Remercier Dieu (5)
Se pourrait-il que nous n’ayons pas cette même politesse, que nous jugeons normale, de rigueur, envers Dieu notre Père ? Et qu’elle ne soit pas une marque permanente de notre vie, puisque Dieu ne se limite pas à nous venir en aide une fois ou l’autre, de temps à autre, mais de façon habituelle et permanente. Nous comprenons ainsi combien il est logique de passer sa vie entière à rendre grâces à Dieu.
Encore une fois, Dieu attend notre reconnaissance. Il n’y a même rien à quoi il tienne tant, fait remarquer saint Jean Chrysostome. Il nous montre, en effet, qu’il convient de remercier notre Seigneur pour toute chose et en tout temps,
(lire la suite) du premier au dernier moment de notre existence terrestre. Il met sous nos yeux pour cela l’exemple de Moïse : « Seigneur, je te rendrai hommage de tout mon cœur » (Ps 110/111, 1). Pourquoi ces mots « de tout » mon cœur ? C’est-à-dire avec tout le zèle possible, avec force, sans se préoccuper des soucis de cette vie, en élevant son âme à Dieu, en la tenant détachée des liens du corps. « De cœur », c’est-à-dire non pas seulement des paroles, de la langue et de la bouche, mais aussi de la pensée. C’est ainsi que Moïse, lorsqu’il formulait ses lois, a dit : « Tu chériras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton âme » (Dt 6, 5). Il me semble qu’ici hommage est synonyme d’action de grâces ; Je chanterai des hymnes, dit le prophète, je rendrai grâce au Seigneur. C’est à cela en effet qu’il a consacré sa vie entière, c’est par là qu’il débute, c’est par là qu’il finit : c’était sa préoccupation continuelle que de rendre grâce à Dieu tant pour les bienfaits qu’il en avait reçus que pour ceux qui avaient été accordés à d’autres hommes. Il n’y a rien à quoi Dieu tienne tant : c’est le sacrifice, c’est l’offrande qu’il préfère, c’est la marque d’une âme reconnaissante, et c’est un coup sensible porté au diable » (st Jean Chrysostome, Commentaire sur le psaume 110, 1).
Ce Père de l’Église nous dit bien qu’il « n’y a rien à quoi Dieu tienne tant » et que ces remerciements sont un « coup sensible porté au diable », ce qui ne peut que nous inciter encore plus à aller dans cette voie.
Puis le même saint Jean Bouche d’or nous fait considérer par quoi Job a mérité sa couronne de gloire. Il écrit à ce sujet que « le bienheureux Job a mérité sa couronne et sa gloire, parce qu’il ne se laissa point déconcerter par les nombreux malheurs dont il fut atteint, ni par les conseils pernicieux de sa femme, et qu’il persista à rendre grâces à Dieu pour tout ce qu’il faisait, et non seulement lorsqu’il était riche, mais encore au moment même où il était plongé dans la pauvreté ; non seulement alors qu’il était bien-portant, mais encore au moment même où il était frappé dans sa chair » (st Jean Chrysostome, Commentaire sur le psaume 110, 1). Tel sera également l’enseignement de saint Josémaria, le fondateur de l’Opus Dei, quand il énumère une série d’événements par lesquels nous sommes invités à remercier Dieu, liste qui veut manifester l’universalité de cette attitude attendue de Dieu : « Habitue-toi à élever ton cœur vers Dieu en action de grâces, et souvent dans la journée. — Parce qu’il te donne ceci ou cela. — Parce qu’on t’a humilié. — Parce que tu ne possèdes pas ce dont tu as besoin, ou parce que tu le possèdes.
Parce que sa Mère, qui est aussi ta Mère, il l’a voulue si belle. — Parce qu’il a créé le soleil et la lune, et cet animal et cette plante. — Parce qu’il a donné à celui-ci d’être éloquent et à toi de bredouiller…
Remercie-le de tout, parce que tout est bon » (Chemin, n° 268).
(à suivre…)
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