ce blog est bloqué à l'entrée en Chine depuis le mois de mai 2007

samedi 14 avril 2012

Le pardon (1)


Le pardon (1)

« Alors Pierre s’approcha et lui dit : « Seigneur, si mon frère pèche contre moi, combien de fois devrai-je lui pardonner ? » (Matthieu 18, 21). Il a pris le temps de méditer sur la prière que le Seigneur leur a enseignée un jour, à la demande de ses apôtres : « Seigneur, apprend-nous à prier, comme Jean a appris à ses disciples » (Luc 11, 1). Le « Notre Père » qu’il leur a remis alors contient cette demande : « Remets-nous nos dettes comme nous les remettons à nos débiteurs » (Matthieu 6, 12), ou bien « remets-nous nos péchés, car nous-mêmes remettons à quiconque nous doit » (Luc 11, 4). Quel contraste vigoureux avec la loi du talion alors en vigueur ? Cela avait fortement frappé ses auditeurs. Jésus les avait d’ailleurs préparés en leur annonçant : « N’allez pas croire que je sois venu abroger la Loi ou les Prophètes. Je ne suis pas venu les abroger, mais les parfaire » (Matthieu 5, 17). Et il avait alors précisé : (lire la suite) « Vous avez entendu qu’il a été dit : « Œil pour œil, dent pour dent. » Et moi, je vous dis de ne pas résister au méchant. Quelqu’un te frappe-t-il sur la joue droite, présente-lui encore l’autre » (Matthieu 6, 38-39).
Nous imaginons facilement Pierre et les autres apôtres réfléchissant à cet horizon exigeant de pardon et de charité que Jésus met sous leurs yeux. Mais Simon-Pierre n’a pas encore pleinement saisi que « Dieu est Amour » (1 Jean 4, 16), et qu’il va les aimer jusqu’au bout (cf. Jean 13, 1), indiquant par là comment ils doivent s’aimer les uns les autres (cf. Jean 13, 34). Il pense qu’il doit quand même y avoir une limite à ce pardon du prochain, et que si celui-ci récidive dans le mal, le moment arrive où l’on n’est plus tenu de pardonner, car la situation est devenue réellement intolérable. Il se dit qu’il va interroger le Seigneur sur ce point. Il tourne et retourne sa question afin de ne pas paraître ridicule. Il pense calculer large et il formule sa demande avec une portée qui lui semble très exagérée, avec le secret espoir que Jésus rabaissera la barre et sera plus coulant : « Seigneur, combien de fois mon frère pourra-t-il pécher contre moi et que j’aie à lui pardonner ? Est-ce jusqu’à sept fois ? » (Matthieu 18, 21). Jusqu’à sept fois. Cela lui paraît considérable. Il n’envisage pas l’hypothèse qu’il puisse s’agir de sept fois le même jour ! Ca non ! Mais sept fois dans la vie, c’est déjà héroïque de son point de vue. Il faut bien reconnaître que dans le milieu ambiant cela passera effectivement pour de la folie.

(à suivre…)

Aucun commentaire: