Remercier Dieu (1)
Dieu attend que l’homme le remercie de tous les bienfaits dont il le comble sans interruption, avant même sa naissance. En effet, il nous a « élus en lui, dès avant la création du monde, pour que nous soyons saints et sans tache à ses yeux dans la charité » (Éphésiens 1, 4). C’est-à-dire que nous sommes présents, tout autant que nous sommes, de toute éternité à l’esprit et au cœur de notre Dieu Tout-Puissant et Miséricordieux. La portée de cette affirmation, que nous devons formuler, nous échappe, à un epsilon près. Elle est on ne peut plus véridique cependant.
Le premier don que Dieu nous a fait est donc de penser continuellement à nous et de projeter éternellement de nous faire venir un jour à l’existence, à un moment précis de l’histoire éphémère de notre monde terrestre. Ce premier don est double en réalité
(lire la suite), car il comporte la décision fermement arrêtée, évidemment éternelle elle aussi, d’envoyer son Fils unique Jésus-Christ nous racheter du péché, car, à l’heure où nous ferions notre apparition sur terre, notre nature humaine aurait été sérieusement gâtée par la désobéissance stupide et complètement irresponsable de nos premiers parents.
Cela devrait nous suffire pour passer notre vie tout entière à remercier Dieu. Mais il sait bien, échaudé par l’expérience vécue avec Adam et Ève, que nous sommes facilement ingrats, et que nous nous attribuons avec désinvolture les bienfaits qui viennent de lui. Aussi, sans nous forcer la main – il s’en voudrait de nous imposer quoi que ce soit, lui qui est le parangon de la liberté, qui est la Liberté même – a-t-il prévu, en accord avec son Fils et avec son Esprit Saint, que la deuxième Personne de la Très Sainte Trinité s’incarnerait et que, tout en remontant au ciel au moment fixé, elle resterait sur terre sous la forme sacramentelle d’action de grâces par excellence qu’est la sainte Eucharistie.
La sainte messe, mystère de la présence réelle de notre Seigneur Jésus-Christ, qui rend présent le Sacrifice du Calvaire, est la source et le sommet de toute la vie spirituelle du chrétien. Toute notre journée, avec chacun de ses événements, de ses activités, ou de ses rencontres, de ses joies et de ses déceptions, de sa fatigue et de ses loisirs, se donne rendez-vous en quelque sorte à la messe De la sorte, chaque jour qui passe n’est qu’une marque de reconnaissance sans solution de continuité.
En instituant le Jeudi Saint ce sacrement dont l’essence est d’être une action de grâces rendue au Père en hommage pour toutes ses marques d’amour envers sa création, en particulier envers les hommes, Jésus-Christ manifeste à l’évidence que Dieu attend des remerciements. Des remerciements qui, si nous nous arrêtons à y penser quelques secondes, sont on ne peut plus logiques.
Il est un point que nous devrions soigner beaucoup plus que nous ne le faisons, sur lequel nous devrions faire preuve d’une bien plus grande délicatesse envers le Seigneur. Je veux parler de l’action de grâces après la messe, après avoir reçu le Corps du Seigneur dans la sainte communion. Rares sont les fidèles qui y attachent de l’importance. Nous savons pourtant que l’hostie que nous avons reçue se dissout en nous environ dix minutes après l’avoir reçue.
Certes, le prêtre observe en principe un bref temps de silence et de recueillement avant de prononcer la prière après la communion. Mais cet instant est largement insuffisant pour arriver aux dix minutes requises par l’amour.
(à suivre…)
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