Amour de Dieu et du prochain (3)
Le Christ n’avait-il pas lancé cette invitation pressante et exigeante : « Bienheureux serez-vous quand on vous insultera, qu’on vous persécutera et qu’on vous calomniera de toute manière à cause de moi ! Soyez dans la joie et l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux » ? (Matthieu 5, 11-12). Comment dans ces conditions en vouloir à ceux qui s’en prennent ainsi à Jésus à travers notre modeste personne, s’ils nous aident à accéder à la patrie céleste ? N’est-il pas logique que le Seigneur nous demande de les aimer et de prier pour eux ? Ne deviennent-ils pas en quelque sorte nos bienfaiteurs, peut-être même plus que ceux qui nous veulent du bien ?
Nous constatons souvent que notre foi catholique
(lire la suite) nous fait entrer dans une logique qui n’est pas celle du monde et qui, surtout, échappe à la « prudence de la chair » (Romains 8, 6) que dénonce saint Paul.
Si notre Seigneur a précisé ainsi le rayon d’action de notre amour du prochain, il en a aussi indiqué la mesure : « Je vous donne un commandement nouveau : que vous vous aimiez les uns les autres, et que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés », ajoutant, pour que l’idée pénètre bien à fond dans le cœur et dans l’esprit de ses apôtres : « C’est à cela que tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres » (Jean 13, 34-35).
Tous le reconnaîtront, même ceux qui sont mus par la haine de Dieu et qui, de ce fait, se déchaîneront peut-être contre nous, comme ils s’en sont pris au Seigneur pour le clouer sur la Croix. « Comme je vous ai aimés », pas seulement vous, mes apôtres, mais tous les hommes de toutes les générations.
« C’est à cela que nous avons reconnu l’amour : Celui-là a donné sa vie pour nous » (1 Jean 3, 16). Et « c’est quand nous étions encore pécheurs que le Christ est mort pour nous » (Romains 5, 8). C’est pourquoi l’Apôtre nous exhorte : « Vivez dans la charité, à l’exemple du Christ qui vous a aimés et s’est livré lui-même pour vous en offrande et en Sacrifice d’agréable odeur fait à Dieu » (Éphésiens 5, 2). Par suite, « nous aussi nous devons donner notre vie pour nos frères » (1 Jean 3, 16).
Or, nos frères, ce ne sont pas seulement ceux avec qui nous partageons la même foi et qui le sont à un titre tout spécial et privilégié, mais aussi tous les hommes, que le Seigneur a aimés, jusqu’au bout » (Jean 13, 1). Il a prié pour ses bourreaux et pour tous ceux qui, à un degré ou un autre, ont été responsables de sa mise à mort : « Père, pardonne-leur parce qu’ils ne savent pas ce qu’ils font » (Luc 12, 34).
Aimer comme le Christ nous a aimés implique donc d’avoir cette même magnanimité et de savoir pardonner, car, loin de penser à nous-mêmes, nous voulons ardemment et sincèrement le salut des autres.
(fin)
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