Origene, sa vie, son oeuvre (3)
Origène, sa vie, son œuvre (3)
Enfin, poursuit Benoît XVI, même avant son ordination sacerdotale, Origène se consacra intensément à la prédication de la Bible, s'adaptant à un public très divers. Dans tous les cas, dans ses Homélies également, c'est le maître que l'on retrouve, qui se consacre entièrement à l'interprétation systématique de l'épisode étudié, progressivement divisé selon les versets successifs. Dans les Homélies aussi, Origène saisit toutes les occasions pour rappeler les diverses dimensions du sens de l'écriture Sainte, (lire la suite) qui aident ou expriment un chemin dans la croissance de la foi : il y a le sens « littéral », mais celui-ci cache des profondeurs qui n'apparaissent pas dans un premier temps ; la deuxième dimension est le sens « moral » : que devons-nous faire en vivant la parole ; et enfin le sens « spirituel », c'est-à-dire l'unité de l'écriture, qui dans tout son développement parle du Christ. C'est l'Esprit Saint qui nous fait comprendre le contenu christologique et ainsi l'unité de l'écriture dans sa diversité. Il serait intéressant de montrer cela. J'ai un peu tenté, dans mon livre Jésus de Nazareth, de mettre en évidence dans la situation d'aujourd'hui ces multiples dimensions de la parole, de l'écriture Sainte, qui avant tout, doit être respectée, précisément au sens historique. Mais ce sens nous transcende vers le Christ, dans la lumière de l'Esprit Saint, et nous montre la voie, comment vivre. On en trouve, par exemple, la mention dans la neuvième Homélie sur les Nombres, où Origène compare l'écriture aux noix : « Ainsi est la doctrine de la Loi et des Prophètes à l'école du Christ », affirme l'auteur de l'homélie ; « amère est la lettre, qui est comme l'écorce ; en deuxième lieu, tu parviendras à la coquille, qui est la doctrine morale ; en troisième lieu, tu trouveras le sens des mystères, dont se nourrissent les âmes des saints dans la vie présente et future » (Homélies sur les Nombres 9, 7).C'est en particulier par cette voie qu'Origène parvient à promouvoir de manière efficace la « lecture chrétienne » de l'Ancien Testament, en réfutant de manière brillante le défi des hérétiques - surtout gnostiques et marcionites - qui opposaient les deux Testaments entre eux, jusqu'à rejeter l'Ancien. A ce propos, dans la même Homélie sur les Nombres, l'Alexandrin affirme : « Je n'appelle pas la Loi un « Ancien Testament », si je la comprends dans l'Esprit. La Loi ne devient un « Ancien Testament » que pour ceux qui veulent la comprendre charnellement », c'est-à-dire en s'arrêtant à la lettre du texte. Mais « pour nous, qui la comprenons et l'appliquons dans l'Esprit et dans le sens de l'Évangile, la Loi est toujours nouvelle, et les deux Testaments sont pour nous un nouveau Testament, non pas en raison de la date temporelle, mais de la nouveauté du sens... En revanche, pour le pécheur et pour ceux qui ne respectent pas le pacte de la charité, les Évangiles eux aussi vieillissent » (Homélies sur les Nombres 9, 4).
Je vous invite - et je conclus ainsi - à accueillir dans votre cœur l'enseignement de ce grand maître de la foi. Il nous rappelle avec un profond enthousiasme que, dans la lecture priante de l'Écriture et dans l'engagement cohérent de la vie, l'Église se renouvelle et rajeunit toujours. La Parole de Dieu, qui ne vieillit jamais et ne s'épuise jamais, est le moyen privilégié pour y parvenir. C'est en effet la Parole de Dieu qui, par l'œuvre de l'Esprit Saint, nous guide toujours à nouveau à la vérité tout entière (cf. Benoît XVI, "Aux participants au Congrès international pour le XL anniversaire de la Constitution dogmatique Dei Verbum", in Insegnamenti, vol. I, 2005, p. 552-553) et prions le Seigneur pour qu'il nous donne aujourd'hui des penseurs, des théologiens, des exégètes qui trouvent cette dimension multiple, cette actualité permanente de l'Écriture Sainte, sa nouveauté pour notre époque. Prions afin que le Seigneur nous aide à lire de façon orante l'Écriture Sainte, à nous nourrir réellement du vrai Pain de la vie, de sa Parole.
Benoît XVI, Audience générale, 25 avril 2007.
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