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lundi 24 novembre 2008

Saint Clément, évêque de Rome (2)

Saint Clément, évêque de Rome (2)

La lettre de Clément reprend des thèmes chers à saint Paul, qui avait écrit deux longues lettres aux Corinthiens, en particulier la dialectique théologique, éternellement actuelle, entre l'indicatif du salut et l'impératif de l'engagement moral. Il y a avant tout l'heureuse annonce de la grâce qui sauve. Le Seigneur nous prévient et nous donne le pardon, il nous donne son amour, la grâce d'être chrétiens, ses frères et sœurs. C'est une annonce qui remplit notre vie de joie et qui donne de l'assurance à notre action : le Seigneur nous prévient toujours avec sa bonté et la bonté du Seigneur est toujours plus grande que tous nos péchés. (lire la suite) Il faut cependant que nous nous engagions de manière cohérente avec le don reçu et que nous répondions à l'annonce de salut par un chemin généreux et courageux de conversion. Par rapport au modèle paulinien, la nouveauté est que Clément fait suivre la partie doctrinale et la partie pratique, qui étaient constitutives de toutes les lettres pauliniennes, par une « grande prière » qui conclut pratiquement la lettre.
L'occasion immédiate de la lettre donne à l'évêque de Rome la possibilité d'une ample intervention sur l'identité de l'Église et sur sa mission. S'il y eut des abus à Corinthe, observe Clément, le motif doit être recherché dans l'affaiblissement de la charité et d'autres vertus chrétiennes indispensables. C'est pourquoi il rappelle les fidèles à l'humilité et à l'amour fraternel, deux vertus véritablement constitutives de l'existence dans l'Église : « Nous sommes une portion sainte, avertit-il, nous accomplissons donc tout ce que la sainteté exige » (30, 1). En particulier, l'évêque de Rome rappelle que le Seigneur lui-même « a établi où et par qui il désire que les services liturgiques soient accomplis, afin que chaque chose, faite de façon sainte et avec son accord, soit conforme à sa volonté... En effet, au prêtre suprême ont été confiées des fonctions liturgiques qui lui sont propres, pour les prêtres a été établie la place qui leur est propre, et aux lévites reviennent des services spécifiques. L'homme laïc est lié à l'organisation laïque » (40, 1-5 : notons qu'ici, dans cette lettre de la fin du I siècle, apparaît pour la première fois dans la littérature chrétienne le terme grec laikós qui signifie « membre du laos », c'est-à-dire « du peuple de Dieu »).
De cette façon, en se référant à la liturgie de l'antique Israël, Clément dévoile son idéal d'Église. Celle-ci est rassemblée par l'« unique Esprit de grâce répandu sur nous » qui souffle dans les divers membres du Corps du Christ, dans lequel tous, unis sans aucune séparation, sont « membres les uns des autres » (46, 6-7). La nette distinction entre le « laïc » et la hiérarchie ne signifie en aucune manière une opposition, mais uniquement ce lien organique d'un corps, d'un organisme, avec ses diverses fonctions. En effet, l'Église n'est pas un lieu de confusion, ni d'anarchie, où chacun peut faire ce qu'il veut à tout instant : dans cet organisme, à la structure articulée, chacun exerce son ministère selon la vocation reçue. En ce qui concerne les chefs de la communauté, Clément explique clairement la doctrine de la succession apostolique. Les normes qui la régissent découlent en ultime analyse de Dieu lui-même. Le Père a envoyé Jésus-Christ, qui à son tour a envoyé les Apôtres. Puis, ceux-ci ont envoyé les premiers chefs des communautés et ils ont établi que d'autres hommes dignes leur succèdent. Tout procède donc « de façon ordonnée de la volonté de Dieu » (42). A travers ces paroles, avec ces phrases, saint Clément souligne que l'Église possède une structure sacramentelle et non une structure politique. L'action de Dieu qui vient à notre rencontre dans la liturgie précède nos décisions et nos idées. L'Église est surtout un don de Dieu et non pas notre créature, et c'est pourquoi cette structure sacramentelle ne garantit pas seulement l'organisation commune, mais également la pré-éminence du don de Dieu, dont nous avons tous besoin.

(à suivre...)

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