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mardi 8 juillet 2014

Droiture d’intention (4)

Droiture d’intention (4)

La mission que Dieu lui a confiée lui paraissait trop lourde, ce qui l’a poussé à prendre la fuite. Dieu lui a simplifié cette mission en touchant le cœur des Ninivites pour qu’ils se convertissent dès l’aurore de sa prédication, et il en est furieux. Comme l’homme est complexe et incohérent quand il ne pense qu’à lui, et non à la gloire de Dieu et au bien des âmes ! Il est en pleine contradiction avec lui-même, mais il ne semble pas s’en rendre compte. Mourir, comme Jonas le souhaite, est une solution de facilité, qui ne résout rien. C’est un avertissement qui est à prendre au sérieux. Dieu va chercher à faire réagir son prophète par un geste, un événement qui va frapper son esprit. « Le Seigneur Dieu fit qu’il y eut un ricin qui grandit au-dessus de Jonas pour qu’il y eût de l’ombre sur sa tête, afin de le délivrer de son mal ; et Jonas éprouva une grande joie à cause du ricin » (Jonas 4, 6). D’abattu, il devient euphorique. (lire la suite) Il n’en faut pas beaucoup pour nous démonter ou pour nous remonter, nous enflammer, si notre raisonnement reste au plan horizontal, est humain. Seulement les joies d’ici-bas sont fragiles et passagères. « Le Seigneur fit qu’il y eut, au lever de l’aurore, le lendemain, un ver qui attaqua le ricin, et il sécha. Et quand le soleil se leva, le Seigneur fit qu’il y eut un vent brûlant d’orient, et le soleil donna sur la tête de Jonas, au point qu’il défaillit » (Jonas 4, 7-8). Alors, une nouvelle fois, Jonas « demande de mourir et dit : Mieux vaut pour moi mourir que vivre » (Jonas 4, 8). Nous pouvons dire qu’il a de la suite dans les idées. Et en même temps qu’il ne faut pas grand-chose pour qu’il change d’opinion, pour qu’il réagisse dans un sens ou dans un autre. Il ne pense pas à sa mission. Elle est le cadet de ses soucis. Il n’est pas centré sur l’essentiel, qui devrait être de se réjouir profondément : la conversion des Ninivites. Il y a plus de joie à retrouver une brebis égarée que pour les quatre-vingt dix-neuf autres qui sont restées bien sagement dans l’enclos (cf. Matthieu 18, 12-13). Et ici, ce n’est pas un pécheur qui revient à Dieu, mais des centaines, des milliers. Et il ne faudrait pas se réjouir ? Jonas ne pense qu’à mourir parce qu’il a chaud, que le soleil de plomb frappe inexorablement. Il est vraiment bien loin de l’essentiel. Mais ses réactions sont tout sauf logiques, elles ne peuvent pas l’être à partir du moment où Jonas est centré sur ses problèmes, qui sont, il faut bien le reconnaître, de tout petits problèmes. Qui même parfois n’en sont pas du tout. Que Ninive se convertisse, ce n’est certainement pas un problème, mais une solution à un vrai problème, à une malice qui s’était manifestée jusqu’au Seigneur (cf. Jonas 1, 2), comme dans le cas de Sodome et de Gomorrhe (cf. Genèse 18, 20-21). « Alors Dieu dit à Jonas : ‘Fais-tu bien de t’irriter à cause du ricin ?’ » (Jonas 4, 9). Et lui, sans réfléchir, se laisse aller à son impression du moment et répond : « Je fais bien de m’irriter jusqu’à en mourir » (Jonas 4, 9). C’est affligeant. C’est aussi pénible à entendre que de voir le jeune homme riche refuser de suivre le Seigneur parce qu’il n’était pas disposé à se dépouiller de tous ses biens (Matthieu 19, 21) pour acquérir une perle de grand prix (cf. Matthieu 13, 46) que le Seigneur lui a présenté, lui a proposé d’acquérir afin d’avoir la vie éternelle à laquelle il aspirait (cf. Matthieu 19, 16). « Je fais bien. » Quelle prétention ridicule. Désirer la mort n’est pas bon en soi. C’est tenter Dieu qui est l’auteur de la vie. Vouloir mourir pour une futilité, c’est une démission intolérable. Alors Dieu tire la morale de l’événement : « Tu as pitié de toi, du ricin pour lequel tu n’as pas peiné et que tu n’as pas fait croître – cela ne t’a rien coûté, c’est un pur don de ma part –, qui en une nuit a surgi et qui en une nuit a péri » (Jonas 4, 10), parce que je suis libre de donner de mes biens à qui je veux et comme je l’entends (cf. Matthieu 20, 15). (à suivre…)

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