Patience envers les autres
Patience envers les autres
« Le jour où le roi René conduisit à Saint-Amadour la belle Aude de Toulouse, qu'il venait d'épouser dans Arles, les consuls voulurent lui offrir la régalade d'un pendu... (nous sommes en plein Moyen Âge). Quand la reine voit le condamné, les mains liées derrière le dos, la tête engagée dans la corde, elle pousse un cri et cache sa tête dans ses mains.« Messieurs les consuls, dit le roi René à haute voix, Madame la reine vous demande en souhait de bienvenue de lui accorder la grâce de cet homme. » Les consuls répondent : « Cet homme a fabriqué de la fausse monnaie la loi veut qu'il soit pendu. » Le conseiller du roi intervient et dit que, suivant la coutume (lire la suite) de Saint-Amadour, un condamné pouvait racheter sa vie pour la somme de mille ducats; « Il est vrai, répondirent les consuls, mais où voulez-vous que ce gueux les prenne, ces mille ducats ? »
« Le roi fouilla dans son escarcelle, il en sortit huit cents ducats. La reine cherche dans son aumônière, elle était pauvre, elle n'y trouva que cinquante ducats. « N'est-ce pas assez, Messieurs, supplia-t-elle, que huit cent cinquante ducats pour sauver la vie de ce pauvre homme ? » « La loi exige mille ducats, répondirent les consuls. Tous les seigneurs de la suite vidèrent leurs poches dans les mains des magistrats. « Neuf cent quatre-vingt-dix-neuf ducats », annoncèrent les consuls. Il manque encore trois ducats.
« Pour trois ducats, cet homme sera-t-il pendu ? », s'écrie la reine, indignée.
« Cet homme sera pendu », répondent les consuls inflexibles, et ils firent signe au bourreau.
« Arrêtez, arrêtez s'écrrie la reine. Qu'on fouille ce malheureux, il a peut-être sur lui trois ducats ! » Le bourreau fouille la culotte du pendu, il en retire trois ducats. Alors les consuls saluent la reine : « Madame, cet homme est libre ! »
Cité par Bernard Bro, Paraboles, tome 1. La Tour Eiffel et le Bottin, Paris, 2007, p. 107.
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