Voir Dieu (1)
« Le Seigneur dit à Moïse : ‘Je ferai encore ce que tu demandes, car tu as trouvé grâce à mes yeux et je te connais par ton nom’ » (Exode 33, 17). En effet, « tu es mon Fils, moi-même, aujourd’hui, je t’ai engendrée (Psaume 2, 7). Tu es mon familier, mon ami, avec qui je partage mon bien.
Alors Moïse formula cette requête : « Fais-moi voir ta gloire, je te prie » (Exode 33, 18). « Comment cela se fait-il ? L’homme qui, au dire de la voix divine, a eu la claire vision de Dieu en tant de merveilleuses théophanies – où l’on dit qu’il parlait avec Dieu face à face, comme un ami avec un ami – en arrive à demander que Dieu lui apparaisse comme s’il n’avait pas encore vu celui qui lui apparaît toujours : comme s’il n’avait pas atteint ce que nous voyons qu’il a atteint, car l’Écriture l’affirme.
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Et la voix qu’il vient d’entendre accède dans un premier temps au désir de Moïse, ne lui refuse pas cette grâce de plus ; mais elle le rejette après cela dans le désespoir, en déclarant que ce qu’il cherche est hors des prises de la vie humaine » (saint Grégoire de Nysse, Vie de Moïse). Dieu, tout en accédant à la demande, avait précisé, en effet : ’Tu ne pourras pas voir mon visage, car l’homme ne peut me voir et vivre. […] Tu me verras par derrière ; mais ma face ne peut être vue » (Exode 20, 23). Il s’agit ici de l’homme charnel, encore enfermé dans les limites corporelles et temporelles.
« Mais il y a un lieu près de lui, dit Dieu, et dans ce lieu une Pierre et dans la Pierre un creux, où il ordonne à Moïse de se placer : Dieu mettra sa main sur l’entrée de la Pierre, et à l’extérieur Dieu passera, tandis que Moïse par derrière verra celui qui l’appelle.
C’est ainsi que Moïse voit Celui qu’il cherchait : et c’est ainsi que fut accomplie la promesse de la voix divine. […]
Rayonnant de gloire, Moïse brûle encore de désir : insatiable, il veut davantage, encore assoiffé de Celui qu’il n’a pas vu en son essence même ; il a besoin de l’atteindre comme il ne l’a jamais atteint, et il vient supplier Dieu de se montrer à lui, non pas dans la mesure où l’homme est capable de le recevoir, mais tel qu’il est en lui-même » (saint Grégoire de Nysse, Vie de Moïse).
Quel exemple pour nous dans ce désir fou de Moïse, qui trahit un amour authentique de Dieu, porté à sa plénitude. Non une simple amitié, mais un désir d’identification à l’être aimé, de don de soi, pour ne faire plus qu’un avec Lui. Moïse est un « homme de désir » (cf. Daniel 9, 13), qui aspire à de plus en plus d’amour, à plus de bonheur, à plus d’union à Dieu.
(à suivre…)
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