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dimanche 22 avril 2007

La commemoration de la Shoah


La commémoration de la Shoah


La Shoah est commémorée cette semaine au mémorial de Yad Vashem à Jérusalem. Le représentant du Saint-Siège sur place, Monseigneur Antonio Franco, a fait savoir dans un premier temps qu'il ne participerait pas à cette célébration à cause de la façon dont le pape Pie XII y est présenté. En effet, une photo du pape le présente parmi ceux "dont on devrait avoir honte pour ce qu'ils ont fait contre les Juifs". "Cette photo offense toute l'Église catholique", écrit Mgr Franco au directeur du mémorial.
Même si Mgr Franco est revenu sur son refus, une telle présentation de Pie XII est non seulement regrettable, mais une atteinte à la vérité historique. (lire la suite)
On peut déplorer que des hommes qui entendent faire mémoire du passé aient la mémoire courte. Les Juifs contemporains des événements sont les mieux placés pour juger, dans le contexte de la deuxième Guerre mondial et la psychologie du moment, quelle fut l'attitude réelle de Pie XII.

Einstein déclara, dans un article publié dans Time magazine en décembre 1940, que "l'Église catholique a été la seule à élever la voix contre l'assaut mené par Hitler contre la liberté. Jusqu'à cette époque, l'Église n'avait jamais retenu mon attention, mais aujourd'hui j'exprime ma grande admiration et mon profond attachement envers cette Église qui, seule, a eu le courage de lutter pour les libertés morales et spirituelles". En 1943, Chaim Weizmann, qui devait devenir le premier président de l'État d'Israël, écrivit que "le Saint-Siège est en train d'apporter son aide puissante partout où il le peut, afin d'atténuer le sort de mes co-religionnaires persécutés". Moshe Sharett, second premier ministre d'Israël, rencontra Pie XII à la fin de la guerre et, a-t-il déclaré, "je lui ai dit que mon premier devoir était de le remercier, et à travers lui l'Église catholique, au nom du peuple Juif pour tout ce qu'ils avaient fait dans les différents pays pour sauver les Juifs". Le rabbin Isaac Herzog, principal rabbin d'Israël, envoya un message en février 1944 rédigé en ces termes : "Le peuple d'Israël n'oubliera jamais que Sa Sainteté et ses illustres délégués, inspirés par les principes éternels de religion, qui forment les fondations d'une véritable civilisation, font pour nos frères et sœurs infortunés dans l'heure la plus tragique de notre histoire, qui est une preuve vivante de la divine Providence en ce monde". En septembre 1945, Leon Kubowitzky, secrétaire général du Congrès juif mondial fit un don de 20 000 $ aux œuvres charitables du Vatican "en reconnaissance pour le travail du Saint-Siège pour sauver des Juifs des persécutions fasciste et nazie".
Dès avril 1945, "le congrès des communautés israélites d'Italie adressa à Pie XII un message de gratitude pour son action protectrice. En 1946, soixante-dix Juifs rescapés des camps de déportation se rendirent à Rome, animés des mêmes sentiments. En 1955, c'est un orchestre de quatre-vingt-quatorze musiciens juifs originaires de quatorze pays qui vont au Vatican donner un concert en "remerciement pour l'œuvre humanitaire grandiose accomplie par Sa Sainteté pour suaver un grand nombre de Juifs pendant la deuxième Guerre mondiale". Le palais de l'actuelle nonciature à Rome près la République italienne est un don du sénateur Lévi à Pie XII en remerciement de tout ce que le Pape avait fait pour les Juifs, hébergés, comme partout en Europe, dans des monastères, des séminaires jusque dans le Palais de Castel Gandolfo, voire enrôlés dans la Garde suisse du Vatican !" (J.-B. d'Onorio, Pie XII et la Cité, Téqui, Presses Universitaires d'Aix-Marseille, 1988, p. 46-48, à qui j'emprunte aussi les exemples qui suivent).

(à suivre...)

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