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samedi 17 mars 2007

La crainte de Dieu


La crainte de Dieu

De la crainte révérentielle à la crainte filiale

L’Ancien Testament insiste sur la crainte de Dieu, notamment dans le Livre de l’Ecclésiastique ou de ben Sirac le Sage. Nous y lisons, en effet, que nul « n’est plus grand que celui qui craint le Seigneur » (Siracide 10, 23) et que pour tous, « riche, noble et pauvre, leur gloire est la crainte du Seigneur » (Siracide 10, 21). Celui qui a trouvé la sagesse est certes grand, « pourtant il n’est pas au-dessus de celui qui craint le Seigneur » (Siracide 25, 10). L’auteur sacré en précise cette fois la raison : « La crainte du Seigneur surpasse tout ; celui qui la possède, à qui le comparer ? La crainte du Seigneur est le commencement de son amour, (lire la suite) et la foi est le commencement de l’attachement à Dieu » (Siracide 25, 11).
Le prophète Isaïe annonce la venue du Messie, une « pousse du tronc de Jessé », sur qui « reposera l’Esprit de Yahvé, esprit de sagesse et d’intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de science et de crainte de Yahvé » (Isaïe 11, 1-2), auxquels s’ajoute l’esprit de piété. Ce sont les sept dons du Saint-Esprit, « dispositions permanentes qui rendent l’homme docile à suivre les impulsions de l’esprit Saint » (Catéchisme de l’Église catholique, n° 1830).
Saint Paul dira aux chrétiens de Rome : « Vous n’avez pas reçu un esprit de servitude pour retomber dans la crainte, mais vous avez reçu un esprit de fils adoptifs » (Romains 8, 15). Et il précise à son fidèle disciple Timothée : « Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de force, de charité et de pondération » (2 Timothée 1, 7).
Une crainte révérentielle. Dans quel sens faut-il craindre Dieu ? Quand Yahvé apparaissait dans sa gloire, il y avait de quoi être impressionné : « Tout le peuple percevait les tonnerres, les flammes et le son de la trompette ainsi que la montagne fumante ; à ce spectacle, il frissonnait et se tenait à distance » (Exode 20, 18). C’était en vérité un spectacle terrifiant ! Dieu est si élevé, tellement au-dessus de notre condition de créature humaine, que sa présence nous serait insoutenable. Dieu dit à Moïse : « Tu ne pourras voir ma face, car l’homme ne peut me voir et vivre » (Exode 33, 20) et pourtant « Yahvé parlait à Moïse face à face, comme un homme parle à son ami » (Exode 33, 11).
La crainte qu’inspire un Dieu qui accompagne le peuple hébreu dans une colonne de feu la nuit et dans une colonne de nuée le jour (cf. Exode 13, 21-22), ou qui apparaît à Moïse sur la montagne au milieu « des tonnerres, des éclairs, une nuée épaisse sur la montagne, et des sonneries de trompettes très éclatantes » (Exode 19, 16), cette crainte est bien compréhensible. D’autant que les Hébreux — et les hommes en général — ne connaissaient pas encore la paternité si admirable de Dieu. Un tel Dieu, qui combattait avec son peuple, au nom duquel s’écroulèrent les murailles de Jéricho (cf. Josué 6, 20), ne pouvait être que craint. En voyant les prodiges qui intervenaient sur le Sinaï, le peuple dit à Moïse : « Parle-nous, toi, et nous t’écouterons ; mais que Dieu ne nous parle pas, de peur que nous ne mourions. » Moïse répondit au peuple : « Ne craignez pas, car c’est pour vous mettre à l’épreuve que Dieu est venu, et pour que vous gardiez sa crainte, afin que vous ne péchiez pas » (Exode 20, 19-20).
La vision d’un ange produisait déjà un effet saisissant : « Nous allons certainement mourir, car nous avons vu Dieu », dit Manoah après avoir vu un messager divin. Ce à quoi sa femme répond : « Si Yahvé voulait nous faire mourir, il n’aurait pas reçu de nos mains l’holocauste et l’oblation, il ne nous aurait pas fait voir tout cela, et à cette heure il ne nous aurait pas fait entendre de pareilles choses » (Juges 13, 22-23).
De plus, il est écrit : « Tu es redoutable, toi ! Qui pourrait tenir devant toi, à cause de la violence de ta colère ? […] La terre, saisie de crainte, s’est tenue tranquille, lorsque Dieu s’est levé pour faire justice, pour sauver tous les humbles du pays » (Psaume 76 [75], 8-10). C’est plus qu’une lueur d’espoir que laisse entrevoir ce dernier verset, c’est un changement de perspective, propre aux petits et aux enfants de Dieu.

(à suivre…)

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