Mission impossible (6)
Jérémie doit donc s’armer de courage pour affronter, près de la porte du temple (cf. Jérémie 7, 2), le roi, les prêtres et le peuple lui-même. Il ne va pas les flatter ni prophétiser dans le sens du poil, conformément à ce qu’ils attendent, mais annoncer malheur sur malheur, des châtiments l’un après l’autre, s’ils refusent de revenir au Seigneur. Jérémie qui, au moment où il reçut sa vocation, se sentait déjà écrasé par la tâche, car, reconnaissait-il, « je ne sais pas parler, car je suis un enfant » (Jérémie 1, 6) – tout comme Moïse n’était que trop conscient du handicap que constituait son bégayement –, doit prêcher inlassablement des événements particulièrement désagréables et douloureux. Mais, « vers ceux à qui je t’enverrai tu iras, et tout ce que je t’ordonnerai, tu le diras » (Jérémie 1, 7).
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C’est ce que Dieu attend de l’instrument qu’il a choisi, aussi inepte puisse-t-il être et se sentir. C’est ce que celui-ci doit faire, en se laissant aider par la grâce. Et ce, indépendamment du manque de reconnaissance sociale et du fait d’apparaître toujours comme l’empêcheur de tourner en rond.
Et ce qui devait arriver arriva, conformément à la Parole de Dieu : « Le roi Sédécias […] – Nabuchodonosor l’avait établi roi sur le pays de Judas – […] n’écouta point, ni lui, ni ses serviteurs, ni le peuple du pays, les paroles que le Seigneur avait prononcées par Jérémie, le prophète » (Jérémie 37, 1-2).
Quant à Jérémie, il se retrouva en prison (cf. Jérémie 37, 11-15).
La vie du prophète devait connaître bien d’autres péripéties. Il n’évitera pas un moment de découragement et la tentation de fuir le monde idolâtre et irrespectueux des commandements de Dieu. Mais le Seigneur l’assistera toujours. Et lui, infatigable ouvrier de la vigne, il continuera d’assumer sa mission impossible.
Jérémie terminera sa vie en Égypte, pays avec lequel le roi a conclu une alliance, en contradiction avec les oracles du Dieu des armées, et où il a emmené avec lui Jérémie contre son gré.
Le jour arrivera, mais qui se fera attendre longtemps encore, où le Saint de Dieu viendra habiter parmi son peuple. La venue du Messie est rendue possible par des hommes comme Moïse et Jérémie qui ont fait confiance à la Parole de Dieu envers et contre tout et qui n’ont pas cherché le succès humain, mais uniquement à plaire à Dieu. Ce sont pour nous des exemples qui doivent nous guider dans la tâche de la nouvelle évangélisation pour laquelle le Seigneur continue de nous envoyer « comme des brebis au milieu des loups » (Matthieu 10, 15). Qu’importe ! Ils peuvent bien hurler et hurler à mort. Nous avons choisi la meilleure part, et elle ne nous sera pas enlevée (cf. Luc 10, 42).
(fin)
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