Dons gratuits (2)
Le moment venu de leur donner leur paye aux ouvriers de la vigne, « il dit à son intendant : ‘Appelle les ouvriers et règle leur salaire, en commençant par les derniers pour finir par les premiers.’ Ceux d’autour de la onzième heure vinrent et reçurent chacun un denier. Quand vinrent les premiers, ils crurent qu’ils recevraient davantage » (Matthieu 20, 8-10). Pourtant, ils auraient dû se rappeler sur quelle base ils s’étaient mis d’accord le matin, à la troisième heure.
En recevant, eux aussi, un denier – comme convenu, encore une fois – « ils murmuraient contre le propriétaire. ‘Ces derniers, disaient-ils, n’ont fait qu’une heure et tu les a traités comme nous qui avons supporté le poids du jour et de la chaleur » (Matthieu 20, 11-12), ce qui n’était sans doute pas négligeable. Mais pour que tort il y ait, il faudrait un acte qui lèse les droits des individus. Or,
(lire la suite) « n’est-ce pas d’un denier que tu as convenu avec moi ? Prends ton dû et va-t-en. Je veux donner à ce dernier autant qu’à toi. Ne m’est-il pas permis de faire ce que je veux de ce qui est mien ? Ou as-tu l’œil envieux parce que je suis bon ? » (Matthieu 20, 13-15).
Ici, le Seigneur donne la même rétribution à chacun, indépendamment du temps réellement passé à travailler, parce que cette parabole vise la récompense finale de la vie éternelle, qui sera identique pour tous ceux qui seront restés fidèles à Dieu, quel que soit le moment de leur vie où ils se sont attachés à lui, où ils se sont laissés embaucher à sa vigne.
Mais pour y parvenir, il faut développer les talents reçus de Dieu et qui, eux, sont variés et divers selon chacun. C’est également l’enseignement qui ressort de la parabole des talents, appelés des mines chez saint Luc. « Un homme de haute naissance se rendit dans un pays lointain pour y recevoir la dignité royale et revenir ensuite. Appelant dix de ses serviteurs, il leur remit dix mines et leur dit : ‘Faites-les valoir jusqu’à mon retour’ » (Luc 19, 12-13). Étant enfin de retour, déjà investi de ses pouvoirs royaux, le souverain appelle ses serviteurs « auxquels il avait remis l’argent, pour savoir ce que chacun en avait retiré ». Le premier se présenta et dit : « Seigneur, ta mine a rapporté dix mines. » Le second vint et dit : « Ta mine, Seigneur, a produit cinq mines. » Puis l’autre vint et dit : « Seigneur, voici ta mine, que j’ai tenue serrée dans un linge, car j’avais peur de toi » (Luc 19, 15-21). Dans cet exemple, le maître donne la même somme au départ, montrant par là qu’il est libre d’agir comme il l’entend, et que ce n’est pas tellement la question de la quantité reçue qui compte, que la façon de la mettre en valeur, que le sérieux apporté à en tirer le meilleur profit possible, à effectuer le placement le plus rentable. Or, « y a-t-il affaire plus importante que celle de la vie éternelle ? » (saint Josémaria, Chemin, n° 235).
(à suivre…)
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