Mort de Marie (2)
Tout ce qu'Épiphane dit, c'est donc que la fin de la vie de Marie sur terre a été un grand prodige. Modeste de Jérusalem au VIIIe s., constate avec étonnement que les premiers auteurs chrétiens qui ont parlé de la Vierge Marie n'ont rien dit de la Dormition. Pour lui, Marie devait suivre l’exemple de son Fils, pour lui être semblable. Jésus lui-même indiqua aux apôtres le jardin de Gethsémani comme le lieu de la sépulture pour sa Mère. La liturgie n'est d'aucun secours. Il existe bien une « mémoire de Sainte Marie », mais, à la différence des saints, elle ne commémore pas son dies natalis, le jour de sa naissance au ciel, mais la Maternité divine. Aucune homélie des premiers s. ne fait la moindre allusion à la mort et à un tombeau de la Vierge.
Les partisans de la mort s'appuient
(lire la suite) à l'origine sur le Transitus Mariæ, attribué au Père de l’Église saint Méliton de Sarde († 180), et condamné par le pape Gélase Ier en 495-496, avec d'autres écrits apocryphes. Selon cette tradition, Marie rencontre au mont des Oliviers un ange qui lui remet une palme de l’arbre de Vie et lui annonce sa mort prochaine. Rentrée chez elle, elle fait part de la nouvelle à son entourage. Miraculeusement, les apôtres reviennent des différentes parties du monde qu'ils sont en train d'évangéliser. Jésus apparaît entouré d'anges pour recevoir l'âme de sa mère, qu'il confie à l'archange Michel. Les apôtres enterrent le corps au pied du mont des Oliviers. Quelques jours plus tard, Jésus leur apparaît de nouveau et emporte le corps au Paradis, où l'âme et le corps de Marie sont réunis.
Les « mortalistes » insistent sur la nécessité d'une totale configuration de la Mère de Dieu à son Fils. À partir de la Croix, et de la Rédemption qu'elle produit, la mort est moins une pénalité du péché qu'un moyen de se conformer au Christ, avec une valeur corédemptrice.
La simple Compassion de Marie est jugée insuffisante. Pour saint François de Sales (1567-1622), Marie aurait désiré la mort pour s'unir définitivement au Christ, et cet « excès d'amour », l'intensité de ce désir amoureux aurait provoqué sa mort. Mais le corps de Marie ne peut connaître la corruption propre à la mort. Le passage de la vie terrestre à la vie céleste se serait réalisé en un instant, qui aurait été à la fois celui de la mort de Marie et celui de sa résurrection. Mais les mortalistes reconnaissent que le corps de Marie n’a pas connu la corruption : « Comment la mort aurait-elle pu te réduire en cendre et en poussière, toi qui, par l’Incarnation de ton Fils, as délivré l’homme de la corruption de la mort ? Ton Fils, lui aussi, a, de la même manière, goûté une mort semblable pour le salut du genre humain. Mais il a entouré de la même gloire et son sépulcre vivifiant et le tombeau, réceptacle de vie, de ta dormition. Vos deux corps ont été ensevelis, mais n’ont pas connu la corruption » (saint Germain de Constantinople, Homélie sur la Dormition
).
(à suivre…)
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