Être humble (8)
« Aucun de ceux qui sont tombés amoureux de la pauvreté ne voudrait devenir riche » (saint Jean Chrysostome,
In Matthæum homiliæ 38, 3). Nous pouvons appliquer ce constat à la vertu de l’humilité, et affirmer incontinent qu’aucun de ceux qui ont goûté à l’humilité ne ressent le moindre attrait volontaire pour l’orgueil, même si sa nature l’y porte subtilement avec une grande fréquence. Il en éprouve aussitôt dégoût et honte.
En effet, celui qui est orgueilleux est source de conflits permanents avec les autres, car il veut toujours ramener la couverture à lui. Il n’y en a que pour lui. Il rabaisse continuellement les autres et cherche plus ou moins consciemment à minimiser ce qu’ils font de bien ou le rôle qui leur échoit. Il engendre tensions et frictions. Et si l’on n’a pas d’avantage à en attendre – car l’homme est si mesquin qu’il est prêt à endurer ce genre de situation si l’individu désagréable peut lui être utile par ailleurs – donc, si l’on a rien à en retirer, le vide se fait progressivement autour de ce personnage poisseux.
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L’humble, en revanche, est un homme de paix. Il rayonne de bonté. Il est la douceur même. Il ne s’attend à rien pour lui et est heureux de tout, qu’il accueille comme un vrai don de son Père des cieux. Rien ne l’attriste, si ce n’est ses péchés dont il demande aussitôt humblement pardon à son Sauveur. Loin de penser à satisfaire sa mégalomanie, il s’applique « à ce qui sert la paix et l’édification constante » (Romains14, 19), de telle sorte que chacun recherche « la satisfaction du prochain pour son bien, en vue de l’édification » (Romains 15, 2). De l’édification de tous qui découle de la vertu vécue ; de l’édification de l’Église qui se fonde sur l’humilité, sur la communion entre les saints et aux choses saintes.
C’est pourquoi il nous est encore dit : « Recherchez la paix avec tous et la sanctification, sans laquelle nul ne verra le Seigneur » (Hébreux 12, 14). L’avertissement vaut son pesant d’or. Car si nous ne cherchons pas effectivement notre sanctification et celle de nos semblables, nous avons couru en vain (cf. Galates 2, 2).
« Ne vous mettez pas en quête de ce que vous mangerez ou de ce que vous boirez et ne vous tourmentez pas » (Luc 12, 29) en vous inventant tout un système artificiel au centre duquel vous vous placez, comme si le monde devait tourner autour de vous en permanence en vous contemplant et en vous admirant. Il n’y a rien de plus triste pour un tel pantin que d’être déconsidéré des autres. De tout cela, « les païens de ce monde sont en quête. […] Au reste, cherchez son royaume [de votre Père], et cela vous sera donné en plus » (Luc 12, 30-31). Voilà qui est autrement satisfaisant et sûr.
(à suivre…)
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