ce blog est bloqué à l'entrée en Chine depuis le mois de mai 2007

lundi 7 juillet 2014

Droiture d’intention (3)

Droiture d’intention (3)

Les Ninivites se sont mis à prier et Dieu leur a pardonné leurs fautes. Celles-ci étaient bien réelles. C’est à cause d’elles qu’il leur avait député Jonas. Or, ce dernier, dont on ne voit guère qu’il ait prié de son côté pour le succès de son entreprise, « trouva cela très mal, et il en fut irrité » (Jonas 4, 1). Le manque de droiture d’intention de Jonas éclate ici au grand jour. Et il le manifeste explicitement à Dieu à qui il expose ses sentiments, il fait part de son état d’âme : « Ah ! Seigneur, n’est-ce pas là ce que je disais lorsque j’étais dans mon pays ? » (Jonas 4, 2), sous-entendu, « j’avais bien raison (lire la suite) de ne pas vouloir venir à Ninive. Je n’y suis pas utile. Ils n’ont pas besoin de moi pour se convertir. » Jonas est clair et net : « C’est pourquoi je me suis d’abord enfui à Tarsis » (Jonas 4, 2). Et il précise la raison profonde de cette fuite : « Car je savais que tu es un Dieu miséricordieux et clément, lent à la colère, riche en grâce et te repentant du mal » (Jonas 4, 2). Il est assez sidérant de l’entendre dire cela. C’est plutôt cynique. L’on dirait qu’il ne veut pas que Dieu pardonne. Ou qu’il est jaloux. Jaloux de ce que le succès de l’appel à la conversion ne puisse lui être attribué ? Pour lui, manifestement, sa mission a échoué. Or, c’est tout le contraire : un succès, un énorme succès. Jonas semble ne pas supporter que Dieu soit clément et miséricordieux. La deuxième phase de l’opération Jonas/Ninive avait bien commencé. Jonas semblait avoir tiré la leçon de sa rébellion première et de ses suites ? il s’était montré docile et coopératif. Son intention cependant n’était pas droite. De toute évidence, il s’attendait à rencontrer de la résistance, ce qui le stimulait d’un point de vue humain, et il pensait triompher grâce à ses propres efforts, à sa ténacité, dont il aurait pu s’attribuer les succès. Jonas est frustré de sa victoire par la conversion soudaine des Ninivites. Il est profondément dépité de n’être pour rien dans ce renversement de situation. Cela l’affecte à tel point qu’il en vient à souhaiter mourir : « Maintenant, Seigneur, prend donc ma vie, car mieux vaut pour moi mourir que vivre » (Jonas 4, 3). Nous voyons par où le bât blesse : « Il vaut mieux pour moi. » Pour moi… Jonas ne pense pas au bien des autres. Il ne se dit pas que la conversion des habitants d’une ville immense, telle qu’il « fallait trois jours pour la traverser » (Jonas 3, 3), était très largement supérieure à sa commodité à lui. Ni que son intérêt véritable était la conversion des Ninivites dès le premier jour plutôt que de devoir sillonner la ville, œuvrer longuement, argumenter et surmonter des oppositions farouches. La réaction de Jonas est disproportionnée. Il est irraisonnable. Terriblement humaine. Ce qui compte pour lui, ce n’est pas d’avoir accompli la Volonté de Dieu, mais c’est l’idée qu’il s’est faite de sa mission et le désir plus ou moins avoué de briller aux yeux des hommes, d’imprimer sa marque aux événements. Après un démarrage on ne peut plus lamentable, Jonas aurait pu, aurait dû acquérir un réflexe d’humilité, et une grande docilité, ce n’est pas le cas, hélas. « Nul doute que tu n’aies bien purifié ton intention, quand tu as dit : je renonce désormais à toute gratitude et à toute récompense humaines » (saint Josémaria, Chemin, n° 789). Nous en sommes bien loin… Il y a sans doute un bout de chemin à parcourir pour en arriver là, mais c’est nécessaire. le Seigneur répondit à Jonas : « As-tu raison de te fâcher ? » (Jonas 4, 4). Nous n’avons pas la réponse de Jonas, si ce n’est qu’il « sortit de la ville et s’assit à l’orient de la ville ; il se fit une hutte et s’assit dessous, à l’ombre, pour voir ce qui arriverait dans la ville » (Jonas 4, 5), et qui, dans son esprit, ne pouvait être que négatif, puisque les Ninivites n’auraient pas dû se convertir aussi rapidement. Il ne sait pas se réjouir du bien d’autrui. Son zèle est amer. (à suivre…)

Aucun commentaire: