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dimanche 30 novembre 2008

La vocation de l'homme

La vocation de l'homme

« Au cours de votre colloque, vous avez fait l’expérience que les sciences, la philosophie et la théologie peuvent s’aider pour percevoir l’identité de l’homme, qui est toujours en devenir. À partir d’une interrogation sur le nouvel être issu de la fusion cellulaire, qui est porteur d’un patrimoine génétique nouveau et spécifique, vous avez fait apparaître des éléments essentiels du mystère de l’homme, marqué par l’altérité : être créé par Dieu, être à l’image de Dieu, être aimé fait pour aimer. En tant qu’être humain, il n’est jamais clos sur lui-même ; il est toujours porteur d’altérité et (lire la suite) il se trouve dès son origine en interaction avec d’autres êtres humains, comme nous le révèlent de plus en plus les sciences humaines. Comment ne pas évoquer ici la merveilleuse méditation du psalmiste sur l’être humain tissé dans le secret du ventre de sa mère et en même temps connu, dans son identité et dans son mystère, de Dieu seul, qui l’aime et le protège (cf. Ps 138 [139], 1-16).
L’homme n’est pas le fruit du hasard, ni d’un faisceau de convergences, ni de déterminismes, ni d’interactions physico-chimiques ; il est un être jouissant d’une liberté qui, tout en prenant en compte sa nature, transcende cette dernière et qui est le signe du mystère d’altérité qui l’habite. C’est dans cette perspective que le grand penseur Pascal disait que « l’homme passe infiniment l’homme ». Cette liberté, qui est le propre de l’être-homme, fait que ce dernier peut orienter sa vie vers une fin, qu’il peut, par les actes qu’il pose, se diriger vers le bonheur auquel il est appelé pour l’éternité. Cette liberté fait apparaître que l’existence de l’homme a un sens. Dans l’exercice de son authentique liberté, la personne réalise sa vocation ; elle s’accomplit ; elle donne forme à son identité profonde. C’est aussi dans la mise en œuvre de sa liberté qu’elle exerce sa responsabilité propre sur ses actes. En ce sens, la dignité particulière de l’être humain est à la fois un don de Dieu et la promesse d’un avenir » (Benoît XVI, Discours au Colloque inter-académique promu par l'Académie des Sciences de Paris et l'Académie pontificale des Sciences, 28 janvier 2008).

samedi 29 novembre 2008

Intentions de priere

Intentions de priere

Ma fille, M.-A. dit avoir fait des pactes avec satan. Nous pensons nécessaire un exorcisme. Le prêtre exorciste officiel l'a vue deux fois, mais tergiverse encore. « Seigneur Jésus guéris-la vraiment, à travers toutes ces démarches si compliquées et si longues à aboutir. La patience nous manque et le découragement revient si souvent. » Merci Seigneur.

Pour le retour des indifférents à la pratique religieuse. Pour que les jeunes d'aujourd'hui soient éclairés par l'Esprit Saint.

Quand viendra la dernière heure de grands malades, qu'il leur soit donné de passer sereinement dans le royaume du Seigneur.

L'entreprise de mon mari, qu'elle puisse continuer afin de donner du travail aux employés.

vendredi 28 novembre 2008

Les effets de la contraception chimique

Les effets de la contraception chimique

Pour ceux qui en doutent encore, c'et une étude conduite par l'OMS qui a montré que la méthode Billings présente un indice de conception comparable aux « meilleures » pilules et est compréhensible par 93% des femmes, quelles que soient leurs conditions socioculturelles. L'exemple politique le plus célèbre de prise en compte de ces résultats est la mesure du gouvernement indien qui confia à la Congrégation des missionnaires de la charité fondée par Mère Térésa l'instruction des jeunes femmes avec cette méthode. (lire la suite)
A contrario, la pilule, que l'on présentait il y a peu comme la fine pointe de l'arsenal contraceptif moderne, enregiste un taux d'« échec » qui inquiète de nombreux observateurs malgré une diffusion massive. Laisser dans l'ombre la rigueur scientifique et les résultats de la régulation naturelle des naissance est une faute majeure au regard des méfaits de mieux en mieux documentés concernant la contraception chimique. Fait indiscutable, elle augmente de 20% le risque de cancer du sein dont la prévalence a crû ces dernières années en France ; ce produit est classé désormais dans les cancérigènes de type I. Qui s'en est inquiété ? Le professeur Joyeux a calculé que « l'ingestion d'une pilule contraceptive faiblement dosée apportait chaque jour la même quantité que celle contenue dans 100 kg de foie de veau aux hormones ». Les femmes en sont-elles informées ?

Pierre-Olivier Arduin, « Humanae vitae : l'encyclique réhabilitée », Liberté politique, n° 42, septembre 2008, p. 128-129.

jeudi 27 novembre 2008

Les voyages de saint Paul (5)

Les voyages de saint Paul (5)

Le voyage vers Rome aborda les îles méditerranéennes de Crète et Malte, et ensuite les villes de Syracuse, Reggio Calabria et Pozzuoli. Les chrétiens de Rome allèrent à sa rencontre sur la via Appia jusqu'au forum d'Appius (environ à 70km au sud de la capitale) et d'autres jusqu'aux Tre Taverne (environ 40km). A Rome, il rencontra les délégués de la communauté juive, à qui il confia que c'était à cause de « l'espérance d'Israël » qu'il portait ces chaînes (cf. Actes 28, 20). Mais le récit de Luc se termine sur la mention de deux années passées à Rome sous une légère surveillance militaire, (lire la suite) sans mentionner aucune sentence de César (Néron) pas plus que la mort de l'accusé. Des traditions successives parlent de sa libération, qui aurait permis un voyage missionnaire en Espagne, ainsi qu'un passage en Orient et spécifiquement à Crète, à Éphèse et à Nicopolis en Épire. Toujours sur une base hypothétique, on parle d'une nouvelle arrestation et d'un deuxième emprisonnement à Rome (d'où il aurait écrit les trois Lettres appelés pastorales, c'est-à-dire les deux Lettres à Timothée et celle à Tite) avec un deuxième procès, qui lui aurait été défavorable. Toutefois, une série de motifs pousse de nombreux spécialistes de saint Paul à terminer la biographie de l'apôtre par le récit des Actes de Luc.
Nous reviendrons plus avant sur son martyre dans le cycle de nos catéchèses. Il est pour le moment suffisant dans cette brève revue des voyages de Paul de prendre acte de la façon dont il s'est consacré à l'annonce de l'Évangile sans épargner ses énergies, en affrontant une série d'épreuves difficiles, dont il nous a laissé la liste dans la deuxième Lettre aux Corinthiens (cf. 11, 21-28). Du reste, c'est lui qui écrit : « Je le fais à cause de l'Évangile (1 Corinthiens 9, 23), exerçant avec une générosité absolue ce qu'il appelle le « souci de toutes les Églises » (2 Corinthiens 11, 28). Nous voyons un engagement qui ne s'explique que par une âme réellement fascinée par la lumière de l'Évangile, amoureuse du Christ, une âme soutenue par une conviction profonde : il est nécessaire d'apporter au monde la lumière du Christ, d'annoncer l'Évangile à tous. Tel est, me semble-t-il, ce qui reste de cette brève revue des voyages de saint Paul : sa passion pour l'Évangile, avoir ainsi l'intuition de la grandeur, de la beauté et même de la nécessité profonde de l'Évangile pour nous tous. Prions afin que le Seigneur qui a fait voir à Paul sa lumière, lui a fait entendre sa Parole, a touché intimement son cœur, nous fasse également voir sa lumière, pour que notre cœur aussi soit touché par sa Parole et que nous puissions ainsi donner nous aussi au monde d'aujourd'hui, qui en a soif, la lumière de l'Évangile et la vérité du Christ.

Benoît XVI, Audience générale, 27 août 2008.

mercredi 26 novembre 2008

Les voyages de saint Paul (4)

Les voyages de saint Paul (4)

Là (à Antioche) pour la première fois, nous dit saint Luc, les disciples de Jésus furent appelés « chrétiens ». De là Paul alla directement à Éphèse, capitale de la province d'Asie, où il séjourna pendant deux ans, exerçant un ministère qui eut de fécondes répercussions sur la région. D'Éphèse Paul écrivit les lettres aux Thessaloniciens et aux Corinthiens. La population de la ville fut cependant soulevée contre lui par les orfèvres locaux, qui voyaient diminuer leurs entrées en raison de l'affaiblissement du culte d'Artémis (le temple qui lui était dédié à Éphèse, l'Artemysion, était l'une des sept merveilles du monde antique); il dut donc fuir (lire la suite) vers le nord. Ayant retraversé la Macédoine, il descendit de nouveau en Grèce, probablement à Corinthe, où il resta trois mois et écrivit la célèbre Lettre aux Romains.
De là il revint sur ses pas : il repassa par la Macédoine, rejoignit Troas en bateau et, ensuite, touchant à peine les îles de Mytilène, Chios, et Samos, il parvint à Milet où il tint un discours important aux Anciens de l'Eglise d'Éphèse, traçant un portrait du vrai pasteur de l'Église : cf. Actes 20. Il repartit de là en voguant vers Tyr, d'où il rejoint Césarée Maritime pour remonter encore une fois vers Jérusalem. Il y fut arrêté à cause d'un malentendu : plusieurs juifs avaient pris pour des païens d'autres juifs d'origine grecque, introduits par Paul dans l'aire du temple réservée uniquement aux Israélites. La condamnation à mort prévue lui fut épargnée grâce à l'intervention du tribun romain de garde dans l'aire du temple (cf. Ac 21, 27-36); cet événement eut lieu alors qu'Antoine Félix était gouverneur impérial en Judée. Après une période d'emprisonnement (dont la durée est discutée), et Paul ayant fait appel à César (qui était alors Néron) en tant que citoyen romain, le gouverneur suivant Porcius Festus l'envoya à Rome sous surveillance militaire.

(à suivre...)

mardi 25 novembre 2008

Saint Clément, évêque de Rome (3)

Saint Clément, évêque de Rome (3)

Finalement, la « grande prière » confère un souffle universel aux argumentations précédentes. Clément loue et rend grâce à Dieu pour sa merveilleuse providence d'amour, qui a créé le monde et continue à le sauver et à le sanctifier. L'invocation adressée aux gouvernants revêt une importance particulière. Après les textes du Nouveau Testament, celle-ci représente la prière la plus antique pour les institutions politiques. Ainsi, au lendemain de la persécution, les chrétiens, bien conscients que les persécutions allaient se poursuivre, ne cessent de prier pour les autorités mêmes qui les avaient condamnés injustement. Le motif est avant tout d'ordre christologique : il faut prier pour les persécuteurs, (lire la suite) comme le fit Jésus sur la Croix. Mais cette prière contient également un enseignement qui guide, au fil des siècles, l'attitude des chrétiens à l'égard de la politique et de l'État. En priant pour les autorités, Clément reconnaît la légitimité des Institutions politiques dans l'ordre établi par Dieu ; dans le même temps, il manifeste la préoccupation que les autorités soient dociles à Dieu et « exercent le pouvoir que Dieu leur a donné dans la paix et la mansuétude avec piété » (61, 2). César n'est pas tout. Une autre souveraineté apparaît, dont l'origine et l'essence ne sont pas de ce monde, mais « d'en haut : c'est celle de la Vérité, à laquelle revient également le droit d'être écoutée par l'État.
Ainsi, la lettre de Clément affronte de nombreux thèmes d'une actualité permanente. Celle-ci est d'autant plus significative, qu'elle représente, depuis le premier siècle, la sollicitude de l'Église de Rome qui préside à toutes les autres Église dans la charité. Avec le même Esprit, nous faisons nôtres les invocations de la « grande prière », là où l'évêque de Rome se fait la voix du monde entier : « Oui, ô Seigneur, fais resplendir sur nous ton visage dans le bien de la paix ; protège-nous de ta main puissante... Nous te rendons grâces, à travers le Prêtre suprême et guide de nos âmes, Jésus-Christ, au moyen duquel nous te rendons gloire et louange, à présent et de génération en génération, pour les siècles des siècles. Amen » (60-61).

Benoît XVI, Audience générale, 7 mars 2007.

lundi 24 novembre 2008

Saint Clément, évêque de Rome (2)

Saint Clément, évêque de Rome (2)

La lettre de Clément reprend des thèmes chers à saint Paul, qui avait écrit deux longues lettres aux Corinthiens, en particulier la dialectique théologique, éternellement actuelle, entre l'indicatif du salut et l'impératif de l'engagement moral. Il y a avant tout l'heureuse annonce de la grâce qui sauve. Le Seigneur nous prévient et nous donne le pardon, il nous donne son amour, la grâce d'être chrétiens, ses frères et sœurs. C'est une annonce qui remplit notre vie de joie et qui donne de l'assurance à notre action : le Seigneur nous prévient toujours avec sa bonté et la bonté du Seigneur est toujours plus grande que tous nos péchés. (lire la suite) Il faut cependant que nous nous engagions de manière cohérente avec le don reçu et que nous répondions à l'annonce de salut par un chemin généreux et courageux de conversion. Par rapport au modèle paulinien, la nouveauté est que Clément fait suivre la partie doctrinale et la partie pratique, qui étaient constitutives de toutes les lettres pauliniennes, par une « grande prière » qui conclut pratiquement la lettre.
L'occasion immédiate de la lettre donne à l'évêque de Rome la possibilité d'une ample intervention sur l'identité de l'Église et sur sa mission. S'il y eut des abus à Corinthe, observe Clément, le motif doit être recherché dans l'affaiblissement de la charité et d'autres vertus chrétiennes indispensables. C'est pourquoi il rappelle les fidèles à l'humilité et à l'amour fraternel, deux vertus véritablement constitutives de l'existence dans l'Église : « Nous sommes une portion sainte, avertit-il, nous accomplissons donc tout ce que la sainteté exige » (30, 1). En particulier, l'évêque de Rome rappelle que le Seigneur lui-même « a établi où et par qui il désire que les services liturgiques soient accomplis, afin que chaque chose, faite de façon sainte et avec son accord, soit conforme à sa volonté... En effet, au prêtre suprême ont été confiées des fonctions liturgiques qui lui sont propres, pour les prêtres a été établie la place qui leur est propre, et aux lévites reviennent des services spécifiques. L'homme laïc est lié à l'organisation laïque » (40, 1-5 : notons qu'ici, dans cette lettre de la fin du I siècle, apparaît pour la première fois dans la littérature chrétienne le terme grec laikós qui signifie « membre du laos », c'est-à-dire « du peuple de Dieu »).
De cette façon, en se référant à la liturgie de l'antique Israël, Clément dévoile son idéal d'Église. Celle-ci est rassemblée par l'« unique Esprit de grâce répandu sur nous » qui souffle dans les divers membres du Corps du Christ, dans lequel tous, unis sans aucune séparation, sont « membres les uns des autres » (46, 6-7). La nette distinction entre le « laïc » et la hiérarchie ne signifie en aucune manière une opposition, mais uniquement ce lien organique d'un corps, d'un organisme, avec ses diverses fonctions. En effet, l'Église n'est pas un lieu de confusion, ni d'anarchie, où chacun peut faire ce qu'il veut à tout instant : dans cet organisme, à la structure articulée, chacun exerce son ministère selon la vocation reçue. En ce qui concerne les chefs de la communauté, Clément explique clairement la doctrine de la succession apostolique. Les normes qui la régissent découlent en ultime analyse de Dieu lui-même. Le Père a envoyé Jésus-Christ, qui à son tour a envoyé les Apôtres. Puis, ceux-ci ont envoyé les premiers chefs des communautés et ils ont établi que d'autres hommes dignes leur succèdent. Tout procède donc « de façon ordonnée de la volonté de Dieu » (42). A travers ces paroles, avec ces phrases, saint Clément souligne que l'Église possède une structure sacramentelle et non une structure politique. L'action de Dieu qui vient à notre rencontre dans la liturgie précède nos décisions et nos idées. L'Église est surtout un don de Dieu et non pas notre créature, et c'est pourquoi cette structure sacramentelle ne garantit pas seulement l'organisation commune, mais également la pré-éminence du don de Dieu, dont nous avons tous besoin.

(à suivre...)

dimanche 23 novembre 2008

Saint Clément, évêque de Rome (1) Saint Clément, évêque de Rome (1) Saint Clément, évêque de Rome (1) Saint Clément, évêque de Rome (1)

Saint Clément, évêque de Rome (1)

Après avoir médité avec Benoît XVI sur les figures de chaque Apôtre et sur les premiers témoins de la foi chrétienne, « nous consacrons notre attention aux Pères apostoliques, c'est-à-dire à la première et à la deuxième génération dans l'Église après les Apôtres. Et nous pouvons ainsi voir comment débute le chemin de l'Église dans l'histoire.
Saint Clément, évêque de Rome au cours des dernières années du premier siècle, est le troisième Successeur de Pierre, après Lin et Anaclet. Sur sa vie, (lire la suite) le témoignage le plus important est celui de saint Irénée, évêque de Lyon jusqu'en 202. Il atteste que Clément « avait vu les Apôtres », « les avait rencontrés », et avait « encore dans les oreilles leur prédication, et devant les yeux leur tradition » (Adv. haer. 3, 3, 3). Des témoignages tardifs, entre le quatrième et le sixième siècle, attribuent à Clément le titre de martyr.
L'autorité et le prestige de cet évêque de Rome étaient tels que divers écrits lui furent attribués, mais son unique œuvre certaine est la Lettre aux Corinthiens. Eusèbe de Césarée, le grand « archiviste » des origines chrétiennes, la présente en ces termes : « Une lettre de Clément reconnue comme authentique, grande et admirable nous a été transmise. Elle fut écrite par lui, de la part de l'Église de Rome, à l'Église de Corinthe... Nous savons que depuis longtemps, et encore de nos jours, celle-ci est lue publiquement au cours de la réunion des fidèles » (Hist. Eccl. 3, 16). On attribuait à cette lettre un caractère presque canonique. Au début de ce texte - écrit en grec - Clément regrette que « les adversités imprévues, qui ont eu lieu l'une après l'autre » (1, 1), ne lui aient pas permis une intervention plus prompte. Ces « adversités » doivent être comprises comme la persécution de Domitien : c'est pourquoi la date de la rédaction de la lettre doit remonter à l'époque qui suivit immédiatement la mort de l'empereur et la fin de la persécution, c'est-à-dire tout de suite après 96.
L'intervention de Clément - nous sommes encore au Ier siècle - était rendue nécessaire par les graves problèmes que traversait l'Église de Corinthe : en effet, les prêtres des communautés avaient été déposés par plusieurs jeunes contestataires. Cet événement douloureux est rappelé, encore une fois, par saint Irénée, qui écrit : « Sous Clément, un conflit important étant apparu parmi les frères de Corinthe, l'Église de Rome envoya aux Corinthiens une lettre très importante pour qu'ils se réconcilient dans la paix, qu'ils renouvellent leur foi et annoncent la tradition, qu'ils avaient reçue des Apôtres depuis peu de temps » (Adv. haer. 3, 3, 3). Nous pourrions donc dire que cette lettre constitue un premier exercice du Primat romain après la mort de saint Pierre.

(à suivre...)

samedi 22 novembre 2008

Les voyages de saint Paul (3)

Les voyages de saint Paul (3)

Après cet événement décisif Paul se sépara de Barnabé ; il choisit Silas et commença son deuxième voyage missionnaire (cf. Actes 15, 36-18, 22). Ayant dépassé la Syrie et la Cilicie, il revit la ville de Lystres, où il accueillit Timothée (figure très importante de l'Eglise naissante, fils d'une juive et d'un païen), et il le fit circoncire ; il traversa l'Anatolie centrale et rejoint la ville de Troas sur la côte nord de la mer Égée. C'est là qu'eut à nouveau lieu un événement important (lire la suite) il vit en rêve un macédonien de l'autre côté de la mer, c'est-à-dire en Europe, qui disait « Viens et aide-nous ! » C'était la future Europe qui demandait l'aide et la lumière de l'Évangile. De là il prit la mer pour la Macédoine, entrant ainsi en Europe. Ayant débarqué à Neapoli, il arriva à Philippes, où il fonda une belle communauté, puis il passa ensuite à Thessalonique, et, ayant quitté ce lieu à la suite de difficultés créés par les juifs, il passa par Bérée, parvint à Athènes.
Dans cette capitale de l'antique culture grecque il prêcha d'abord dans l'Agorà, puis dans l'Aréopage aux païens et aux grecs. Et le discours de l'aréopage rapporté dans les Actes des apôtres est le modèle de la manière de traduire l'Évangile dans la culture grecque, de la manière de faire comprendre aux grecs que ce Dieu des chrétiens, des juifs, n'était pas un Dieu étranger à leur culture mais le Dieu inconnu qu'ils attendaient, la vraie réponse aux questions les plus profondes de leur culture. Puis d'Athènes il arriva à Corinthe, où il s'arrêta une année et demi. Et nous avons ici un événement chronologiquement très sûr, le plus sûr de toute sa biographie, parce que durant ce premier séjour à Corinthe il dut se présenter devant le gouverneur de la province sénatoriale d'Achaïe, le proconsul Gallion, accusé de culte illégitime. A propos de Gallion et de son époque à Corinthe il existe une inscription antique retrouvée à Delphes, où il est dit qu'il était proconsul à Corinthe de l'an 51 à l'an 53. Nous avons donc une date absolument certaine. Le séjour de Paul à Corinthe se déroula dans ces années-là. Par conséquent nous pouvons supposer qu'il est arrivé plus ou moins en 50 et qu'il est resté jusqu'en 52. Puis de Corinthe en passant par Cencrées, port oriental de la ville, il se dirigea vers la Palestine rejoignant Césarée maritime, de là il remonta à Jérusalem pour revenir ensuite à Antioche sur l'Oronte.
Le troisième voyage missionnaire (cf. Ac 18, 23-21, 16) commença comme toujours par Antioche, qui était devenue le point de départ de l'Eglise des païens, de la mission aux païens, et c'était aussi le lieu où naquit le terme « chrétiens ».

(à suivre...)

vendredi 21 novembre 2008

Les voyages de saint Paul (2)

Les voyages de saint Paul (2)

Sur la base de cette profonde orthodoxie, qu'il avait apprise à l'école de Hillèl à Jérusalem, il entrevit dans le nouveau mouvement qui se réclamait de Jésus de Nazareth un risque, une menace pour l'identité juive, pour la vraie orthodoxie des pères. Cela explique le fait qu'il ait « fièrement persécuté l'Église de Dieu », comme il l'admet à trois reprises dans ses lettres (1 Corinthiens 15, 9 ; Galates 1, 13 ; Philippiens 3, 6). Même s'il n'est pas facile de s'imaginer concrètement en quoi consista cette persécution, son attitude fut cependant d'intolérance. C'est ici que se situe l'événement de Damas, (lire la suite) sur lequel nous reviendrons dans la prochaine catéchèse. Il est certain qu'à partir de ce moment sa vie changea et qu'il devint un apôtre inlassable de l'Évangile. De fait, Paul passa à l'histoire davantage pour ce qu'il fit en tant que chrétien, ou mieux en tant qu'apôtre, qu'en tant que pharisien. On divise traditionnellement son activité apostolique sur la base de ses trois voyages missionnaires, auxquels s'ajoute le quatrième lorsqu'il se rendit à Rome en tant que prisonnier. Ils sont tous racontés par Luc dans les Actes. À propos des trois voyages missionnaires, il faut cependant distinguer le premier des deux autres.
En effet, Paul n'eut pas la responsabilité directe du premier (cf. Actes 13, 14), qui fut en revanche confié au chypriote Barnabé. Ils partirent ensemble d'Antioche sur l'Oronte, envoyés par cette Église (cf. Actes 13, 1-3), et, après avoir pris la mer du port de Séleucie sur la côte syrienne, ils traversèrent l'île de Chypre de
Salamine à Paphos ; de là ils parvinrent sur les côtes méridionales de l'Anatolie, l'actuelle Turquie, et arrivèrent dans les villes d'Attalìa, de Pergè en Pamphylie, d'Antioche de Pisidie, d'Iconium, de Lystres et Derbé, d'où ils revinrent à leur point de départ. C'est ainsi que naquit l'Église des peuples, l'Église des païens. Et entre temps, en particulier à Jérusalem, une âpre discussion était née pour savoir jusqu'à quel point ces chrétiens provenant du paganisme étaient obligés d'entrer également dans la vie et dans la loi d'Israël (diverses observances et prescriptions qui séparaient Israël du reste du monde) pour faire réellement partie des promesses des prophètes et pour entrer effectivement dans l'héritage d'Israël. Pour résoudre ce problème fondamental pour la naissance de l'Église future, ce que l'on appelle le Concile des apôtres se réunit à Jérusalem pour trancher sur ce problème dont dépendait la naissance effective d'une Église universelle. Et il fut décidé de ne pas imposer aux païens convertis l'observance de la loi mosaïque (cf. Ac 15, 6, 30) : c'est-à-dire qu'ils n'étaient pas obligés de se conformer aux prescriptions du judaïsme ; la seule nécessité était d'appartenir au Christ, de vivre avec le Christ et selon ses paroles. Ainsi, appartenant au Christ, ils appartenaient aussi à à Abraham,Dieu et faisaient partie de toutes les promesses.

(à suivre...)

jeudi 20 novembre 2008

Les voyages de saint Paul (1)

Les voyages de saint Paul (1)

(Benoît XVI :) Je voudrais aujourd'hui reprendre et continuer la réflexion sur l'apôtre des nations, en proposant une brève biographie. Etant donné que nous consacrerons mercredi prochain à l'événement extraordinaire qui eut lieu sur la route de Damas, la conversion de Paul, tournant fondamental de son existence à la suite de sa rencontre avec le Christ, nous nous arrêtons aujourd'hui brièvement sur l'ensemble de sa vie. Les informations sur la vie de Paul se trouvent respectivement dans la Lettre à Philémon, dans laquelle il se déclare « vieux » (Philémon 9: Presbytres) et dans les Actes des Apôtres, qui au moment de la lapidation d'Étienne le qualifient de « jeune » (7, 58: neanías). Les deux désignations sont évidemment génériques, mais, selon la manière antique de calculer l'âge d'un homme, (lire la suite) l'homme autour de trente ans était qualifié de « jeune », alors que celui qui arrivait à soixante ans était appelé « vieux ». En termes absolus la date de la naissance de Paul dépend en grande partie de la datation de la Lettre à Philémon. Traditionnellement sa rédaction est datée de son emprisonnement à Rome, au milieu des années soixante. Paul serait né en l'an 8, donc il aurait eu plus ou moins soixante ans, alors qu'au moment de la lapidation d'Étienne il en avait trente. Telle devrait être la chronologie exacte. Et la célébration de l'année paulinienne en cours suit cette chronologie. L'année 2008 a été choisie en pensant à la naissance autour de l'an 8.
Il naquit en tous les cas à Tarse, en Cilicie (cf. Actes 22, 3). La ville était le chef-lieu administratif de la région et, en 51 av. J.C., son proconsul n'avait été autre que Marc Tullius Cicéron, alors que dix ans plus tard, en 41, Tarse avait été le lieu de la première rencontre entre Marc Antoine et Cléopâtre. Juif de la diaspora, il parlait grec tout en ayant un nom d'origine latine, qui dérive par ailleurs par assonance du nom originel hébreu Saul/Saulos, et il avait reçu la citoyenneté romaine (cf. Actes 22, 25-28). Paul apparaît donc se situer à la frontière de trois cultures différentes - romaine, grecque et juive - et peut-être est-ce aussi pour cela qu'il était disponible à des ouvertures universelles fécondes, à une médiation entre les cultures, à une véritable universalité. Il apprit également un travail manuel, peut-être transmis par son père, qui consistait dans le métier de « fabricant de tentes » (cf. Actes 18, 3: skenopoiòs), qu'il faut comprendre probablement comme tisseur de laine brute de chèvre ou de fibres de lin pour en faire des nattes ou des tentes (cf. Ac 20, 33-35). Vers 12 ou 13 ans, l'âge auquel un jeune garçon juif devient bar mitzvà ("fils du précepte"), Paul quitta Tarse et s'installa à Jérusalem pour recevoir l'enseignement du rabbin Gamaliel l'Ancien, neveu du grand rabbin Hillèl, selon les règles les plus rigides du pharisianisme et acquérant une grand dévotion pour la Toràh mosaïque (cf. Galates 1, 14 ; Philippiens 3, 5-6 ; Actes 22, 3 ; 23, 6 ; 26, 5).

(à suivre...)

mercredi 19 novembre 2008

Les attaques contre Pie XII ne viennent pas des juifs

Les attaques contre Pie XII ne viennent pas des juifs

L'aversion contre Pie XII est née dans le monde anglo-saxon et protestant, pas dans le monde juif qui, au contraire, s'est adapté dans le temps pour ne pas être pris à contrepied par une campagne internationale. Autrement dit : si un Pape est accusé de ne pas s'être opposé à l'antisémitisme, le monde juif se sent évidemment incité à y voir clair. On en arrive ainsi à l'affaire de la septième salle du Yad Vashem, à Jérusalem, où a été placée une photo du Pape avec une légende qui juge « ambiguë » son attitude. Ou bien à la demande, formulée en 1998 par Aaron Lopez, alors ambassadeur d'Israël près le Saint-Siège, d'un moratoire dans la béatification de Pie XII. Je ne m'occupe pas de cette affaire de moratoire parce que n'est pas un problème d'histoire, mais on s'acharne trop sur ce Pape, cela a quelque chose de suspect.

Entretien avec Paolo Mieli, directeur du Corriere della Sera, L'Osservatore Romano en Langue Française, 14 octobre 2008.

mardi 18 novembre 2008

Pie XII et le procès de Nuremberg

Pie XII et le procès de Nuremberg

Une fois la guerre finie, si Pie XII avait eu mauvaise conscience, il se serait vanté de ce qu'il avait fait pour sauver les juifs. Il ne l'a jamais fait. Il n'a jamais dit un mot. Il pouvait le faire. Il ne l'a pas fait. C'est pour moi la preuve de sa personnalité exceptionnelle. Ce n'était pas un Pape qui éprouvait le besoin de se défendre. En ce qui concerne le jugement sur Pie XII, je dois dire que je nai jamais oublié ce qu'a écrit en 1964 Robert Kempner, un magistrat juif d'origine allemande, procureur adjoint au procès de Nuremberg : « Toute prise de position à caractère propragandiste de l'Église contre le gouvernement d'Hitler aurait non seulement été un suicide prémédité, mais elle aurait accéléré l'assasssinat d'un nombre bien plus grand de juifs et de prêtres. »

Entretien avec Paolo Mieli, directeur du Corriere della Sera, L'Osservatore Romano en Langue Française, 14 octobre 2008.

lundi 17 novembre 2008

Des Juifs pour Pie XII (2)

Des Juifs pour Pie XII (2)

Voici une lettre envoyée depuis le front italien par le soldat Eliyahu Lubisky, membre du kibboutz socialiste Bet Alfa. Elle a été publiée dans l'hebdomadaire « Hashavua » le 4 août 1944 : « Tous les réfugiés évoquèrent l'aide louable du Vatican. Des prêtres ont mis leur propre vie en danger pour cacher et sauver des juifs. Le Pape lui-même a participé à l'opération de sauvetage des juifs. »
Un autre document, du 15 octobre 1944, (lire la suite) le rapport du commissaire extraordinaire des communautés juives de Rome, Silvio Ottolenghi : « Des milliers de nos frères ont été sauvés dans les couvents, les églises, les zones extra-territoriales. Le 23 juillet, on m'a donné l'ordre d'être reçu par Sa Sainteté, que j'ai remerciée au nom de la communauté de Rome pour l'assistance héroique et bienveillante que nous avons reçue du clergé dans les couvents et les collèges. (...) J'ai fait part à Sa Sainteté du désir de nos coreligionnaires de la capitale de venir le remercier en masse. Mais cette manifestation ne pourra avoir lieu que lorsque la guerre sera finie, pour ne pas nuire à tous ceux qui ont encore besoin de protection dans le monde. »

Entretien avec Paolo Mieli, directeur du Corriere della Sera, L'Osservatore Romano en Langue Française, 14 octobre 2008.

Des Juifs pour Pie XII

Des Juifs pour Pie XII

Voici une lettre envoyée depuis le front italien par le soldat Eliyahu Lubisky, membre du kibboutz socialiste Bet Alfa. Elle a été publiée dans l'hebdomadaire « Hashavua » le 4 août 1944 : « Tous les réfugiés évoquèrent l'aide louable du Vatican. Des prêtres ont mis leur propre vie en danger pour cacher et sauver des juifs. Le Pape lui-même a participé à l'opération de sauvetage des juifs. »
Un autre document, du 15 octobre 1944, (lire la suite)le rapport du commissaire extraordinaire des communautés juives de Rome, Silvio Ottolenghi : « Des milliers de nos frères ont été sauvés dans les couvents, les églises, les zones extra-territoriales. Le 23 juillet, on m'a donné l'ordre d'être reçu par Sa Sainteté, que j'ai remerciée au nom de la communauté de Rome pour l'assistance héroique et bienveillante que nous avons reçue du clergé dans les couvents et les collèges. (...) J'ai fait part à Sa Sainteté du désir de nos coreligionnaires de la capitale de venir le remercier en masse. Mais cette manifestation ne pourra avoir lieu que lorsque la guerre sera finie, pour ne pas nuire à tous ceux qui ont encore besoin de protection dans le monde. »

Entretien avec Paolo Mieli, directeur du Corriere della Sera, L'Osservatore Romano en Langue Française, 14 octobre 2008

dimanche 16 novembre 2008

Christian Vanneste innocenté

Christian Vanneste innocenté

Le CPDH – Comité Protestant évangélique pour la Dignité Humaine - se réjouit de la décision de la Cour de cassation qui non seulement confirme l’article 10 de la Convention européenne des Droits de l’homme, mais restaure également une liberté d'expression qui tend à être bridée par un discours qui ne reconnaît plus vraiment la liberté d'appréciation.
Cette liberté doit pouvoir interpeler les consciences, évaluer les comportements et leur valeur pour notre société.

Ainsi, le CPDH affirme le droit à la liberté pour tous d’émettre une opinion différente au nom de convictions politiques, religieuses ou philosophiques, y compris pour ceux et celles qui pensent que la pratique homosexuelle n'est pas un facteur d'épanouissement et d’équilibre des personnes. Ce droit relève des fondements même de notre République.

Cette appréciation doit aller de pair avec le respect de la dignité des personnes elles-mêmes, qu'il ne s'agit en aucun cas de juger ou de dévaloriser.

Par contre, la confusion dialectique volontairement entretenue entre contestation du comportement homosexuel et homophobie relève de la malhonnêteté intellectuelle et de la manipulation. En innocentant Christian Vanneste, la plus haute juridiction française repositionne le débat.

Le CPDH réaffirme sa dénonciation de toutes formes de violences physiques ou d’injures à l’égard des personnes homosexuelles et appelle à l’amour du prochain et au respect de tout être humain, indépendamment de ses choix de vie personnels.

Des Juifs pour Pie XII pendant la guerre (1)

Des Juifs pour Pie XII pendant la guerre (1)

En 1944, le grand rabbin de Jérusalem, Isaac Herzog, a déclaré : « Le peuple d'Israël n'oubliera jamais ce que Pie XII et ses éminents délégués, inspirés par les principes éternels de la religion qui forment la base d'une civilisation authentique, sont en train de faire pour nos malheureux frères et sœurs, au moment le plus tragique de notre histoire. Une preuve vivante de la divine providence dans ce monde. » (lire la suite)La même année, le sergent-major Joseph Vancover a écrit : « Je voudrais vous parler de la Rome juive, d'un grand miracle : celui d'avoir trouvé des milliers de juifs à Rome. Les églises, les couvents, les religieux et les religieuses et surtout le Pape sont venus en aide aux juifs et les ont sauvés en le arrachant aux griffes des nazis et des fascites italiens qui collaboraient avc ces derniers. Cacher et nourrir des juifs pendant les mois de l'occupation allemande a nécessité de grands efforts non dénués de risques. Certains religieux ont payé de leur vie cette œuvre de sauvetage. Toute l'Église a été mobilisée à cet effet et elle a agi avec beaucoup de fidélité. Le Vatican a été le centre de toutes les opérations d'assistance et de sauvetage dans les conditions de la présence et de la domination nazies ».

Entretien avec Paolo Mieli, directeur du Corriere della Sera, L'Osservatore Romano en Langue Française, 14 octobre 2008.

samedi 15 novembre 2008

Le cancéreux et la femme de ménage

Le cancéreux et la femme de ménage

Un malade atteint du cancer arrive dans une clinique. La femme de ménage entre pour nettoyer la chambre et lui demande :
- Comment allez-vous ?
- Bien, répond-il.
- Je prie le Seigneur pour vous.
Et le malade de lui répondre :
- Ah ! non, ne priez pas pour moi ! J'ai toujours été le maître de ma vie. J'ai fait les études que je voulais. J'ai choisi la spécialité qui me plaisait. J'ai trouvé la femme de mes rêves. J'ai eu les enfants que je désirais. Je n'ai eu que des succès dans mon travail. Par conséquent, ne priez pas pour moi. Je suis le maître de ma vie. Ne priez pas pour moi.
La femme de ménage de répondre :
- Eh bien moi, je suis née dans une famille pauvre, (lire la suite) mais je suis très reconnaissante envers mes parents de m'avoir appris à être chrétienne. Je n'ai pas pu aller à l'école de mon choix, mais j'ai dû aller à l'école publique de mon quartier. Je n'ai pas pu choisir mon travail, mais j'ai dû prendre ce qui se présentait. Je remercie Dieu d'avoir trouvé un homme pour former ma famille. Je suis donc très reconnaissante envers le Seigneur. Et je continuerai de prier pour vous, mais sans vous le dire...
Tous les matins, le cancéreux se moquait d'elle quand elle arrivait :
- Alors, comme va-t-il, votre Seigneur ?
Au bout de quelques mois, les effets de la chimiothérapie se firent sentir, et l'homme put sortir de la clinique. Il prit congé de la femme de ménage en lui disant :
- Vous voyez ? Je suis maître de ma vie, je suis guéri.
Six mois plus tard, il était de retour. Et chaque matin, il continuait de se moquer de cette pauvre femme :
- Alors, comme va-t-il, votre Seigneur ?
Un jour, en entrant dans la pièce, elle vit que le malade était triste.
- Comment allez-vous ? lui demanda-t-elle.
Il répondit :
- Je n'ai pas fermé l'œil de la nuit, et j'ai beaucoup souffert. Je me rend compte que je suis sur le point d'achever ma vie. Alors je vous attendais, pour que vous me parliez de votre Seigneur.
Ce qu'elle fit. Elle ajouta :
- Vous devriez demander à l'aumônier de la clinique de vous en dire davantage.
Avec son accord, elle le fit venir. Il put se confesser, peu avant de mourir ainsi réconcilié avec Dieu.

vendredi 14 novembre 2008

L'Opus Dei sur Youtube


L'Opus Dei sur Youtube

Le 12 novembre 2008, le Service Information Communication de la Prélature de l'Opus Dei en France s'est doté d'une chaîne vidéo sur Youtube, se disant stimulé par des paroles de Jean-Paul II s'interrogeant pour savoir si de la galaxie d'image et de son qu'est l'internet, "le visage du Christ ressortira et la voix du Christ sera entendue ? (lire la suite)
J'exhorte toute l'Église à (...) à prendre le large dans les profondeurs d'Internet, afin qu'à présent, comme par le passé, le grand engagement de l'Évangile et de la culture puisse montrer au monde “la gloire de Dieu qui est sur la face du Christ” (2 Co 4, 6). Puisse le Seigneur bénir tous ceux qui œuvrent à cet objectif » (Message pour la 36e Journée mondiale des Communications sociales, 12 mai 2002).

Cette chaîne présente plusieurs dizaines de vidéos sur des initiatives apostoliques, sur l'Opus Dei, sur saint Josémaria ainsi que des témoignages.

Le purgatoire (2)

Le purgatoire (2)

N'ayant pas la sainteté de Thérèse de Ahumada ni celle de saint Josémaria, je préférerai quand même abréger au maximum le passage par le purgatoire, n'osant pas envisager ne pas m'y retrouver, bien que la Bonté de Dieu et l'aide de l'Église puissent le me concéder. Du ciel aussi il est possible de venir en aide aux pécheurs. La petite Thérèse, celle de Lisieux, écrivait à un prêtre dont les parent s'étaient décédés : « Je trouve, ma Tante, que dans ces moments de grandes tristesses, on a besoin de regarder au Ciel, au lieu de pleurer, tous sont sont dans la joie car Notre Seigneur possède un élu de plus, (lire la suite) un nouveau soleil éclaire de ses clartés les anges du Ciel, tous sont dans le ravissement de l'extase divine ils s'étonnent que nous puissions appeler mort le commencement de la vie » (« Lettre 60 à Mme Guérin », 23 août 1988, Une course de géant. Lettres (édition intégrale), Paris, 1977, p. 156). C'est une idée très exacte et très intéressante que je fais entièrement mienne. Chacun apporte une touche selon sa sensibilité, sans qu'elles s'excluent : elles se complètent plutôt.
En tout cas, le purgatoire nous situe face à la communion des saints, qui est une réalité consolante et très belle, propre à la grande famille que constituent les baptisés, lesquels intercèdent auprès de Dieu pour leurs semblables. Dire que nous nous « montons le bourrichon » avec de telles idées est faire preuve d'une ignorance crasse de la vie surnaturelle et d'une méconnaissance dramatique de la nature humaine.

(fin)

jeudi 13 novembre 2008

Le purgatoire (1)

Le purgatoire (1)

Le purgatoire est une réalité magnifique, une merveille manifeste de l'Amour et de la Miséricorde de Dieu envers ceux de ses enfants dont l'âme n'est pas totalement purifiée quand il les appelle à comparaître devant lui. Évidemment, ceux qui présument d'être saints et qui font de Dieu un « Dieu poire » en majorant sa miséricorde au détriment de la justice nient l'existence du purgatoire. Ils ont contre eux rien moins que le Catéchisme de l'Église catholique (nos 1030-1032) qui en fonde l'existence sur l'Écriture Sainte, donc sur la Parole de Dieu. Il est redoutable de s'y opposer et de la contredire...
Le purgatoire permet donc à l'âme d'achever sa purification. (lire la suite) Ce n'est certes pas une partie de plaisir. Les théologiens disent que la plus petite des souffrances y est supérieur à toutes les souffrances que nous pouvons endurer ici-bas. Ces souffrances sont tempérées par la certitude d'être admis au terme de cette purification à vivre éternellement dans la compagnie et la contemplation de Dieu.
L'Église, qui est une mère attentionnée, nous a recommandé des pratiques de piété permettant d'éviter d'aller au purgatoire ou de ne faire qu'y passer rapidement : celébration de trente messes, dites « trentain grégorien », port du scapulaire de Notre-Dame du Mont Carmel, indulgence plénière, bénédiction in articulo mortis (à l'heure de la mort) avec indulgence plénière. Je comprends bien le souhait de saint Josémaria, le fondateur de l'Opus Dei, de sauter par-dessus le purgatoire, « à la torera », à la façon du torero qui saute par-dessus la barrière entourant l'arène.
C'est pourquoi je suis resté rêveur quand j'ai lu la réflexion de la « Madre Teresa », sainte Thérèse d'Avila, à ce sujet : « Que m'importe à moi de rester jusqu'à la fin du monde en purgatoire si par ma prière je sauve une seule âme » (sainte Thérèse d'Avila, Chemin de la Perfection, chapitre 3). C'est effectivement très généreux de sa part. Elle s'stimait bien payée de sa peine avec une seule conversion. Je me souviens de saint Josémaria disant lors de grandes réunions de catéchèse qu'il animait un peu partout, qu'il s'estimerait bien payé là aussi si une seule âme avait été poussée à aller se confesser.

(à suivre...)

mercredi 12 novembre 2008

L'Apôtre Paul, un maître pour notre temps (4)

L'Apôtre Paul, un maître pour notre temps (4)

À l'époque de saint Paul, était également en cours une crise de la religion traditionnelle, tout au moins dans ses aspects mythologiques et également civiques. Après que Lucrèce, déjà un siècle auparavant, avait de manière polémique affirmé que « la religion a conduit à tant de méfaits » (De rerum natura, 1, 101), un philosophe comme Sénèque, en allant bien au-delà de tout ritualisme extérieur, enseignait que « Dieu est proche de toi, il est avec toi, il est en toi » (Lettres à Lucilius, 41, 1). De même, quand Paul s'adresse à un auditoire de philosophes épicuriens et stoïciens dans l'Aréopage d'Athènes, il dit textuellement que « Dieu... n'habite pas les temples construits par l'homme... En effet, c'est en lui qu'il nous est donné de vivre, de nous mouvoir, d'exister » (Actes 17, 24.28). Avec ces termes, il fait certainement écho à la foi juive (lire la suite) dans un Dieu qui n'est pas représentable en termes anthropomorphiques, mais il se place également sur une longueur d'onde religieuse que ses auditeurs connaissaient bien. Nous devons, en outre, tenir compte du fait que de nombreux cultes païens n'utilisaient pas les temples officiels de la ville, et se déroulaient dans des lieux privés qui favorisaient l'initiation des adeptes. Cela ne constituait donc pas un motif d'étonnement si les réunions chrétiennes (les ekklesíai), comme nous l'attestent en particulier les lettres pauliniennes, avaient lieu dans des maisons privées. À cette époque, du reste, il n'existait encore aucun édifice public. Les réunions des chrétiens devaient donc apparaître aux contemporains comme une simple variante de leur pratique religieuse plus intime. Les différences entre les cultes païens et le culte chrétien ne sont pourtant pas de moindre importance et concernent aussi bien la conscience de l'identité des participants que la participation en commun d'hommes et de femmes, la célébration de la « cène du Seigneur » et la lecture des Écritures.
En conclusion, de cette rapide vue d'ensemble du milieu culturel du premier siècle de l'ère chrétienne il ressort qu'il n'est pas possible de comprendre comme il se doit saint Paul sans le placer sur la toile de fond, aussi bien juive que païenne, de son temps. De cette manière, sa figure acquiert une force historique et idéale, en révélant à la fois les points communs et l'originalité par rapport au milieu. Mais cela vaut également pour la christianisme en général, dont l'apôtre Paul est un paradigme de premier ordre, dont nous avons encore tous beaucoup à apprendre. Tel est l'objectif de l'Année paulinienne : apprendre de saint Paul, apprendre la foi, apprendre le Christ, apprendre enfin la route d'une vie juste.

Benoît XVI, Audience générale, 2 juillet 2008.

mardi 11 novembre 2008

L'Apôtre Paul, un maître pour notre temps (3)

L'Apôtre Paul, un maître pour notre temps (3)

La vision universaliste typique de la personnalité de saint Paul, tout au moins du Paul chrétien après l'événement du chemin de Damas, doit certainement son impulsion de base à la foi en Jésus-Christ, dans la mesure où la figure du Ressuscité se place désormais au-delà de toute limitation particulariste ; en effet, pour l'apôtre « il n'y a plus ni juif ni païen, il n'y a plus esclave ni homme libre, il n'y a plus l'homme et la femme, car tous vous ne faites plus qu'un dans le Christ Jésus » (Galates 3, 28). Toutefois, la situation historique et culturelle de son époque et de son milieu ne peut elle aussi qu'avoir influencé ses choix et son engagement. Certains ont défini Paul comme l'« homme des trois cultures », en tenant compte de son origine juive, de sa langue grecque, et de sa prérogative de « civis romanus », (lire la suite) comme l'atteste également le nom d'origine latine. Il faut en particulier rappeler la philosophie stoïcienne, qui dominait à l'époque de Paul et qui influença, même si c'est de manière marginale, également le christianisme. À ce propos, nous ne pouvons manquer de citer plusieurs noms de philosophes stoïciens comme Zénon et Cléanthe, et ensuite ceux chronologiquement plus proches de Paul comme Sénèque, Musonius et Épictète : on trouve chez eux des valeurs très élevées d'humanité et de sagesse, qui seront naturellement accueillies par le christianisme. Comme l'écrit très justement un chercheur dans ce domaine, « la Stoa... annonça un nouvel idéal, qui imposait en effet des devoirs à l'homme envers ses semblables, mais qui dans le même temps le libérait de tous les liens physiques et nationaux et en faisait un être purement spirituel » (M. Pohlenz, La Stoa, I, Florence 1978, pp. 565sq). Que l'on pense, par exemple, à la doctrine de l'univers entendu comme un unique grand corps harmonieux, et en conséquence à la doctrine de l'égalité entre tous les hommes sans distinctions sociales, à l'équivalence tout au moins de principe entre l'homme et la femme, et ensuite à l'idéal de la frugalité, de la juste mesure et de la maîtrise de soi pour éviter tout excès. Lorsque Paul écrit aux Philippiens : « Tout ce qui est vrai et noble, tout ce qui est juste et pur, tout ce qui est digne d'être aimé et honoré, tout ce qui s'appelle vertu et qui mérite des éloges, tout cela, prenez-le à votre compte » (Phippiens 4, 8), il ne fait que reprendre une conception typiquement humaniste propre à cette sagesse philosophique.

(à suivre...)

lundi 10 novembre 2008

L'Apôtre Paul, un maître pour notre temps (2)

L'Apôtre Paul, un maître pour notre temps (2)

Il n'est donc pas étonnant que Paul lui-même ait été l'objet de la double évaluation, opposée, que nous avons évoquée. Une chose est certaine : le particularisme de la culture et de la religion juive trouvait sans difficulté place au sein d'une institution aussi omniprésente que l'était l'empire romain. Plus difficile et plus compliquée sera la position du groupe de ceux, juifs ou païens, qui adhéreront avec foi à la personne de Jésus de Nazareth, dans la mesure où ceux-ci se distingueront aussi bien du judaïsme que du paganisme régnant. Quoi qu'il en soit, deux facteurs favorisèrent l'engagement de Paul. Le premier fut la culture grecque ou plutôt hellénistique, qui après Alexandre le Grand était devenue le patrimoine commun de l'ouest méditerranéen et du Moyen-Orient, tout en intégrant en elle de nombreux éléments des cultures de peuples traditionnellement jugés barbares. (lire la suite) À cet égard, l'un des écrivains de l'époque affirme qu'Alexandre « ordonna que tous considèrent comme patrie l'œkoumène tout entier... et que le Grec et le Barbare ne se différencient plus » (Plutarque, De Alexandri Magni fortuna aut virtute, 6.8). Le deuxième facteur fut la structure politique et administrative de l'empire romain, qui garantissait la paix et la stabilité de la Britannia jusqu'à l'Égypte du sud, unifiant un territoire aux dimensions jamais vues auparavant. Dans cet espace, il était possible de se déplacer avec une liberté et une sécurité suffisantes, en profitant, entre autres, d'un système routier extraordinaire, et en trouvant en chaque lieu d'arrivée des caractéristiques culturelles de base qui, sans aller au détriment des valeurs locales, représentaient cependant un tissu commun d'unification vraiment super partes, si bien que le philosophe juif Philon d'Alexandrie, contemporain de Paul, loue l'empereur Auguste car « il a composé en harmonie tous les peuples sauvages... en se faisant le gardien de la paix » (Legatio ad Caium, 146-147).

(à suivre...)

dimanche 9 novembre 2008

L'Apôtre Paul, un maître pour notre temps (1)

L'Apôtre Paul, un maître pour notre temps (1)

(Le pape Benoît XVI nous dit :)
Je voudrais entamer aujourd'hui un nouveau cycle de catéchèses, dédié au grand Apôtre saint Paul. C'est à lui, comme vous le savez, qu'est consacrée cette année qui s'étend de la fête liturgique des saints Pierre et Paul du 29 juin 2008 jusqu'à la même fête de 2009. L'apôtre Paul, figure extraordinaire et presque inimitable, mais pourtant stimulante, se présente à nous comme un exemple de dévouement total au Seigneur et à son Église, ainsi que de grande ouverture à l'humanité et à ses cultures. Il est donc juste que nous lui réservions une place particulière, non seulement dans notre vénération, (lire la suite) mais également dans l'effort de comprendre ce qu'il a à nous dire à nous aussi, chrétiens d'aujourd'hui. Au cours de cette première rencontre, nous voulons nous arrêter pour prendre en considération le milieu dans lequel il vécut et œuvra. Un thème de ce genre semblerait nous conduire loin de notre époque, vu que nous devons nous replacer dans le monde d'il y a deux mille ans. Mais toutefois cela n'est vrai qu'en apparence et seulement en partie, car nous pourrons constater que, sous divers aspects, le contexte socio-culturel d'aujourd'hui ne diffère pas beaucoup de celui de l'époque.
Un facteur primordial et fondamental qu'il faut garder à l'esprit est le rapport entre le milieu dans lequel Paul naît et se développe et le contexte global dans lequel il s'inscrit par la suite. Il provient d'une culture bien précise et circonscrite, certainement minoritaire, qui est celle du peuple d'Israël et de sa tradition. Dans le monde antique et particulièrement au sein de l'empire romain, comme nous l'enseignent les spécialistes en la matière, les juifs devaient correspondre à environ 10% de la population totale ; mais ici à Rome, vers la moitié du Ier siècle, leur nombre était encore plus faible, atteignant au maximum 3% des habitants de la ville. Leurs croyances et leur style de vie, comme cela arrive encore aujourd'hui, les différenciaient nettement du milieu environnant; et cela pouvait avoir deux résultats : ou la dérision, qui pouvait conduire à l'intolérance, ou bien l'admiration, qui s'exprimait sous diverses formes de sympathie comme dans le cas des « craignants Dieu » ou des « prosélytes », païens qui s'associaient à la Synanogue et partageaient la foi dans le Dieu d'Israël. Comme exemples concrets de cette double attitude nous pouvons citer, d'une part, le jugement lapidaire d'un orateur tel que Cicéron, qui méprisait leur religion et même la ville de Jérusalem (cf. Pro Flacco, 66-69) et, de l'autre, l'attitude de la femme de Néron, Popée, qui est rappelée par Flavius Josèphe comme « sympathisante » des Juifs (cf. Antiquités juives 20, 195.252; Vie 16), sans oublier que Jules César leur avait déjà officiellement reconnu des droits particuliers qui nous ont été transmis par l'historien juif Flavius Josèphe (cf. ibid. 4, 200-216). Il est certain que le nombre de juifs, comme du reste c'est le cas aujourd'hui, était beaucoup plus important en dehors de la terre d'Israël, c'est-à-dire dans la diaspora, que sur le territoire que les autres appelaient Palestine.

(à suivre...)

samedi 8 novembre 2008

Les actions de Pie XII pour les Juifs

Les actions de Pie XII pour les Juifs

Parmi les nombreuses accusations - selon moi pas totalement justifiées - on a notamment reproché à Pacelli d'avoir adouci, d'avoir atténué le ton de l'encyclique « Mit Bredenner Sorge ». En réalité, en examinant l'action de Pacelli sous l'angle historique, je rappellerai certains détails. Au début de la guerre, il a critiqué l'apathie de l'Église française face à la domination des nazis sur la France de Vichy. Ensuite, il a critiqué l'antisémitisme - évident celui-là - du Slovaque Mgr Josef Tiso. (lire la suite) Il s'est montré disponible et même a apporté son aide avec un courage téméraire - comme le raconte bien Renato Moro dans son livre « L'Église et l'extermination des Juifs », édité par Il Mulino - à des complots contre Hitler entre 1939 et 1940. Je continue : lorsqu'en juin 1941, l'Union soviétique a été envahie par l'Allemagne, il y avait dans le monde occidental une certaine réticence à nouer des accords avec ceux qui avaient jusqu'alors combattu aux côtés de l'Allemagne nazie. Pie XII a en revanche beaucoup fait pour faciliter une alliance entre Grande-Bretagne, États-Unis et Union soviétique.

Puis vient l'épisode le plus important : pendant l'occupation des nazis à Rome - comme le racontent le célèbre livre d'Enzo Forcella, « La résistence au couvent », édité par Einaudi, et celui d'Andrea Riccardi, « L'hiver le plus long », publié il y a peu chez Laterza - l'Église s'est mise tout entière à disposition. La quasi totalité des basiliques, églises, séminaires et couvents a hébergé et aidé les juifs. Si bien qu'à Rome, 2000 juifs ont été déportés mais 10 000 ont pu être sauvés. Maintenant je ne dis pas que c'est l'Église de Pie XII qui a sauvé ces 10 000. Néanmoins, l'Église a certainement contribué à sauver la majorité d'entre eux. Il est impossible que le Pape n'ait pas su ce que faisaient ses prêtres et ses religieuses. Il en résulte que pendant des années - on dispose de dizaines de citations - des personnalités de premier ordre du monde hébraïque ont reconnu ce mérite en l'attribuant explicitement à Pie XII.

Entretien avec Paolo Mieli, directeur du Corriere della Sera, L'Osservatore Romano en Langue Française, 14 octobre 2008.

vendredi 7 novembre 2008

La mauvaise conscience envers Pie XII

La mauvaise conscience envers Pie XII

(La haine envers Pie XII viendrait-elle d'une mauvaise conscience ?)

Je crois que oui. Il n'y a pas d'autre explication. La vérité, c'est que la haine envers Pie XII est née dans un contexte précis : le début de la guerre froide. Rappelons que le c'est le Pape qui, en 1948, a rendu possible la victoire de la Démocratie chrétienne en Italie. Je suis sûr que les accusations portées contre lui expriment une haine née dans la seconde moitié des années 40 et pendant les années 50. La littérature hostile à Pie XII fait suite à la fin de la guerre. (lire la suite) En Italie, elle naît après l'éclatement du gouvernement d'union nationale de 1947 et mûrit tout au long des années 50 de manière plus vive. Tout ce dépôt de haine ou de forte aversion est apparu les années suivantes. Du reste, si c'était sorti tout de suite, les juifs qui avaient eu la vie sauve grâce à cette Église, n'auraient pas permis que soit dit ou écrit ce qui l'a été. Comme c'est sorti vingt ou trente ans plus tard, tous les témoins, tous ceux qui avaient été sauvés - des milliers de personnes - n'étaient plus là, et la nouvelle génération, leurs enfants, a absorbé ces accusations. Et qui a résisté, qui résiste encore à ces accusations ? Les historiens.
La légende noire est donc une affaire de mauvaise conscience.

Entretien avec Paolo Mieli, directeur du Corriere della Sera, L'Osservatore Romano en Langue Française, 14 octobre 2008.