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lundi 14 mai 2007

Judas Iscariote et Matthias


Judas Iscariote et Matthias

En terminant aujourd'hui de parcourir la galerie de portraits des Apôtres appelés directement par Jésus au cours de sa vie terrestre, nous ne pouvons pas omettre de mentionner celui qui est toujours cité le dernier dans les listes des Douze : Judas Iscariote. Nous voulons ici lui associer la personne qui fut ensuite élue pour le remplacer, c'est-à-dire Matthias.
Le simple nom de Judas suscite déjà chez les chrétiens une réaction instinctive de réprobation et de condamnation. La signification de l'appellation "Iscariote" est controversée : l'explication la plus répandue l'entend comme "homme de Keriot", (lire la suite) en référence à son village d'origine, situé dans les environs d'Hébron et mentionné deux fois dans les Écritures Saintes (cf. Josué 15, 25 ; Amos 2, 2). D'autres l'interprètent comme une variation du terme "sicaire", comme si l'on faisait allusion à un guerrier armé d'un poignard, appelé sica en latin. Enfin, certains voient dans ce surnom la simple transcription d'une racine hébreu-araméenne signifiant : "Celui qui allait le livrer." Cette désignation se retrouve deux fois dans le IVème Évangile, c'est-à-dire après une confession de foi de Pierre (cf. Jean 6, 71), puis au cours de l'onction de Béthanie (cf. Jean 12, 4). D'autres passages montrent que la trahison était en cours, en disant : "celui qui le livrait" ; c'est le cas au cours de la Dernière Cène, après l'annonce de la trahison (cf. Matthieu 26, 25), puis au moment de l'arrestation de Jésus (cf. Matthieu 26, 46.48 ; Jn 18, 2.5). En revanche, les listes des Douze rappellent le fait de la trahison comme étant désormais accomplie : "Judas Iscariote, celui-là même qui le livra", dit Marc (3, 19) ; Matthieu (10, 4) et Luc (6, 16) ont des formules équivalentes. La trahison en tant que telle a eu lieu en deux temps : tout d'abord dans la phase du projet, quand Judas se met d'accord avec les ennemis de Jésus pour trente deniers d'argent (cf. Matthieu 26, 14-16), puis lors de son exécution avec le baiser donné au Maître, au Gethsémani (cf. Matthieu 26, 46-50). Quoi qu'il en soit, les évangélistes insistent sur la qualité d'apôtre, qui revenait à Judas à tous les effets : il est appelé de manière répétée l'"un des Douze" (Matthieu 26, 14.47 ; Marc 14, 10.20 ; Jean 6, 71) ou "qui était au nombre des Douze" (Lc 22, 3). Plus encore, à deux reprises, Jésus, s'adressant aux Apôtres et parlant précisément de lui, l'indique même comme "l'un de vous" (Matthieu 26, 21 ; Marc 14, 18 ; Jean 6, 70 ; 13, 21). Et Pierre dira de Judas qu'il "était pourtant l'un de nous et avait reçu sa part de notre ministère" (Actes 1, 17).
Il s'agit donc d'une figure appartenant au groupe de ceux que Jésus avait choisis comme ses proches compagnons et collaborateurs. Cela suscite deux questions, dans la tentative de donner une explication aux faits qui se sont produits. La première consiste à se demander pourquoi Jésus a choisi cet homme et lui a fait confiance. D'autant plus que, en effet, bien que Judas soit, dans les faits, l'économe du groupe (cf. Jean 12, 6b ; 13, 29a), en réalité il est aussi qualifié de "voleur" (Jean 12, 6a). Le mystère du choix demeure, d'autant plus que Jésus prononce un jugement très sévère sur son compte : "Malheureux l'homme par qui le Fils de l'homme est livré" (Matthieu 26, 24). Le mystère s'épaissit encore davantage à propos de son destin éternel, sachant que Judas "pris de remords en le voyant condamné... rapporta les trente pièces d'argent aux chefs des prêtres et aux anciens. Il leur dit : "J'ai péché en livrant à la mort un innocent" (Matthieu 27, 3-4). Bien qu'il se soit ensuite éloigné pour aller se pendre (cf. Matthieu 27, 5), ce n'est pas à nous qu'il revient de juger son geste, en nous substituant à Dieu infiniment miséricordieux et juste.

(à suivre...)

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