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vendredi 29 juin 2007

Pierre, le roc sur lequel le Christ a fonde l'Eglise


Pierre, le roc sur lequel le Christ a fondé l'Église

(...) L'évangéliste Jean, racontant la première rencontre de Jésus avec Simon, frère d'André, souligne un fait singulier : Jésus, "posa son regard sur lui et dit : "Tu es Simon, fils de Jean ; tu t'appelleras Képha" (ce qui veut dire : pierre)" (Jean 1, 42). Jésus n'avait pas l'habitude de changer le nom de ses disciples : à l'exception de la dénomination de "fils du tonnerre", (lire la suite) adressée dans une circonstance précise aux fils de Zébédée (cf. Marc 3, 17) et qui ne fut plus utilisée par la suite, Il n'a jamais attribué un nouveau nom à l'un de ses disciples. Il l'a fait en revanche avec Simon, l'appelant Kephas, un nom qui fut ensuite traduit en grec Petros, en latin Petrus, et il fut traduit précisément parce qu'il ne s'agissait pas seulement d'un nom ; c'était un "mandat", que Petrus recevait de cette façon du Seigneur. Le nouveau nom Petrus reviendra plusieurs fois dans les Évangiles et finira par supplanter le nom originel Simon.
Cette information acquiert une importance particulière si l'on tient compte du fait que, dans l'Ancien Testament, le changement du nom préfigurait en général une mission qui est confiée (cf. Genèse 17, 5 ; 32, 28sq. etc.). De fait, la volonté du Christ d'attribuer à Pierre une importance particulière au sein du Collège apostolique résulte de nombreux indices : à Capharnaüm, le Maître va loger dans la maison de Pierre (Marc 1, 29) ; lorsque la foule se presse autour de lui sur les rives du lac de Génésareth, entre les deux barques qui y sont amarrées, Jésus choisit celle de Simon (Luc 5, 3) ; lorsque, dans des circonstances particulières, Jésus ne se fait accompagner que par trois disciples, Pierre est toujours rappelé comme le premier du groupe : c'est le cas lors de la résurrection de la fille de Jaïre (cf. Marc 5, 37 ; Luc 8, 51), de la Transfiguration (cf. Marc 9, 2 ; Matthieu 17, 1 ; Luc 9, 28) et enfin, au cours de l'agonie dans le Jardin du Gethsémani (cf. Marc 14, 33 ; Matthieu 26, 37). Et encore : c'est à Pierre que s'adressent les percepteurs de la taxe du Temple, et le Maître paie pour lui-même et pour Pierre uniquement (cf. Matthieu 17, 24-27) ; c'est à Pierre qu'Il lave les pieds en premier lors de la Dernière Cène (cf. Jean 13, 6) et c'est seulement pour lui qu'il prie afin que sa foi ne disparaisse pas et qu'il puisse ensuite confirmer en celle-ci les autres disciples (cf. Luc 22, 30-31).
Du reste, Pierre lui-même est conscient de sa position particulière : c'est lui qui souvent, également au nom des autres, parle en demandant l'explication d'une parabole difficile (Matthieu 15, 15), ou le sens exact d'un précepte (Matthieu 18, 21), ou bien encore la promesse formelle d'une récompense (Matthieu 19, 27). C'est lui en particulier qui résout certaines situations embarrassantes en intervenant au nom de tous. Ainsi, lorsque Jésus, attristé en raison de l'incompréhension de la foule après le discours sur le "pain de vie", demande : "Voulez-vous partir vous aussi ?" la réponse de Pierre est ferme : "Seigneur, vers qui pourrions-nous aller ? Tu as les paroles de la vie éternelle" (cf. Jean 6, 67-69). C'est également de manière décidée qu'il prononce la profession de foi, encore au nom des Douze, dans les environs de Césarée de Philippe. À Jésus qui demande : "Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ?" Pierre répond : "Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant !" (Matthieu 16, 15-16). En réponse, Jésus prononce alors la déclaration solennelle qui définit, une fois pour toutes, le rôle de Pierre dans l'Église : "Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église... Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux : tout ce que tu auras lié sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu auras délié sur la terre sera délié dans les cieux" (Matthieu 16, 18-19). Les trois métaphores auxquelles Jésus a recours sont en elles-mêmes très claires : Pierre sera le fondement rocheux sur lequel reposera l'édifice de l'Église ; il aura les clefs du Royaume des cieux pour ouvrir ou fermer à qui lui semblera juste; enfin, il pourra lier ou délier, au sens où il pourra établir ou interdire ce qu'il considérera nécessaire pour la vie de l'Église, qui est et qui demeure au Christ. Elle est toujours l'Église du Christ, et non de Pierre. C'est ainsi qu'est décrit par des images d'une évidence plastique ce que la réflexion successive appellera le "primat de juridiction". (à suivre...)

Benoît XVI, Audience générale, 7 juin 2006.

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