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mercredi 14 mai 2008

Tertullien (3)

Tertullien (3)

Du point de vue humain, on peut sans aucun doute parler d'un drame de Tertullien. Au fil des années, il devint toujours plus exigeant à l'égard des chrétiens. Il prétendait d'eux en toute circonstance, et en particulier dans les persécutions, un comportement héroïque. Rigide dans ses positions, il n'épargnait pas de lourdes critiques et finit inévitablement par se retrouver isolé. Du reste, aujourd'hui encore, de nombreuses questions restent en suspens, non seulement sur la pensée théologique et philosophique de Tertullien, mais également sur son attitude à l'égard des institutions politiques et de la société païenne. Cette grande personnalité morale et intellectuelle, (lire la suite) cet homme qui a apporté une si grande contribution à la pensée chrétienne, me fait beaucoup réfléchir. On voit qu'à la fin, il lui manque la simplicité, l'humilité de s'insérer dans l'Église, d'accepter ses faiblesses, d'être tolérant avec les autres et avec lui-même. Lorsque l'on ne voit plus que sa propre pensée dans sa grandeur, à la fin, c'est précisément cette grandeur qui se perd. La caractéristique essentielle d'un grand théologien est l'humilité de demeurer avec l'Église, d'accepter les faiblesses de celle-ci ainsi que les siennes, car seul Dieu est réellement entièrement saint. Nous avons en revanche toujours besoin du pardon.
En définitive, l'Africain demeure un témoin intéressant des premiers temps de l'Église, lorsque les chrétiens étaient alors les authentiques sujets d'une « nouvelle culture » dans la confrontation rapprochée entre l'héritage classique et le message évangélique. C'est à lui que l'on doit la célèbre affirmation selon laquelle notre âme « est naturalisée chrétienne » (Apologétique 17, 6), dans laquelle Tertullien évoque l'éternelle continuité entre les authentiques valeurs humaines et les valeurs chrétiennes ; et également cette autre réflexion, directement empruntée à l'Évangile, selon laquelle « le chrétien ne peut pas même haïr ses propres ennemis » (cf. Apologétique 37), dans laquelle la conséquence morale, inéluctable, du choix de foi, propose la « non violence » comme règle de vie: personne ne peut manquer de voir l'actualité dramatique de cet enseignement, également à la lumière du vif débat sur les religions.
En somme, dans les écrits de l'Africain, on retrouve de nombreux thèmes qu'aujourd'hui encore, nous sommes appelés à affronter. Ceux-ci nous appellent à une féconde recherche intérieure, à laquelle j'exhorte tous les fidèles, afin qu'ils sachent exprimer de manière toujours plus convaincante la Règle de la foi, celle - pour revenir encore une fois à Tertullien - « selon laquelle nous croyons qu'il existe un seul Dieu, et personne en dehors du Créateur du monde : il a tiré chaque chose du néant au moyen de son Verbe, engendré avant toute chose » (La prescription des hérétiques 13, 1).

Benoît XVI, Audience générale, 30 mai 2007.