Arrêt sur christianisme (77)
[constatant que dans le judaïsme « une totale universalité n’était pas possible, parce qu’il n’y avait pas une entière appartenance », le cardinal Ratzinger ajoute :] Seul le christianisme finit par ouvrir la brèche, en « détruisant la barrière » (Ephésiens 2, 14) de trois façons. Les liens du sang avec son ancêtre ne sont plus nécessaires, parce que la relation à Jésus réalise la véritable appartenance, la véritable parenté : chacun peut désormais appartenir pleinement à Dieu, tous les hommes doivent et peuvent devenir un seul peuple. Les prescriptions particulières du droit et de la morale n’obligent plus ; elles sont devenues un exemple historique, parce que tout est récapitulé dans la personne de Jésus-Christ, et que celui qui se met à sa suite, porte en lui et accomplit toute l’essence de la Loi. L’ancien culte est caduc et aboli dans l’offrande de lui-même au Père et aux hommes qu’a accomplie Jésus : celui-ci apparaît désormais comme le vrai sacrifice, comme le culte en esprit dans lequel Dieu et les hommes s’embrassent et sont réconciliés, par lequel le repas du Seigneur, l’Eucharistie, reste comme certitude réelle et présente à tout instant. La plus belle et plus significative expression de cette nouvelle synthèse chrétienne se trouve dans une confession de la première épître de Jean : « Nous avons cru à l’amour » (1 Jn 4, 16). Pour ces hommes, le Christ leur découvrait l’amour créateur ; la raison de l’univers se révélait comme étant l’amour – cette rationalité supérieure qui assume et guérit aussi l’obscurité et l’irrationnel.
J. Ratzinger,
Foi, vérité, tolérance, Le Muveran, Parole et Silence, p. 163-164.
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