Charité et pardon (1)
Quand notre Seigneur apparaît le soir du dimanche de la Résurrection à ses apôtres, encore pleinement démoralisés, en plein désarroi et le cœur brisé de douleur, ses premiers mots sont : « Paix avec vous ! » (Jean 20, 19). Il leur apporte la paix. « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix; je ne la donne pas comme la donne le monde » (Jean 14, 27). Il l’avait annoncé par avance.
Pourtant, il avait proclamé solennellement : « Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre; je suis venu apporter, non la paix, mais le glaive. Car je suis venu séparer le fils de son père, la fille de sa mère, et la bru de sa belle-mère ; et on aura pour ennemis les gens de sa propre maison » (Matthieu 10, 34-36). Ne nous trouvons-nous pas en pleine contradiction ?
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La guerre dont le Seigneur parle est celle que nous devons mener contre nous-mêmes,
contre nos tendances désordonnées. C’est à ce prix que nous pouvons accéder à la vraie paix, qui est alors la conséquence nécessaire de la victoire sur le mal. « prenez confiance, j'ai vaincu le monde » (Jean 16, 33). Et nous alors avec Jésus. C’est la paix qui suit le combat mené au nom du Seigneur et avec lui, le « Prince de la Paix » (Isaïe 9, 5).
Les apôtres sont stupéfaits de voir Jésus surgissant au milieu d’eux. Ils se demandent s’ils n’ont pas affaire à un fantôme (cf. Luc 24, 37). Leur étonnement est sans doute mêlé de honte, car ils n’ont pas lieu d’être fiers de leur comportement les jours écoulés, et de crainte de se faire rabrouer et réprimander vertement. Il y a de quoi. Ce serait la moindre des choses, de notre point de vue. Chacun d’entre eux sait qu’il le mérite bien, et Simon-Pierre plus que les autres encore.
Mais les sentiments du Christ ne sont pas les nôtres. « Mes pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies » (Isaïe 55, 8). « Je connais les pensées que j'ai pour vous, dit le Seigneur, pensées de paix, et non de malheur, afin de vous donner un avenir et de l'espérance » (Jérémie 29, 11). Il ne veut pas ajouter à leur peine. « Paix avec vous », répète-t-il (Jean 20, 21).
Et nous, nous devons avoir les mêmes sentiments d’après le Christ (Romains 15, 5). Pas d’autres, mais les siens. Des sentiments de paix et de pardon, qui visent à la réconciliation. Qui se veulent encourageants, stimulants. « Rendez ma joie parfaite : ayez une même pensée, un même amour, une même âme, un même sentiment » (Philippiens 2, 2).
Qu’avons-nous entendu ? Quand il est sur la Croix, où nos péchés l’ont cloué – dire cela, ce n’est pas du dolorisme, mais du réalisme ; c’est reconnaître la vérité pure et dure -, quand il est sur la Croix, le Seigneur ne condamne pas les hommes ; il ne laisse même pas échapper une plainte ou un seul mot de lamentation. Il n’en veut apparemment ni à ses apôtres, ni à nous, les hommes. Ses sentiments sont d’une toute autre nature, sont d’une autre volée, on ne peut plus surnaturelle : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 23, 34).
(à suivre…)
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