Voir Dieu (7)
« Moïse n’a donc pas donné le prix du ciel [cf. Exode 16, 14-15]. C’est Dieu qui donne le pain – mais quel pain ? La manne ? Non : le pain que signifie la manne, à savoir le Seigneur Jésus qui donne la vie au monde. Ils lui dirent donc : « Seigneur, donne-nous toujours de ce pain ! » Comme une femme de Samarie avait dit : « Seigneur, donne-moi de cette eau », ceux-ci disent : « Seigneur, donne-nous de ce pain qui restaure et ne manque jamais. »
Jésus leur dit : « Je suis le pain de vie. Qui vient à moi n’aura pas faim, qui boit en moi n’aura jamais soif… Vous désirez le pain du ciel ? Vous l’avez devant vous, et vous ne le mangez pas. Je vous l’ai dit, vous m’avez vu, et vous n’avez pas cru. Malgré cela, je n’ai pas détruit mon peuple : votre infidélité pouvait-elle annuler la fidélité divine ? Le texte poursuit, en effet : « Tout ce que le Père donne viendra à moi, et celui qui viendra à moi,
(lire la suite) je ne le rejetterai pas dehors. » Quel est cet « intérieur » d’où l’on n’est pas jeté dehors ? Ô douce intimité, doux secret sans lassitude, sans l’amertume des mauvaises pensées, dans la rançon des tentations et de la douleur ! N’est-ce pas dans cette intimité qu’entrera le bon serviteur quand on lui dira : « Entre dans la joie de ton Dieu » ? « (saint Augustin, Sur Luc 6, 31 In Ioannis Evangelium tractatus 24, 25, 13).
Qui me voit a vu le Père… En même temps, en voyant Jésus, nous recevons la nourriture qui procure la vie éternelle, car il est lui-même la Vie (cf. Jean 14, 6). Ce pain que les Juifs réclament dans la synagogue de Capharnaüm, ils n’avaient pas besoin d’aller le chercher bien loin : ils l’avaient sous leurs yeux. Mais ils n’ont pas cru en la véracité de ses paroles, en la Parole. Pourtant, « à ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom » (Jean 1, 12).
Contemplons donc attentivement le Christ dans l’Eucharistie. Le Pain de Vie nous y est donné à profusion, alors même que l’hostie est petite, parce que même si elle était d’une dimension gigantesque, elle ne contiendrait pas davantage le Rédempteur : il réside tout entier dans la moindre parcelle. « En vérité, je vous le dis, si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme […] vous n’aurez pas la vie en vous » (Jean 6, 53). Le Seigneur précise qu’il ne parle pas d’une nourriture quelconque, vulgaire, mais de la chair du Fils de l’homme, qui est venu sur terre donner sa vie en rançon pour la multitude. C’est pourquoi il affirme rondement : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang, a la vie éternelle, et moi, je le ressusciterai au dernier jour » (Jean 6, 54).
Cette vision de Dieu, commencée ici-bas, comme dans un miroir (1 Corinthiens 13, 12), comme par énigme, imparfaite, connaîtra son achèvement, sera parachevée dans la vision céleste, qui ne sera pas seulement cela, une vision face à face (1 Corinthiens 13, 12), mais une vision de l’intérieur même de Dieu où il nous aura introduit, et où nous jouirons à tout jamais du sourire si aimable de notre Mère, Sainte Marie.
(fin)
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