facile, qu’il « s'en alla tout affligé, car il avait beaucoup de biens » (v. 22). Or, c’est maintenant qu’il doit suivre le Maître. Pas plus tard, après. Parce qu’un moment vient où il ne peut plus y avoir d’après, où il est trop tard pour se ressaisir. Les chances de rectifier diminuent comme une peau de chagrin au fil des années. Le Seigneur propose un chemin : le choisir a des conséquences incalculables, puisqu’il débouche sur la vie éternelle. « Veux-tu te demander — avec moi qui fais aussi mon examen — si tu maintiens immuable et ferme ton choix de Vie ? Si, en entendant la voix très aimable de Dieu, qui t’incite à la sainteté, tu réponds librement « oui » ? Tournons de nouveau notre regard vers notre Jésus, alors qu’il parlait aux foules dans les villes et les campagnes de Palestine. Il ne cherche pas à s’imposer. Si tu veux être parfait… (Matthieu 19, 21), dit-il au jeune homme riche. Ce dernier repousse la proposition et l’Évangile nous dit qu’il se retira tout triste — abiit tristis (Matthieu 19, 22). C’est pourquoi, j’ai parfois qualifié de « pauvre attristé » ce jeune homme riche qui a perdu la joie pour avoir refusé de donner sa liberté » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 24). Quel échec ! (à suivre…)samedi 24 janvier 2015
Le jeune homme riche (2)
Le jeune homme riche (2)
Il convient donc de formuler souvent cette question, « Seigneur, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle en partage ? » dans notre prière, en toute sincérité, parce que ce n'est qu'en demandant et en insistant que le Seigneur se fait connaître et nous fait connaître ce qu'il attend de nous. Celui qui ne demande pas reçoit peu. Nous avons été créés par Dieu, à son image et à sa ressemblance, pour cela : pour aller au ciel vivre en sa présence éternellement. En nous créant, Dieu a fait de nous ses enfants : il a comme imprimé dans notre nature la filiation divine. C’est une grande réalité, qui commande ou devrait commander toute notre vie. Je ne peux pas agir seulement en tant qu’homme, mais en tant que fils de Dieu. Es-tu fier d’être enfant de Dieu ? Reconnaissant d’être enfant de Dieu ? Désireux de vivre en enfant de Dieu ? (lire la suite) Cette filiation divine est un roc sur lequel appuyer toute notre vie, l’ensemble de nos actions, aussi bien notre travail que notre apostolat, notre vie de famille que nos loisirs, et même pour rectifier nos erreurs et revenir promptement à Dieu notre Père. Le jeune homme qui se présente devant notre Seigneur est instruit, cultivé. Il croit en l’éternité. Il connaît les Écritures. Il veut connaître la voie pour gagner la vie éternelle. La foi en est la porte d’accès. Il n’en est pas d’autre, mais elle est la sortie vers l’infini de Dieu. Comme en d’autres circonstances, Jésus va solliciter la foi de son interlocuteur. Jésus lui dit : « Pourquoi m'interroger sur ce qui est bon ? Il n'y en a qu'un à être bon. Mais si tu veux entrer dans la Vie, observe les commandements » (v. 17-18). Serva mandata, tous les commandements de Dieu et pas seulement les Dix commandements. Tous, c’est-à-dire tout ce que Dieu demande à chacun de nous en fonction de ses conditions personnelles, de l’évolution de sa vie. « Lesquels ? » dit-il (v. 18). Jésus lui dit : « Tu ne tueras pas, tu ne commettras pas d'adultère, tu ne voleras pas ; tu ne porteras pas de faux témoignage ; honore ton père et ta mère, et tu aimeras ton prochain comme toi-même » (v. 18-19). Cette énumération des commandements ne satisfait pas le jeune homme, car, peut-il répondre en toute sincérité, « tout cela je l'ai observé. Que me manque-t-il encore » (v. 20) ? Il se rend compte qu'il lui manque quelque chose d'autre que les commandements. C'est pourtant déjà pas mal. Ce serait formidable si nous pouvions en dire autant, si nous étions en mesure de faire cette même réponse. Et si ce n'est pas depuis notre enfance, du moins depuis un certain temps. (à suivre…)jeudi 22 janvier 2015
Le jeune homme riche (1)
Le jeune homme riche (1)
Un jour, comme il se mettait en route, quelqu'un accourut (Marc 10, 17). Il n’est pas nommé. C’est en quelque sorte tout homme qui s’adresse à notre Seigneur pour savoir ce qu’il doit faire. Il s’interroge sur son identité, sur ce que Dieu attend de lui pour conformer son existence à cette attente de son Créateur et Père. Ce que nous savons par les trois évangiles synoptiques, c'est que Jésus venait tout juste de bénir de petits enfants. « Après les avoir serrés dans ses bras, il les bénissait en leur imposant les mains » (Marc 10, 16). Voici que quelqu'un accourt, quelqu'un qui n'a pas réussi à s'approcher du Seigneur jusque-là ou qui avait été retenu par ses affaires. Il s'agit d'« un notable », selon saint Luc (18, 18), encore jeune et sémillant (cf. Matthieu 19, 22). Le fait est qu'il se dépêche, se frayant un passage au milieu de la foule. (lire la suite) Il se hâte parce qu'il ne voudrait surtout pas le manquer. Il a une question importante à lui poser, une question essentielle pour lui. « Fléchissant le genou devant lui, il lui demanda » (Marc 10, 17). Voilà une attitude essentielle pour un baptisé : s’agenouiller devant Dieu, se mettre en présence de Dieu, adorer notre Dieu Tout-Puissant, de qui nous viennent toutes sortes de biens. La vie chrétienne, dès ici-bas, est conçue comme une liturgie, une adoration ininterrompue : « Ils sont devant le trône de Dieu et le servent jour et nuit dans son temple » (Apocalypse 7, 15). Il convient de se prosterner devant Dieu et de faire le silence intérieur pour écouter ce qu’il a à nous dire, pour entendre, c’est-à-dire comprendre et mettre à exécution, les réponses qu’il apporte à nos questionnements. « Maître » ou « Bon Maître », selon les récits qui nous sont parvenus, « que dois-je faire de bien pour acquérir la vie éternelle » (v. 16) ? C'est une question excellente, qui traduit un désir de vivre avec Dieu, une soif d'absolu. Il s'agit effectivement d'une question essentielle. Notons que cet homme ne dit pas « que dois-je faire ? » mais : « Que dois-je faire de bien pour acquérir la vie éternelle » (v. 16) ? Car il veut viser la vie éternelle à coup sûr, il veut progresser dans sa vie spirituelle et la participation au culte rendu au Béni le jour du sabbat à la synagogue ne lui suffit manifestement pas. C'est déjà un exemple pour nous, qui avons peut-être du mal à participer à la messe dominicale. Elle ne nous suffit pas pour répondre à notre désir de sainteté. C'est pourquoi nous nous plaçons devant le Seigneur et lui posons la même question que le jeune homme riche : « Seigneur, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle en partage ? » Autrement dit, qu'attends-tu de moi, que veux-tu que je fasse, comment dois-je me comporter pour te plaire et pour être agréable à notre Père ? Montre-le-moi, fais-le-moi voir par votre Esprit commun. Et rends-moi docile à ses inspirations. Cette dernière demande est, en effet, essentielle, car, sans la docilité, l'intervention de l'Esprit Saint ne pourrait déboucher sur rien de concret. (à suivre…)dimanche 18 janvier 2015
Mariage et famille
Tout attentat au mariage et à la famille est une profanation de la Justice, une trahison envers le peuple et la liberté, une insulte à la Révolution.
Proudhon, cité par M. Winock, Les voix de la liberté. Les écrivains engagés au XIXe siècle, Paris, Seuil, 2011, p. 432.