Les femmes au service de l'Evangile (3)
Les femmes au service de l'Évangile (3)
Certains autres faits ne peuvent pas être négligés. Il faut prendre acte, par exemple, que la brève Lettre à Philémon est en réalité également adressée par Paul à une femme appelée « Apphia » (cf. Philémon 2). Des traductions latines et syriaques du texte grec ajoutent à ce nom « Apphia », l'appellation de soror carissima (ibid.), et l'on doit dire que dans la communauté de Colosse, celle-ci devait occuper une place importante ; (lire la suite) quoi qu'il en soit, c'est l'unique femme mentionnée par Paul parmi les destinataires d'une de ses lettres. Ailleurs, l'Apôtre mentionne une certaine « Phébée », qualifiée comme diákonos de l'Église de Cencrées, petite ville portuaire située à l'est de Corinthe (cf. Romains 16, 1-2). Bien que le titre, à cette époque, n'ait pas encore de valeur ministérielle spécifique de type hiérarchique, il exprime un véritable exercice de responsabilité de la part de cette femme en faveur de cette communauté chrétienne. Paul recommande de la recevoir cordialement et de l'assister « en toute affaire où elle ait besoin », puis il ajoute : « car elle a pris soin de beaucoup de gens, et de moi aussi ». Dans le même contexte épistolaire, l'Apôtre rappelle avec des accents délicats d'autres noms de femmes : une certaine Marie, puis Tryphène, Tryphose et la « très chère » Persis, en plus de Julie, dont il écrit ouvertement qu'elles se sont « donné beaucoup de peine dans le Seigneur » ou « qui se donnent de la peine dans le Seigneur » (Romains 16, 6.12a.12b.15), soulignant ainsi leur profond engagement ecclésial. Dans l'Église de Philippes se distinguèrent ensuite deux femmes appelées « Évodie et Syntykhé » (Philippiens 4, 2) : le rappel que Paul fait de leur concorde réciproque laisse entendre que les deux femmes assuraient une fonction importante au sein de cette communauté.En somme, l'histoire du christianisme aurait eu un développement bien différent s'il n'y avait pas eu le généreux apport de nombreuses femmes. C'est pourquoi, comme l'écrivit mon cher prédécesseur Jean-Paul II dans la Lettre apostolique Mulieris dignitatem, « L'Église rend grâce pour toutes les femmes et pour chacune d'elles... L'Église rend grâce pour toutes les manifestations du « génie » féminin apparues au cours de l'histoire, dans tous les peuples et dans toutes les nations ; elle rend grâce pour tous les charismes dont l'Esprit Saint a doté les femmes dans l'histoire du Peuple de Dieu, pour toutes les victoires remportées grâce à leur foi, à leur espérance et à leur amour : elle rend grâce pour tous les fruits de la sainteté féminine » (n° 31). Comme on le voit, l'éloge concerne les femmes au cours de l'histoire de l'Église et il est exprimé au nom de la communauté ecclésiale tout entière. Nous nous unissons nous aussi à cette appréciation en rendant grâce au Seigneur, car il conduit son Église, génération après génération, en s'appuyant indistinctement sur des hommes et des femmes, qui savent faire fructifier leur foi et leur baptême pour le bien du Corps ecclésial tout entier, pour la plus grande gloire de Dieu.
Benoît XVI, Audience générale, 14 février 2007.
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