textes sur la foi et la spiritualité catholiques, ainsi que sur des sujets d'actualité
mardi 31 juillet 2012
vendredi 27 juillet 2012
Marie-Madeleine (6)
Marie-Madeleine (6)
« Jésus lui dit : « Ne me touche pas, car je ne suis pas encore remonté vers le Père ; mais va-t-en vers mes frères et dis-leur que je vais remonter vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu » (Jean 20, 17). C’est vraiment surprenant, quand l’on sait le peu de prix que les Juifs attachaient au témoignage d’une femme. C’est un peu l’envoyer au casse-pipe. Une sorte de mission impossible. Comme dans le cas de Jérémie, quand Dieu s’adresse à lui et l’envoie auprès du peuple : « Tu leur diras tout cela, ils ne t’écouteront pas ; tu les appelleras, ils ne te répondront pas » (Jérémie 7, 27). Une femme envoyée porter la bonne nouvelle à des hommes ! « Marie-Madeleine s’en fut annoncer à ses disciples : « J’ai vu le Seigneur. Et voici ce qu’il m’a dit » (Jean 20, 18). Jean se borne à cet énoncé lapidaire, mais nous savons par saint Luc que ce qui devait arriver arriva : « Ses paroles leur parurent pure divagation, et ils ne la crurent pas » (Luc 24, 11). (lire la suite) Le Seigneur se montrera aussi plus tard à ses disciples, conformément à la promesse formulée le Jeudi Saint : « Vous, vous me verrez, parce que moi, je suis vivant et que vous vivrez, vous aussi » (Jean 14, 19). La foi renaît plus vive et plus forte que jamais, désormais invincible, car fondée sur une expérience décisive : « La mort et la vie s’affrontèrent / en un duel prodigieux. / Le Maître de la vie mourut ; vivant, il règne ». Les signes de la résurrection attestent la victoire de la vie sur la mort, de l’amour sur la haine, de la miséricorde sur la vengeance : « Le sépulcre du Christ vivant, / la gloire du Christ ressuscité, / et les anges ses témoins, / le suaire et ses vêtements » ((Benoît XVI, Message pour le jour de Pâques, 8 avril 2012). Rendons grâce au Seigneur pour la fidélité des saintes femmes qui l’ont accompagné. Il est probable que Jésus les a appelées une par une, comme ses apôtres. Autrement, l’on ne s’expliquerait pas que des femmes le suivent : ce n’était pas dans les mœurs du temps. Remercions-leur de leur amour de Jésus-Christ et demandons-leur de nous aider à l’aimer dans l’épreuve, quand l’horizon semble bouché, à aller toujours vers le Seigneur, à revenir au tabernacle où il nous attend, et qui est le sépulcre permanent de sa présence parmi nous. (fin)jeudi 26 juillet 2012
Marie-Madeleine (5)
Marie-Madeleine (5)
Quel bel exemple de prière nous donne Marie-Madeleine, et quelle assurance d’être exaucés au-delà de nos attentes nous apporte le Seigneur ! « Il faut mesurer avec quelle force l’amour avait embrasé l’âme de cette femme qui ne s’éloignait pas du tombeau du Seigneur, même lorsque les disciples l’avait quitté. Elle recherchait celui qu’elle ne trouvait pas, elle pleurait en le cherchant, et, embrasée par le feu de son amour, elle brûlait du désir de celui qu’elle croyait enlevé. C’est pour cela qu’elle a été la seule à le voir, elle qui était restée pour le chercher, car l’efficacité d’une œuvre bonne tient à la persévérance, et la Vérité dit cette parole : Celui qui aura persévéré jusqu’à la fin, celui-là sera sauvé » (saint Grégoire le Grand, Homiliæ in Evangelia 25, 2). (lire la suite) Le comportement tout entier de Marie-Madeleine était une prière. Pierre et Jean se sont contentés d’observer, bien que Jean « vit et il crut » (Jean 20, 8). Prient-ils ? Marie-Madeleine est restée à côté du tombeau, voulant accompagner celui qui n’était plus là et qui était cependant beaucoup plus présent qu’elle ne pouvait l’imaginer. Elle l’apprendra peu à peu : Dieu est présent dans l’âme en état de grâce. Car voici quelle « est la première parmi toutes les choses belles et honnêtes : toujours posséder Dieu » (saint Grégoire de Nazianze, Epistulæ 212). Notre Seigneur est en nous à demeure. Notre âme deviendra le temple du Saint-Esprit (cf. 1 Corinthiens 6, 19), quand elle recevra l’effusion de la Pentecôte. Elle sentira que ce Jésus qu’elle aime tant ne la quittera plus et qu’il l’aime, lui, infiniment plus qu’elle ne peut l’aimer. L’exemple de Marie-Madeleine qui persévère dans sa fidélité au Seigneur en des moments particulièrement difficiles nous apprend que celui qui cherche Jésus-Christ avec sincérité et constance finit par le trouver, car notre Dieu n’est pas un Dieu lointain. Et, malgré nos infidélités, Jésus nous appelle « frères » et « amis ». (à suivre…)mercredi 25 juillet 2012
Marie-Madeleine (4)
Marie-Madeleine (4)
« Elle a donc commencé par chercher, et elle n’a rien trouvé ; elle a persévéré dans sa recherche, et c’est pourquoi elle devait trouver ; ce qui s’est produit, c’est que ses désirs ont grandi à cause de son attente, et en grandissant ils ont pu saisir ce qu’ils avaient trouvé. Car l’attente fait grandir les saints désirs. Si l’attente les fait tomber, ce ne sont pas de vrais désirs » (saint Grégoire le Grand, Homiliæ in Evangelia 25, 4). Nous disposons là d’un enseignement précieux pour notre vie de tous les jours : la persévérance dans la prière et dans l’effort est essentielle pour rencontrer vraiment le Christ. Sans la croix, cette rencontre ne saurait se produire, car le Christ est sur la Croix, « et pour monter sur la Croix il faut avoir le cœur libre, détaché des choses de la terre » (saint Josémaria, Chemin de Croix, dixième station). Les désirs de Dieu qui ne savent pas attendre et patienter sont certainement humains (lire la suite) et n’ont guère de valeur. Il faut insister. « C’est d’un tel amour qu’ont brûlé tous ceux qui ont pu atteindre la vérité. Aussi David dit-il : Mon âme a soif du Dieu vivant : Quand pourrai-je parvenir devant la face de Dieu ? Aussi l’Église dit-elle encore dans le Cantique des cantiques : Je suis blessée d’amour. Et plus loin : Mon âme a défailli. Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? On lui demande le motif de sa douleur, afin que son désir s’accroisse, et qu’en nommant celui qu’elle cherchait, elle rende plus ardent son amour pour lui » (saint Grégoire le Grand, Homiliæ in Evangelia 25, 4). C’est bien ce qui s’est passé. En même temps que son impatience grandissait, son désir de retrouver Jésus s’amplifiait. Or, la réponse à son amour ne va pas être de trouver le corps mort du Seigneur, comme elle le souhaite, mais de le rencontrer vivant, car Jésus est r essuscité ! Il est vivant ! Marie aurait pu s’évanouir en s’entendant appeler par son prénom. La voix qu’elle entend, elle la reconnaîtrait entre mille : « Myriam ! » C’est la tonalité si affectueuse du Seigneur, avec sa sonorité et ca chaleur typiques. « Tout chrétien revit l’expérience de Marie de Magdala. C’est une rencontre qui change la vie : la rencontre avec un Homme unique, qui nous fait expérimenter toute la bonté et la vérité de Dieu, qui nous libère du mal, non pas d’une manière superficielle, momentanée, mais il nous en libère radicalement, nous guérit de tout et nous restitue notre dignité. Voilà pourquoi Madeleine appelle Jésus « mon espérance » : car c’est Lui qui l’a fait renaître, lui a donné un nouvel avenir, une existence bonne, libérée du mal. « Le Christ, mon espérance » signifie que tout mon désir de bien trouve en Lui une possibilité réelle : avec Lui, je peux espérer que ma vie sera bonne, et qu’elle sera pleine, éternelle, car c’est Dieu-même qui s’est fait proche jusqu’à entrer dans notre humanité » (Benoît XVI, Message pour le jour de Pâques, 8 avril 2012). (à suivre…)mardi 24 juillet 2012
Marie-Madeleine (3)
Marie-Madeleine (3)
La présence de ces personnages mystérieux près de la tombe du Seigneur n’est pas faite pour rassurer Marie-Madeleine. Devant le surnaturel, c’est un sentiment de crainte qui s’impose d’abord. Mais ceux-ci « lui dirent : Femme, pourquoi pleures-tu ? » (Jean 20, 13). Elle répond brièvement, sans trop se demander qui sont ces personnages et ce qu’ils font dans le sépulcre vide : « Parce qu’on a enlevé mon Seigneur, leur dit-elle, et que je ne sais pas où on l’a mis » (Jean 20, 13). Mue alors par on ne sait quel ressort intérieur, elle se retourne instinctivement : « Ce disant, elle se retourna et vit Jésus qui était là debout, mais elle ne savait pas que ce fût Jésus » (Jean 20, 14). Elle doit se dire que, décidément, il y a soudain beaucoup de monde sur place, à une heure bien matinale. « Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? » (Jean 20, 15). Marie-Madeleine ne sait toujours pas à qui elle a affaire. Elle répond toutefois, sans beaucoup de logique : « Pensant que c’était le jardinier, [elle] lui dit : Seigneur, si c’est toi (lire la suite) qui l’a emporté, dis-moi où tu l’as mis, pour que j’aille le reprendre » (Jean 20, 15). Elle ne répond pas exactement à la question et semble continuer la réponse donnée précédemment aux anges. Il est curieux qu’elle traite le jardinier de « seigneur ». Et sa demande n’est guère raisonnable. Car, si le jardinier en question a enlevé le corps de Jésus, il y a peu de chance qu’il veuille dire ce qu’il en a fait, et mois encore qu’il accède à le restituer. Mais c’est l’amour qui pousse Marie-Madeleine et l’amour peut pousser à un certain illogisme, à une sainte folie, comme le prouve la Croix du Christ (cf. 1 Corinthiens 1, 18)… « Jesus lui dit : Myriam ! » (Jean 20, 16). « Après qu’il l’eut appelée par le mot banal de « femme », sans être reconnu, il l’appelle par son nom. C’est comme s’il lui disait clairement : « Reconnais celui par qui tu es reconnue. Je ne te connais pas en général, comme les autres, je te connais d’une façon particulière » (saint Grégoire le Grand, Homiliæ in Evangelia 25, 5), ce qu’il pourrait nous dire aussi à chacun d’entre nous, à qui il a octroyé la grâce du baptême et qu’il a appelé à le suivre et à être son témoin dans le monde. « Elle, se retournant, lui dit en hébreu : « Rabbouni ! » - ce qui veut dire Maître » (Jean 20, 16). « Appelée par son nom, Marie reconnaît donc son créateur et elle l’appelle aussitôt Rabbouni, c’est-à-dire maître, parce que celui qu’elle cherchait intérieurement était celui-là même qui lui enseignait intérieurement à le chercher » (saint Grégoire le Grand, Homiliæ in Evangelia 25, 5). Et c’est toujours sous l’action du Saint-Esprit dans notre âme que nous recherchons nous aussi le Seigneur. Car, sans lui, nous en serions bien incapables (cf. Jean 15, 5) et nous nous laisserions entièrement accaparer par les soucis de ce monde. (à suivre…)lundi 23 juillet 2012
Marie-Madeleine (2)
Marie-Madeleine (2)
« Comme les autres disciples, Marie de Magdala a dû voir Jésus rejeté par les chefs du peuple, arrêté, flagellé, condamné à mort et crucifié. Voir la Bonté en personne soumise à la méchanceté humaine, la Vérité raillée par le mensonge, la Miséricorde insultée par la vengeance, a dû être insupportable. Avec la mort de Jésus, l’espérance de ceux qui avaient mis leur confiance en Lui semblait perdue. Mais cette foi ne s’est jamais évanouie totalement : surtout dans le cœur de la Vierge Marie, la Mère de Jésus, la petite flamme est restée allumée d’une manière vive, même dans l’obscurité de la nuit. Dans ce monde, l’espérance ne peut pas ne pas tenir compte de la dureté du mal. Ce n’est pas seulement le mur de la mort qui lui fait obstacle, mais plus encore, ce sont les pointes acérées de la jalousie et de l’orgueil, du mensonge et de la violence. (lire la suite) Jésus est passé par cet enlacement mortel, pour nous ouvrir le passage vers le Royaume de la vie. Il y eut un moment où Jésus apparaissait vaincu : les ténèbres avaient couvert la terre, le silence de Dieu était total et l’espérance, une parole qui semblait désormais vaine » (Benoît XVI, Message pour le jour de Pâques, 8 avril 2012). Et maintenant, de surcroît, toute trace de Jésus a été effacée. Son corps n’est plus dans la tombe. Marie-Madeleine est une des nombreuses femmes qui « avaient suivi Jésus depuis la Galilée pour le servir » (Matthieu 27, 55) et qui ont assisté le Seigneur « de leurs biens » dans ses déplacements apostoliques (Luc 8, 1-3). Avec la Sainte Vierge, elle l’a suivi courageusement jusqu’à la Croix (Jean 19, 25) et elle a vu l’endroit où son corps a été déposé (Luc 23, 55). Maintenant, une fois écoulé le temps du sabbat et du repos prescrit, elle est venue au sépulcre, mue par son amour de Jésus. « Tout en pleurant, elle se pencha dans le tombeau » (Jean 20, 11). Assise, ne sachant que faire, elle pleure à chaudes larmes. Elle ne peut pas se rendre à l’évidence du tombeau vide. Les apôtres sont repartis. Mais elle reste. Elle attend. Elle-même ne sait pas quoi. Elle se penche dans le tombeau et alors « elle vit deux anges vêtus de blanc, assis à l’endroit où avait reposé le corps de Jésus, l’un à la tête et l’autre aux pieds » (Jean 20, 12). Parce que « son corps dans le sépulcre y est encadré par deux Anges, qui doivent être les mêmes que les Chérubins du Temple qui étendaient leurs ailes de part et d’autre du propitiatoire » (Louis Bouyer, Eucharistie. Théologie et spiritualité de la prière eucharistique, Paris, Desclée, 1966, p. 221). (à suivre…)dimanche 22 juillet 2012
Marie-Madeleine (1)
Marie-Madeleine (1)
« Le premier jour de la semaine, Marie la Magdaléenne vint au tombeau de grand matin, alors qu’il faisait encore noir » (Jean 20, 1). Cet empressement de Marie à se rendre au sépulcre dès que le repos du sabbat est terminé et qu’il est de nouveau permis de marcher est magnifique et traduit un amour intense. Un amour et une vénération qui la poussent à ne pas perdre une seconde pour aller retrouver le corps du Seigneur, achever de l’embaumer et le veiller. « Et elle vit que la pierre avait été enlevée du tombeau » (Jean 20, 1). C’était on ne peut plus inattendu, d’autant que cette pierre « était fort grosse » (Marc 16, 3) et qu’on l’avait fait rouler « devant l’entrée du tombeau » (Marc 15, 46), de sorte qu’elle l’obstruait complètement. Il fallait des gens costauds pour la remonter. (lire la suite) Marie s’en est allée incontinent porter la nouvelle à « Simon-Pierre et à l’autre disciple que Jésus aimait » (Jean 20, 2). Ils se sont alors rendus sur place et ont constaté que les choses étaient bien comme elle l’avait dit, voyant « les bandelettes posées là, ainsi que le suaire, qui avait été sur sa tête, posé non avec les bandelettes, mais à part, en un autre endroit, tout enroulé » (Jean 20, 6-7), « mais lui, ils ne l’ont pas vu » (Luc 24, 24). Comme ils ne savent qu’en penser, « les disciples s’en retournèrent chez eux » Jean 20, 10), tout étonnés de ce qui était arrivé (cf. Luc 24, 12). « Marie cependant se tenait près du tombeau, et elle pleurait » (Jean 20, 11). Elle est là parce qu’elle est revenue avec Pierre et Jean. Si ceux-ci sont repartis, elle ne peut se résoudre à ce qui s’est passé. Elle stationne à côté du caveau, inconsolable. Nul, en dehors de la Vierge Marie à qui son Fils a très certainement apparu très tôt ce jour-là, nul ne sait encore qu’il est ressuscité. Tous sont sous le coup de sa mort tragique au Golgotha. Et voilà qu’en plus son corps a disparu. Il y a de quoi être anéanti, écrasé. Ce deuxième coup est peut-être plus difficile à encaisser que le premier. C’était bien la dernière chose à laquelle Marie-Madeleine s’attendait. Que quelqu’un ait osé profaner la tombe qui abritait son Seigneur et subtiliser son corps, voilà qui est insupportable et porte le désarroi à son comble. Marie ne pourra pas rendre à ce corps les derniers honneurs qu’elle avait prévus. Elle est privée de cette dernière consolation. (à suivre…)jeudi 19 juillet 2012
Agonie de Jésus à Gethsémani
Jésus lutte avec le Père. Il lutte avec lui-même. Et il lutte pour nous. Il fait l’expérience de l’angoisse devant le pouvoir de la mort. Avant tout, c’est simplement le bouleversement de l’homme, ou même, de toute créature vivante, en présence de la mort. En Jésus, au contraire, il y a quelque chose de plus. Il étend son regard sur les nuits du mal. Il voit l’insalubre marée de tout le mensonge et de toute l’infamie, qui vient à sa rencontre dans cette coupe qu’il doit boire. C’est le bouleversement de Celui qui est totalement Pur et Saint face au flot du mal de ce monde, qui se déverse sur Lui. Il me voit aussi et il prie aussi pour moi. Ainsi, ce moment d’angoisse mortelle de Jésus est un élément essentiel dans le processus de la Rédemption. C’est pourquoi, la Lettre aux Hébreux a qualifié d’événement sacerdotal, la lutte de Jésus au Mont des Oliviers. Dans cette prière de Jésus, empreinte d’angoisse mortelle, le Seigneur remplit la fonction du prêtre : Il prend sur lui le péché de l’humanité, nous tous, et nous porte auprès du Père. Benoît XVI, Homélie de la messe In Cœna Domini , 5 avril 2012.mercredi 18 juillet 2012
Prière de Jésus à Gethsémani
Nous devons aussi prêter attention au contenu de la prière de Jésus au Mont des Oliviers. Jésus dit : « Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! » (Mc 14, 36). La volonté naturelle de l’Homme-Jésus effrayée face à une chose si énorme recule. Toutefois, en tant que Fils, il dépose cette volonté humaine dans la volonté du Père : non pas moi, mais toi. Par cela, Il a transformé le comportement d’Adam, le péché primordial de l’homme, guérissant ainsi l’homme. L’attitude d’Adam avait été : Non pas ce que tu veux toi, Dieu ; moi-même je veux être dieu. Cet orgueil est la vraie essence du péché. Nous pensons être libres et vraiment nous-mêmes, seulement quand nous suivons exclusivement notre volonté. Dieu apparaît comme le contraire de notre liberté. Nous devons nous libérer de Lui, – c’est notre pensée – alors seulement nous serons libres. C’est cette rébellion fondamentale qui traverse l’histoire et le mensonge profond qui dénature notre vie. Quand l’homme s’érige contre Dieu, il s’érige contre sa propre vérité et par conséquent, il ne devient pas libre, mais aliéné par lui-même. Nous sommes libres seulement quand nous sommes dans notre vérité, quand nous sommes unis à Dieu. Alors, nous devenons vraiment « comme Dieu » - non pas en nous opposant à Dieu, non pas en nous débarrassant de Lui ou en Le reniant. Dans la lutte durant sa prière au Mont des Oliviers, Jésus a dénoué la fausse contradiction entre l’obéissance et la liberté, et il a ouvert le chemin vers la liberté. Demandons au Seigneur de nous introduire dans ce « oui » à la volonté de Dieu et de nous rendre ainsi vraiment libres. Amen Benoît XVI, Homélie de la messe In Cœna Domini , 5 avril 2012.mardi 17 juillet 2012
Le patriotisme (5)
Le patriotisme (5)
L’Église renforce l’union que nous donne notre commune nature d’être créé à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Genèse 1, 26), et elle nous conduit tous dans une communauté de vie surnaturelle, celle du Corps mystique du Christ, où tout égoïsme, personnel ou de groupe, est ressenti comme une blessure, comme un ferment de mort. « Un chrétien n’est pas seulement une personne qui a la foi, mais aussi quelqu’un qui est appelé à être le levain et le sel de la société civile et politique dans laquelle il ou elle vit. L’Église par conséquent inculque à ses fidèles un profond sens de l’amour et du devoir à l’égard de leurs compatriotes et à l’égard de leur patrie. Elle les encourage à vivre en citoyens honnêtes et exemplaires et à travailler loyalement au progrès intégral de la nation dont ils sont fiers d’être les membres » (bienheureux Jean-Paul II, Discours aux évêques chinois en visite ad limina, 11 novembre 1980). Mais gardons bien présent à l’esprit que (lire la suite) « si nous nous vantons de ce que nous avons de meilleur, nous devons nous repentir de ce que nous avons de pire. Autrement, le patriotisme serait alors quelque chose de bien pauvre » (Chesterton, Praying for Patriotism, dans The Common Man, Londres-New York, Sheed and Ward, 1951, p. 52). « Cet amour fait de nous des serviteurs du bien commun. Prions tout spécialement pour ceux qui, dans l’exercice de leur pouvoir, sont appelés à ce service particulier » (bienheureux Jean-Paul II, Cycle de Jasna Góra, 25 décembre 1990).Il doit être bien clair, non seulement dans la théorie mais aussi et surtout dans les faits, que « les chrétiens ne sont l’ennemi de personne, moins encore de l’empereur. Ils savent, en effet, que c’est Dieu qui l’a constitué dans sa charge ; c’est pourquoi ils l’aiment nécessairement, le respectent, l’honorent et ils désirent qu’il soit sauf ainsi que tout l’empire jusqu’à la fin des temps (…). Nous honorons donc l’empereur, mais nous le faisons de la façon qui est licite et utile pour lui-même : comme un homme qui est second après Dieu, qui a obtenu de Dieu tout ce qu’il est et qui n’est inférieur qu’à Dieu » (Tertullien, Liber ad Scapulam 2), c’est-à-dire, et c’est l’arrière-plan de ce rappel de la doctrine chrétienne, nous n’adorons pas le chef de l’État, car nous n’adorons que Dieu seul. Nous voyons en lui, certes, quelqu’un qui détient une autorité qui provient de Dieu, « car il n'y a point d'autorité qui ne vienne de Dieu, et celles qui existent ont été instituées par lui » (Romains 13, 1). « Dieu tout-puissant et éternel, qui avez établi l’empire des Francs pour être dans le monde l’instrument de votre sainte volonté, la gloire et le rempart de votre sainte Église, prévenez partout et toujours, de votre céleste lumière, les fils suppliants des Francs, afin qu’ils voient ce qu’il faut faire, pour étendre votre règne dans le monde, et qu’ils grandissent toujours en charité et en vaillance, pour accomplir ce que votre lumière leur aura révélé » (prière du IXe siècle citée par le bienheureux Charles de Foucauld, René Bazin, Charles de Foucauld, explorateur du Maroc, ermite au Sahara, Paris, Nouvelle Cité, nouvelle édition, 2003, p. 480).
(fin)
lundi 16 juillet 2012
Le patriotisme (4)
Le patriotisme (4)
« Quelle est l'origine du patriotisme ? Quelles sont les causes qui le créent dans l'âme de tous, quelles sont les raisons qui l'y font vivre ? Ces causes, ces raisons, sont de plusieurs sortes : il est indispensable d'y voir en premier lieu une sorte de patrimoine de race, qui porte l'homme à préférer tel peuple plutôt que tel autre ; on peut l'attribuer ensuite à l'amour naturel de chacun pour le sol qui l'a vu naître et grandir, pour les objets qui ont entouré son enfance et sa vie, pour la terre qui contient les cendres de ses aïeux ; une autre raison est encore la préférence de chacun pour les hommes dont le caractère, la langue, les mœurs, les traditions sont les mêmes que les siens. Enfin, surtout pour ceux qui, comme vous, ont le privilège d'étudier plus que d'autres, les grands exemples de l'Histoire, notre patriotisme est un amour profond pour une nation qui, à toute époque, a tiré son épée, (lire la suite) enfanté ses savants et ses théosophes, versé le plus pur de son sang pour toutes les grandes causes et renversé les obstacles que les peuples et les individus avaient jetés au travers de la civilisation » (Charles de Gaulle, Conférence devant des camarades officiers subalternes, probablement en 1913, Lettres, notes et carnets, vol. I, 1905-1918, Paris, 1980, p. 67-68).Le patriotisme fait partie de la vertu de justice, avons-nous dit. Or, « la protestation contre Dieu au nom de la justice ne sert à rien. Un monde sans Dieu est un monde sans espérance (cf. Éphésiens 2, 12). Seul Dieu peut créer la justice. Et la foi nous donne la certitude qu'Il le fait. L'image du Jugement final est en premier lieu non pas une image terrifiante, mais une image d'espérance ; pour nous peut-être même l'image décisive de l'espérance » (Benoit XVI, encyclique Sauvés dans l’espérance, n° 44). Toute vertu est centrée sur Dieu : elle part de Dieu et conduit à lui. Présentant une finalité surnaturelle, elle requiert donc d’employer des moyens surnaturels eux aussi. À cet effet, Jésus-Christ a fondé son Église pour qu’elle travaille à assurer cette fin surnaturelle à tous les hommes de bonne volonté, tout en la proposant à tous, sans distinction. Il a fondé son Église pour que, par elle et en elle, nous puissions obtenir effectivement cette fin surnaturelle. Et comme la fin est la même pour tous les hommes – il n’y a « plus de juif ni de grec ; plus d’esclave ni d’homme libre ; plus d’homme ni de femme : vous tous, en effet, vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus » (Galates 3, 28) – Jésus-Christ a fondé son Église pour tous, voulant dès le premier instant qu’elle soit universelle, catholique. L’Église accueille la variété des différents peuples et des diverses patries, comme un patrimoine humain qui l’enrichit, jamais comme une source de division. C’est ainsi, par exemple, comme le pape Jean-Paul II le déclarait un jour, que « la révélation est annoncée de manière adéquate et se fait pleinement compréhensible quand le Christ parle la langue des divers peuples, et que ceux-ci peuvent lire l'Écriture et chanter la liturgie dans la langue et avec les expressions qui leur sont propres » (lettre apostolique Orientale lumen, n° 7, citée dans Discours à l'Assemblée plénière de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, 3 mai 1996).
(à suivre
dimanche 15 juillet 2012
Le patriotisme (3)
Le patriotisme (3)
Aimer sa patrie est donc une vertu chrétienne. Ne pas l’aimer, n’est pas une vertu. Si nous aimons notre patrie, nous aimons aussi ceux qui y vivent, et nous tâchons de contribuer à ce qu’ils mènent une vie heureuse, bien conscients de ce que la vie ici-bas n’est que transitoire et que ce qui compte avant tout, c’est de les aider à obtenir le bonheur véritable, c’est-à-dire à transformer vraiment notre pays en terrain qui prépare « aux destinées éternelles de l’homme ». Le plus grand bien que nous puissions souhaiter pour chacun est évidemment sa félicité éternelle, qui doit être préparée par la participation à la vie de la cité terrestre, chacun à la mesure de ses capacités et de ses possibilités, afin de rendre les conditions de vie plus favorables à l’accomplissement de la destinée ultime de l’homme et de permettre son meilleur épanouissement. « Les chrétiens sont plus utiles à la patrie que le reste des hommes : ils forment des citoyens ; ils enseignent la piété à l’égard de Dieu, gardien des cités ; ils font monter jusqu’à une cité divine et céleste ceux qui vivent bien dans les petites cités de la terre » (Origène, Contre Celse 8, 73-74). (lire la suite)« Dieu, Rédempteur et Seigneur des nations (…) ; Dieu Tout-Puissant et Éternel, donne-nous un grand et profond amour envers nos frères et envers notre patrie, Mère bien-aimée, afin qu’après avoir oublié nos profits, nous puissions honnêtement te servir, ainsi que ton peuple. » Oui. (…) Et c’est précisément l’amour qui donne une juste signification et une direction : l’amour envers les frères de notre patrie et envers chaque homme sans exception selon la parole du Christ, c’est-à-dire l’amour des uns pour les autres ; l’amour pour le bien commun ; l’amour pour le patrie, que les ancêtres ont appelée Mère. Et c’est à travers l’amour pour notre patrie que naît le respect des droits de chaque nation et de chaque homme au sein de la grande famille européenne et de la famille humaine » (bienheureux Jean-Paul II, Cycle de Jasna Góra, 25 décembre 1990). Poussons plus loin encore : l’amour aussi de la grande famille surnaturelle qu’est l’Église. En effet, le plus grand bien commun des hommes, leur fin véritable est la fin surnaturelle : Dieu connu surnaturellement et aimé, servi, glorifié. C’est par conséquent le véritable et principal bien commun de la société, donc de la patrie.
(à suivre…)
samedi 14 juillet 2012
Le patriotisme (2)
Le patriotisme (2)
« La justice, en général, consiste à payer une dette à autrui, souligne saint Thomas d’Aquin ; payer une dette spéciale à une personne déterminée sera donc l’objet d’une vertu spéciale. Or, l’homme est débiteur, à un titre particulier, envers ce qui, par rapport à lui, est principe humain d’être et de gouvernement. C’est ce principe que considère la piété, par le fait qu’elle rend un culte et des devoirs aux parents et à la patrie et à ceux qui leur sont unis » (Somme Théologique II-II, q. 101, a. 3). Le patriotisme, en tant que vertu, s’appelle donc la piété, qui est une partie de la vertu de la justice, laquelle consiste à rendre à chacun ce qui lui est dû. Après la vertu de religion, par laquelle nous rendons à Dieu le culte que nous lui devons, vient la vertu de piété, par laquelle nous honorons d’abord nos parents, puis la patrie qui nous a vu naître : « La piété est une certaine expression de l’amour envers les parents et la patrie » (Ibid., ad 1). (lire la suite)Le patriotisme du chrétien doit être informé par la charité : nous sommes appelés à aimer notre patrie par Dieu et pour Dieu, avec l’amour surnaturel que sa grâce a déposé dans notre cœur. C’est pourquoi il ne peut pas y avoir d’opposition ni de contradiction entre l’amour de Dieu, de l’Église et des chrétiens dans le Christ, et l’amour que nous éprouvons pour notre patrie et nos compatriotes, et enfin l’amour que nous vouons à tous les hommes et à toutes les femmes, y compris à ceux qui nous persécutent. Si une opposition surgissait, sous quelque forme que ce soit et de quelque signe que ce soit, ce serait la preuve que notre patriotisme a cessé d’être une vertu, car il s’agirait alors d’un amour désordonné ; ce ne serait plus une manifestation de la vertu de piété.
Le nationalisme est très certainement un péché, car il suppose un manque de justice envers les autres pays que le sien. Alors que le patriotisme est une vertu. Il est donc important de bien les distinguer. Le patriotisme n’est en rien répréhensible. Le nationalisme n’est pas chrétien.
« Dieu, Rédempteur et seigneur des nations, ne permets pas que nous tombions de tes mains et que nous abandonnions ta discipline. » « Nous avons hérité de nos ancêtres cette prière pour la patrie. Je prononce aujourd’hui les paroles de cette prière devant Vous, Notre-Dame de Jasna Góra. Par Vous, nous prions le Roi et Seigneur des nations : « Par l’intercession de la Très Sainte Vierge, notre Reine, bénis notre patrie, afin que, toujours fidèle à toi, elle rende gloire à ton nom, et guide ses enfants vers le bonheur. » Prions donc afin de rendre gloire au nom divin, reconnaissants pour le fait que « la gloire de Dieu est l’homme vivant » (cf. saint Irénée, Adversus hæreses 4, 20, 7) et pour que la nation vive une vie digne, dans la justice et l’amour de la vérité. Prions également pour que notre patrie, en tant que lieu de pèlerinage temporel, devienne pour tous le lieu de la préparation aux destinées éternelles de l’homme » (bienheureux Jean-Paul II, Cycle de Jasna Góra, 25 décembre 1990).
(à suivre…)
vendredi 13 juillet 2012
Le patriotisme (1)
Le patriotisme (1)
Saint Paul se demande ce qu’est la Loi mosaïque. Et il répond qu’« elle a été ajoutée pour qu’il y eût des transgressions jusqu’à ce que vînt la descendance à qui était destinée la promesse » (Galates 3, 19), « mais là où le péché avait abondé, la grâce a surabondé » (Romains 5, 20). La Loi était bonne en elle-même : « Si donc c’est ce que je ne veux pas que je fais, je reconnais par là que la Loi est bonne » (Romains 7, 15). Le salut est venu par la foi, qui nous a été donnée en Jésus-Christ. « Avant que vînt la foi, nous étions sous la garde de la Loi, enfermés, pour y attendre la révélation de la foi » (Galates 3, 23). Et la foi est venue. Désormais « tous, en effet, vous êtes fils de Dieu par la foi au Christ Jésus, car vous tous qui avez été baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ » (Galates 3, 26-27). Saint Paul tire comme conclusion (lire la suite) de tout ce qu’il vient d’affirmer qu’à partir de cette révélation de la foi en Jésus-Christ, « plus de juif ni de grec ; plus d’esclave ni d’homme libre ; plus d’homme ni de femme : vous tous, en effet, vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus » (Galates 3, 28). « Aussi bien, nous avons tous été baptisés en un http://www.blogger.com/img/blank.gifseul Esprit pour ne faire qu’un seul corps ; Juifs et Grecs, esclaves et hommes libres, et nous avons tous été abreuvés d’un seul Esprit » (1 Corinthiens 12, 13), de sorte qu’il y a « tout en tous, le Christ » (Colossiens 3, 11). « Ces paroles ont aujourd’hui la même valeur qu’hier : devant le Seigneur il n’existe pas de différence de nation, de race, de classe, d’état… Chacun d’entre nous est né de nouveau dans le Christ, pour devenir une nouvelle créature, un enfant de Dieu : nous sommes tous frères et c’est en toute fraternité que nous devons nous conduire ! » (saint Josémaria, Sillon, n° 317).Tel est le point de départ de notre méditation. L’égalité que Dieu a établie entre tous les hommes, au-delà des différences de race, de culture, de formation, d’extraction sociale ou d’intérêts scientifiques, intellectuels ou autres.
(à suivre…)