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mercredi 27 juin 2007

Saint Pierre, le pecheur (suite)


Pierre, le pêcheur (suite)

Pierre vivra un autre moment significatif de son chemin spirituel aux alentours de Césarée de Philippe, lorsque Jésus pose une question précise aux disciples : "Pour les gens, qui suis-je ?" (Marc 8, 27). Jésus ne se contente cependant pas de la réponse par ouï-dire. Il attend de la part de ceux qui ont accepté de s'engager personnellement avec Lui une prise de position personnelle. C'est pourquoi, il insiste : "Pour vous, qui suis-je ?" (Marc 8, 29). Et Pierre répond également au nom des autres : "Tu es le Christ" (ibid.), c'est-à-dire le Messie. Cette réponse de Pierre, "ce n'est pas la chair et le sang qui [lui] ont révélé cela", mais elle lui fut donnée par le Père qui est aux cieux (cf. Matthieu 16, 17), et elle contient comme en germe la future confession de foi de l'Église. (lire la suite) Toutefois, Pierre n'avait pas encore compris le contenu profond de la mission messianique de Jésus, le nouveau sens de ce mot : Messie. Il le démontre peu après, en laissant comprendre que le Messie qu'il poursuit dans ses rêves est très différent du véritable projet de Dieu. Devant l'annonce de la passion, il se scandalise et proteste en suscitant la vive réaction de Jésus (cf. Marc 8, 32-33). Pierre veut un Messie "homme divin", qui accomplisse les attentes des gens en imposant sa puissance à tous : c'est également notre désir que le Seigneur impose sa puissance et transforme immédiatement le monde; Jésus se présente comme le "Dieu humain", le serviteur de Dieu, qui bouleverse les attentes de la foule en prenant un chemin d'humilité et de souffrance. C'est la grande alternative, que nous aussi, nous devons toujours apprendre à nouveau : privilégier nos propres attentes en repoussant Jésus ou accueillir Jésus dans la vérité de sa mission et mettre de côté les attentes trop humaines. Pierre - impulsif comme il l'est - n'hésite pas à prendre Jésus à part et à lui faire des reproches. La réponse de Jésus anéantit toutes ses fausses attentes, lorsqu'il le rappelle à la conversion et à le suivre : "Passe derrière moi, satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes" (Marc 8, 33). Ce n'est pas à toi de m'indiquer la route, moi, je choisis mon chemin, et toi, remets-toi à ma suite.
Pierre apprend ainsi ce que signifie véritablement suivre Jésus. C'est son deuxième appel, semblable à celui d'Abraham dans Genèse 22, après celui de Genèse 12: "Si quelqu'un veut marcher derrière moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix, et qu'il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie pour moi et pour l'Évangile la sauvera" (Marc 8, 34-35). C'est la loi exigeante de la sequela Christi : il faut savoir renoncer, si nécessaire, au monde entier pour sauver les vraies valeurs, pour sauver son âme, pour sauver la présence de Dieu dans le monde (cf. Marc 8, 36-37). Bien qu'avec difficulté, Pierre accueille l'invitation et poursuit son chemin sur les traces du Maître.
Et il me semble que ces diverses conversions de saint Pierre et sa figure tout entière sont un grand réconfort et un grand enseignement pour nous. Nous aussi, nous avons le désir de Dieu, nous aussi, nous voulons être généreux, mais nous aussi, nous attendons que Dieu soit fort dans le monde et transforme immédiatement le monde selon nos idées, selon les besoins que nous constatons. Dieu choisit une autre voie. Dieu choisit la voie de la transformation des cœurs dans la souffrance et dans l'humilité. Et nous, comme Pierre, nous devons toujours nous convertir à nouveau. Nous devons suivre Jésus et non pas le précéder : c'est Lui qui nous montre la route. Ainsi, Pierre nous dit : Tu penses connaître la recette et devoir transformer le christianisme, mais c'est le Seigneur qui connaît le chemin. C'est le Seigneur qui me dit, qui te dit : Suis-moi ! Et nous devons avoir le courage et l'humilité de suivre Jésus, car Il est le Chemin, la Vérité, et la Vie.

Benoît XVI, Audience générale, 17 mai 2006.

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