La prière à Marie
La prière à Marie
Une femme, naguère dévote, s'était si malheureusement laissée envenimer par la rancune contre son propre frère, qu'elle avait juré de ne lui pardonner ni en ce monde ni dans l'autre. Elle avait laissé pour cela les sacrements et même la prière. Or, une maladie mortelle survint qui la minait sans pitié.Le curé de la paroisse essaya de lui arracher un mot de pardon. Il y épuisa vainement tout son zèle.
Quand la mission eut été commencée, il me pria (lire la suite) (le P. Bouchage) d'essayer à mon tour. Cette pauvre femme me dit des choses terribles. « Voyez, ajouta-t-elle, je veux que sur ma tombe on grave ces paroles : Ci-gît une femme qui s'est vengée ! - Et l'enfer ? lui répliquai-je avec compassion. - L'enfer ? la pensée de m'être vengée me consolera de tous mes tourments. » C'est dire à quel point la malheureuse s'était fait une idée fixe de sa vengance. Ne sachant plus que faire à mon tour, je conseillai à cette malheureuse de prier pour obtenir la force de pardonner. - « Je sais, répondit-elle, que j'obtiendrais cette grâce, mais je ne veux pas l'obtenir. » - Et pour moi, repris-je, consenteriez-vous à prier ? - Oh ! pour vous, tant que vous voudrez ! » Je me mis à genoux, et, tirant de mon bréviaire une image de Notre-Dame du Perpétuel-Secours, je la lui mis entre les mains en récitant l'Ave Maria... Au second Ave, cette pauvre pécheresse m'arrêta. « Père, dit-elle, n'allez pas plus loin. Je pardonne ! Confessez-moi ! » On ne saurait peindre le rayonnement qui éclaira ensuite son visage, mais j'aime à attester, à la gloire de la très Sainte Vierge, que ce jour-là, je vis de mes yeux que la prière, surtout présentée par la Sainte Vierge, est une flèche qui transperce les cœurs.
Cité dans La Vierge Marie enseignée à la jeunesse, Lyon, 1937, p. 56-57.
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