Ne pas juger les autres
Ne pas juger les autres
C’est une erreur qui me juge moi-même, une erreur par laquelle je me condamne moi-même. Car ce jugement que je porte, durement, sur un être dont j’ignore l’histoire secrète, les difficultés intérieures, le poids des atavismes qu’il a à assumer, les luttes qu’il a eu à mener, ce jugement par lequel je solidifie, j’immobilise, je fixe, je pétrifie, ce qui est encore en régime de création inachevée, finalement il atteste la dureté de mon cœur, et mon inintelligence de ce qu’est la création, ici, la création de l’homme, mon manque de tendresse et de compassion pour cette humanité inachevée, embryonnaire, tâtonnante, qui apprend maladroitement à exister. En jugeant, je suis comme le mauvais jardinier qui coupe les fleurs fatiguées au lieu de s’efforcer de les ranimer, ou le mauvais pédagogue qui condamne l’enfant malhabile au lieu de l’aider à se développer. C’est pourquoi le rabbi Ieschoua disait : « La mesure dont vous vous serez servi pour juger, par elle vous serez jugés. »Claude Tresmontant, L’Enseignement de Ieschoua de Nazareth, Paris, Seuil, 1970, p. 162-163.
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