Mort de Marie (1)
L’Église catholique ne s’est pas prononcée sur le moment où la Vierge Marie est montée au ciel avec son corps, l’Assomption, c’est-à-dire sur le fait qu’elle a ou non connu la mort. Dans les premiers siècles, les Pères qui disent que Marie est morte ne le disent qu'en passant, comme quelque chose qui va de soi, afin de prouver que le corps du Verbe incarné était bien mortel.
C'est le cas d'Origène, de saint Éphrem, peut-être de saint Jérôme, certainement de saint Augustin. On a avancé le témoignage de Timothée de Jérusalem en faveur de l'immortalité de Marie. Mais il est avéré que ce Timothée a vécu entre les VIe et VIIIe s. Saint Épiphane (v. 315-403), qui a vécu en Judée jusqu'à l'âge de 52 ans, avant de devenir évêque de Salamine (Chypre), n'ose pas se prononcer sur le sujet : « S'il paraît à certains que nous faisons erreur, qu'ils fouillent les Écritures. Ils n'y trouveront ni la mort de Marie, ni si elle morte, ni si elle n'est pas morte ; ni si elle a été ensevelie, ni si elle n'a pas été ensevelie.
(lire la suite) Jean entreprit bien le voyage d'Asie, amis il ne dit nulle part qu'il emmena avec lui la Sainte Vierge. L'Écriture a gardé un silence complet à cause de la grandeur du prodige, pour ne pas frapper d'un étonnement excessif l'esprit des hommes. Pour moi je n'ose en parler. Je le garde en ma pensée et je me tais. Peut-être même avons-nous trouvé quelque part des traces de cette sainte et bienheureuse, comme quoi il est impossible de découvrir qu'elle est morte. D'une part, en effet, Siméon dit d'elle : « Et toi-même un glaive transpercera ton âme, afin que soient dévoilées les pensées cachées d'un grand nombre » (Luc 2, 35). D'autre part, l'Apocalypse de Jean dit que le dragon se précipita sur la femme qui avait engendré l'enfant mâle, et que les ailes de l'aigle furent données à la femme, et elle fut enlevée dans le désert, afin que le dragon ne pût la saisir (Apocalypse 12, 13 sv). Il est possible que cela se soit accompli en Marie. Je n'affirme pas cependant cela d'une manière absolue, et je ne dis pas qu'elle demeura immortelle ; mais je ne décide pas non plus qu'elle est morte. L'Écriture, en effet, s'est élevée au-dessus de l'esprit humain, et a laissé ce point dans l'incertitude, par révérence pour cette Vierge incomparable, pour couper court à toute pensée basse et charnelle à son sujet. Est-elle morte ? Nous l'ignorons » (Panarion 78).
(à suivre…)
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