Marie et Eucharistie (2)
Non sans un paradoxe surnaturel, le pape Jean-Paul n'hésitait pas à écrire : « En un sens, Marie a exercé sa foi eucharistique avant même l'institution de l'Eucharistie, par le fait même qu'elle a offert son sein virginal pour l'incarnation du Verbe de Dieu. Tandis que l'Eucharistie renvoie à la passion et à la résurrection, elle se situe simultanément en continuité de l'Incarnation. À l'Annonciation, Marie a conçu le Fils de Dieu dans la vérité même physique du corps et du sang, anticipant en elle ce qui dans une certaine mesure se réalise sacramentellement en tout croyant qui reçoit, sous les espèces du pain et du vin, le corps et le sang du Seigneur » (encyclique
Ecclesia de Eucharistia, n° 55). Dans le même ordre d'idée, le pape ajoute que se préparant « jour après jour au Calvaire, Marie vit une sorte « d'Eucharistie anticipée », à savoir une « communion spirituelle » de désir et d'offrande, dont l'accomplissement se réalisera par
(lire la suite) l'union avec son Fils au moment de la passion et qui s'exprimera ensuite, dans le temps après Pâques, par sa participation à la Célébration eucharistique, présidée par les Apôtres, en tant que « mémorial » de la passion » (Ecclesia de Eucharistia, n° 56). Dès les premières vêpres de l'office des très précieux Corps et Sang du Christ, en invitant à célébrer l'institution de l'Eucharistie, l'hymne Pange lingua parle de la Vierge Marie : « Chante, ô ma langue, le mystère de ce corps glorieux et du précieux sang, fruit d'un illustre sein. [...] Il nous a été donné, il nous est né d'une Vierge sans tache. » L'Ave verum commence et finit par Marie : « Salut, ô corps vraiment né de la Vierge Marie ; corps vraiment immolé sur la Croix pour le salut de l'homme ; dont le côté ouvert a laissé couler l'eau et le sang. [...] Ô doux Jésus, ô bon Jésus, ô Jésus Fils de la Vierge Marie ! »
« Heureuse celle qui a cru » (Luc 1, 45) : dans le mystère de l'Incarnation, Marie a aussi anticipé la foi eucharistique de l'Église. Lorsque, au moment de la Visitation, elle porte en son sein le Verbe fait chair, elle devient, en quelque sorte, un « tabernacle » – le premier « tabernacle » de l'histoire – dans lequel le Fils de Dieu, encore invisible aux yeux des hommes, se présente à l'adoration d'Élisabeth, « irradiant » quasi sa lumière à travers les yeux et la voix de Marie. Et le regard extasié de Marie, contemplant le visage du Christ qui vient de naître et le serrant dans ses bras, n'est-il pas le modèle d'amour inégalable qui doit inspirer chacune de nos communions eucharistiques ? » (Ecclesia de Eucharistia, n° 55).
(à suivre…)
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