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dimanche 29 juin 2014

Remercier Dieu (6)

Remercier Dieu (6)

Si Dieu est reconnaissant de notre reconnaissance et porté de ce fait à nous combler de nouvelles libéralités, à l’inverse l’ingratitude freine cette action bienfaisante, comme le souligne saint Bernard : « L’ingratitude est un vent brûlant qui tarit la source de la piété, qui dessèche la rosée de la miséricorde et qui arrête le courant des grâces » (st Bernard, cité par st Thomas, De Humanitate Iesu Christi Domini Nostri, art. 1). « Qui arrête le courant des grâces. » Cela est fort. C’est un effet identique à celui produit par l’orgueil. Et il est normal qu’il en soit ainsi, parce que l’ingratitude est viscéralement une conséquence de la superbe de celui (lire la suite) qui pense que tout lui est dû et qui s’attribue ses succès. « Apprenons donc, frères, à rendre grâces non seulement aux jours heureux, mais aussi aux mauvais jours. Car dans sa bonté notre Créateur s’est fait pour nous un Père ; il nourrit en nous des fils adoptifs qui hériteront du Royaume céleste. Or il ne refait pas seulement nos forces par ses dons, il nous forme aussi sous les coups de l’épreuve. Apprenons donc à avoir l’abondance, afin de partager avec les démunis tous les biens reçus de lui. Que l’abondance ne nous enorgueillisse pas, en félicitant d’avoir ce qui manque à autrui, et en se réjouissant non pas du bien commun, mais de son bien propre » (saint Grégoire le Grand, Homélies sur Ézéchiel, 2, 7, 17, introduction, traduction, notes et index par Charles Morel, s.j., coll. « Sources chrétiennes » n° 360, Paris, Les Éditions du Cerf, 1990, p. 363). Tout est grâce, encore une fois. Et saint Grégoire le Grand souligne dans cette homélie que Dieu nous forme, nous instruit et nous sanctifie même par ce que nous appelons les « coups du sort », c’est-à-dire du hasard. Or, ils n’ont rien de hasardeux. Comme dans le cas de Job, Dieu s’en sert pour nous refaçonner à son image et à sa ressemblance (cf. Genèse 1, 27). Il est bon de lui demander : » Rends-moi saint, mon Dieu, même si c'est à force de coups. Je ne veux pas être un obstacle à ta Volonté. Je veux répondre, je veux être généreux... Mais mon vouloir est-il sérieux ? » (Forge, n° 391). Toute la question est là : est-ce que je veux vraiment devenir saint selon les plans de Dieu. Mais, si nous l’avons demandé sincèrement, comment pourrions-nous nous en plaindre ensuite, quand Dieu aura répondu à notre invitation ? Si nous manifestons de la sorte notre désir profond de progresser réellement sur la voie de la sainteté, alors nous accueillons avec une joie intense toutes les situations qui surviennent. Aucune d’entre elles ne fera naître en nous des sentiments de rébellion ou de découragement, tout comme Job est resté inébranlable dans sa foi et son amour de Dieu, alors même que celui-ci donnait toute licence au démon pour le tenter dans ses biens et dans sa chair, sans avoir toutefois le pouvoir de toucher à son âme (cf. Job 2, 6). Nous découvrons ainsi que le fait de témoigner de notre reconnaissance envers Celui qui nous donne « la vie, le mouvement et l’être » (Actes 17, 28) est la source d’une paix intérieure, d’une sérénité et d’une joie à toute épreuve. Ceux qui se dressent contre nous, parce qu’ils ne supportent pas que nous appartenions au Christ et qui nous persécutent pour cette raison, deviennent, à leur insu et à leur corps défendant, nos bienfaiteurs, car ils nous font accélérer le pas vers Dieu ; ils nous aident à nous unir plus fortement au Christ souffrant et portant sa Croix tant pour nous que pour eux. « Qui pourra nous séparer de la charité du Christ ? » (Romains 8, 39). C’est une bonne question, excellente, qui traduit la profondeur de notre ancrage spirituel. Aucune rafale de vent, aucune tempête ne pourront arracher les pieux qui retiennent notre tente. Parce que « notre secours est dans le nom du Seigneur » (Psaume 124, 8), le Seigneur qui « est mon berger », auprès de qui « je ne manque de rien » et « ne crains aucun mal », car il est avec moi (Psaume 23, 1.4). (à suivre…)

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