Être humble (4)
Que nous dit l’Écriture ? « Le Seigneur m’a donné une langue de disciple » (Isaïe 50, 4). De disciple, non de discoureur impénitent de soi-même. De disciple, autrement dit de serviteur de la Parole. « Il n’est pas de disciple qui soit au-dessus de celui qui l’instruit, ni de serviteur qui soit au-dessus de son maître » (Matthieu 10, 24). Le serviteur n’est pas la Parole elle-même, mais il est chargé de la transmettre, d’en être comme le haut-parleur. « Il est temps de repousser ces pensées d’orgueil ! Tu es le pinceau dans les mains de l’artiste. — Et rien de plus. — Dis-moi à quoi sert un pinceau s’il empêche le peintre de réaliser son œuvre » (saint Josémaria,
Chemin, n° 612). Il est vrai qu’il est bien difficile à un artiste d’être humble ! « Il est très difficile de pratiquer l’humilité à un artiste, parce que son métier même n’est que l’étalage de sa personne encombrante » (Max Jacob,
Défense du Tartuffe).
« Le Seigneur m’a donné une langue de disciple » et, « tous les matins, il éveille mon oreille pour que j’écoute comme les disciples. Le Seigneur m’a ouvert l’oreille » (Isaïe 50, 5). Mais
(lire la suite) pour entendre ce que le Seigneur a à nous dire afin que nous le répercutions autour de nous, encore faut-il ne pas s’écouter soi-même et se parler à soi-même. Car alors les émissions sont brouillées et nous n’entendons que ce que nous voulons entendre, ce qui flatte notre ego, les sirènes qui nous conduisent droit sur les récifs où nous nous briserons lamentablement et irrémédiablement.
Pourtant, « la Parole est tout près de toi, elle est dans ta bouche et dans ton cœur pour que tu la mettes en pratique » (Deutéronome 30, 14). Par conséquent, « ce commandement que je te commande aujourd’hui n’est pas trop difficile pour toi, ni hors de ta portée » (Deutéronome 30, 11), car « ce n’est pas en secret que j’ai parlé » (Isaïe 45, 29), mais je t’ai « creusé l’oreille » (Psaume 40, 7). Quand me répondras-tu : « À faire ton bon plaisir, mon Dieu, je me complais, et ta Loi est dans mon cœur » (Psaume 40, 9) ? Quand reconnaîtras-tu : « Le Seigneur m’a appelé dès le sein maternel, dès les entrailles de ma mère il a mentionné mon nom. Il a fait de ma bouche une épée acérée » (Isaïe 49, 1-2) ?
Mais pour annoncer le Vrai, le Bien. Non pour t’autoproclamer roi de l’univers, de ton petit monde mesquin. Tout tourne autour de toi. C’est ennuyeux et lassant pour les autres à la fin, outre que grotesque. C’est jouer à la grenouille de la fable de La Fontaine qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf. Un rien, et elle éclate. Il n’en reste plus rien. On aura vite fait de l’oublier, car elle n’a rien laissé de durable : que la fumée de paroles creuses d’auto-encensement emportées par le vent.
(à suivre…)
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