Le baptême des petits enfants
Le baptême des petits enfants
Au temps de sainte Geneviève (VIe siècle), comme au temps d’Eudes de Sully, de saint Thomas et de saint Louis (XIIIe siècle), les Parisiens avaient une autre vision de la portée de ce sacrement. Deux fois l’an seulement, à Pâques, car le baptême est participation à la résurrection du Christ, et à la Pentecôte, car c’est encore la fête de Pâques et que le baptême donne la lumière et la force de l’Esprit Saint, on amenait à l’évêque la foule des petits enfants nés dans l’année. L’évêque les recevait dans son église baptistère, Saint-Jean-le-Rond, contre Notre-Dame, au cours d’une solennelle célébration qui rassemblait un grand concours de peuple pour accueillir ces nouveaux chrétiens dans l’Eglise de Paris. (lire la suite) Il les baptisait en les plongeant dans la piscine du baptistère. Le baptême était une grande fête annuelle du temps pascal, autour de l’évêque bâtissant son peuple en Jésus-Christ ressuscité. Comme la mortalité infantile était grande, Eudes de Sully (évêque de 1196 à 1208) rappelle dans ses statuts synodaux « qu’en cas de grande nécessité, le père et la mère baptisent eux-mêmes leur enfant et qu’on doit souvent le rappeler en chaire ». C’est dire que la plupart des prêtres urbains ne reçoivent pas le droit de baptiser. « Père » et Pasteur de son Peuple, l’évêque se réserve ce droit.Ce n’est qu’au cours du XIVe siècle et surtout du XVe, que, de plus en plus, on baptise dans les paroisses et plusieurs fois dans l’année, chaque fois qu’une naissance le rend nécessaire. En 1311, on fait un devoir aux sages-femmes de baptiser les enfants en danger et au curé de « compléter » les cérémonies à l’église. La peur du jugement de l’enfant mort sans baptême influence la pratique sacramentelle. C’est à ce moment que l’on prend l’habitude de ne plus plonger l’enfant dans le bain baptismal, mais de lui verser un peu d’eau sur la tête. Cependant, on peut voir encore à Saint-Pierre-de-Montmartre une « baignoire » en marbre du XVIe siècle pour le baptême des enfants. C’est vers cette époque aussi, ou un peu plus tôt, que l’on cesse de faire communier les enfants le jour de leur baptême, en leur donnant une goutte du sang du Christ.
B. Violle, Paris, son Eglise, 1. Histoire, Paris, Cerf, 2004, p. 63-65.