Origene, sa vie, son oeuvre (2)
Origène, sa vie, son œuvre (2)
"Nous avons mentionné, dit Benoît XVI, ce « tournant irréversible » qu'Origène imprima à l'histoire de la théologie et de la pensée chrétienne. Mais en quoi consiste ce « tournant », cette nouveauté si riche de conséquences ? Il correspond substantiellement à la fondation de la théologie dans l'explication des Écritures. Faire de la théologie était pour lui essentiellement expliquer, comprendre l'Écriture ; ou nous pourrions également dire que sa théologie est la parfaite symbiose entre théologie et exégèse. En vérité, la marque caractéristique de la doctrine d'Origène semble précisément résider dans l'invitation incessante à passer (lire la suite) de la lettre à l'esprit des Écritures, pour progresser dans la connaissance de Dieu. Et ce que l'on appelle l'« allégorisme », a écrit Urs von Balthasar, coïncide précisément « avec le développement du dogme chrétien effectué par l'enseignement des docteurs de l'Église », qui - d'une façon ou d'une autre - ont accueilli la « leçon » d'Origène. Ainsi, la tradition et le magistère, fondement et garantie de la recherche théologique, parviennent à se configurer comme une « Écriture en acte » (cf. Origène, Le monde, le Christ et l'Église, tr. it., Milan 1972, p. 43). Nous pouvons donc affirmer que le noyau central de l'immense œuvre littéraire d'Origène consiste dans sa « triple lecture » de la Bible. Mais avant d'illustrer cette « lectureé, il convient de jeter un regard d'ensemble sur la production littéraire de l'Alexandrin. Saint Jérôme, dans son Epistola 33, dresse la liste des titres de 320 livres et de 310 homélies d'Origène. Malheureusement, la majeure partie de cette œuvre a été perdue, mais le peu qu'il en reste fait de lui l'auteur le plus fécond des trois premiers siècles chrétiens. Son domaine d'intérêt s'étend de l'exégèse au dogme, à la philosophie, à l'apologétique, à l'ascétique et à la mystique. C'est une vision fondamentale et globale de la vie chrétienne.La source inspiratrice de cette œuvre est, comme nous l'avons dit, la « triple lecture » de l'Écriture développée par Origène au cours de sa vie. Par cette expression, nous entendons faire allusion aux trois modalités les plus importantes - qui ne se suivent pas l'une l'autre, mais en réalité le plus souvent se superposent - avec lesquelles Origène s'est consacré à l'étude des Écritures. Il lut tout d'abord la Bible avec l'intention d'en certifier le mieux possible le texte et d'en offrir l'édition la plus fiable. Cela, par exemple, est le premier pas : connaître réellement ce qui est écrit et connaître ce que cette Écriture voulait intentionnellement et initialement dire. Il a mené une étude importante dans ce but et il a rédigé une édition de la Bible avec six colonnes parallèles, de gauche à droite, avec le texte hébreu en caractères hébreux - il a également eu des contacts avec les rabbins pour bien comprendre le texte original de la Bible -, puis le texte hébreu translittéré en caractères grecs, et puis quatre traductions différentes en langue grecque, qui lui permettaient de comparer les différentes possibilités de traduction. D'où le titre d'Hexaple (six colonnes) attribué à cette immense synopse. C'est le premier point : connaître exactement ce qui est écrit, le texte comme tel. En deuxième lieu, Origène lut systématiquement la Bible en l'accompagnant de ses célèbres Commentaires. Ils reproduisent fidèlement les explications que le maître offrait pendant ses leçons à l'école, à Alexandrie comme à Césarée. Origène procède presque verset par verset, de manière minutieuse, ample et approfondie, avec des notes à caractère philologique et doctrinal. Il travaille avec une grande exactitude, pour bien comprendre ce que voulaient dire les auteurs saints.
(à suivre...)
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