Jeanne d'Arc vue par Mark Twain (2)
Une autre caractéristique de l’histoire de Jeanne d’Arc la hisse à un niveau où elle ne rencontre plus de concurrent. En effet, nombreux furent les prophètes plus ou moins inspirés ; mais Jeanne reste la seule qui ait eu l’audace de préciser, non seulement l’événement à venir, mais également sa nature exacte et la date de son accomplissement, sans jamais faillir. À Vaucouleurs, Jeanne annonce qu’elle va rencontrer le roi, lequel la nommera chef de guerre, qu’elle brisera l’hégémonie anglaise et qu’elle fera sacrer le roi à Reims. Tout se déroule exactement comme elle l’a prédit. Un mois à l’avance, elle annonce
.html">(lire la suite) qu’elle sera blessée, en précisant à quel endroit du corps et al date précise à laquelle l’incident surviendra. La prédiction est notée dans un registre officiel trois semaines à l’avance. Le matin même de l’événement, elle renouvelle sa prédiction, qui se réalise le jour même, avant la tombée de la nuit. À Tours, elle prédit la fin de sa carrière militaire, qui se terminera, dit-elle, dans un an. Un an exactement après sa prédiction, la carrière de Jeanne prend fin. Elle prédit son martyre – elle emploie ce mot – qui, dit-elle, surviendra dans trois mois. Malheureusement, elle dit vrai. À une époque où rien ne permet d’espérer que la France puisse jamais se libérer du joug de la domination anglaise, Jeanne, à deux reprises, en présence de ses juges, affirme qu’avant que sept ans ne se soient écoulés, les Anglais subiront un désastre plus dévastateur encore que celui de la perte d’Orléans. Cinq ans après, les Anglais perdent Paris. D’autres prédictions du même genre se passent comme Jeanne les avait prévues, tant pour ce qui concerne la nature de l’événement que la date à laquelle, ou avant laquelle il doit survenir.
Mark Twain, Le roman de Jeanne d’Arc, Éditions du Rocher, 2001, p. 500-501.
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