ce blog est bloqué à l'entrée en Chine depuis le mois de mai 2007

jeudi 10 mai 2012

Homélie en l’honneur de sainte Jeanne d’Arc




Homélie en l’honneur de sainte Jeanne d’Arc

prononcée en la cathédrale de Reims

Jeanne affirmera à ses juges : « Je suis venue au roi de France de par Dieu, de par la Vierge Marie et tous les saints et saintes du paradis et l'Église victorieuse d'en-haut, et par leur commandement. » Notre Dame, titre de cette église cathédrale de Reims, si présente dans la vie de Jeanne. Reims qui marque l’aboutissement de la première partie de la mission de Jeanne. Cette cathédrale, huit fois centenaire, dont les voûtes nous semble retentir encore des acclamations des sacres royaux.
« Tout d'abord, c'est sous le patronage de Notre-Dame de Bermont, puis sous celui de la Vierge d'Orléans, enfin de la Vierge de Reims, devait souligner le pape Pie XI, qu'elle entreprit d'un cœur viril une si grande œuvre, qu'elle demeura sans peur en face des épées dégainées, et sans tache au milieu de la licence des camps, qu'elle délivra sa patrie du suprême péril et rétablit le sort de la France. [...] C'est après en avoir reçu le conseil de ses voix célestes qu'elle ajouta sur son glorieux étendard le nom de Marie à celui de Jésus, vrai Roi de France. Montée sur le bûcher, c'est en murmurant au milieu des flammes, en un cri suprême, les noms de Jésus et Marie qu'elle s'envola au ciel » (Pie XI, Lettre ap. Galliam Ecclesiæ filiam, 2 mars 1922). (lire la suite) Or, « il n’est sous le ciel, d’entre les noms qui se donnent chez les hommes, aucun autre qui doive nous sauver » (Actes 4, 12) que celui de notre Seigneur Jésus-Christ. Et, d’autre part, c’est par Marie que nous viennent toutes les grâces, et donc celle, décisive et vitale, du salut éternel.

Par conséquent, chez sainte Jeanne d’Arc, « au Nom de Jésus est toujours uni le Nom de Marie et ainsi, sur un fond de religiosité populaire, la spiritualité de Jeanne est profondément christocentrique et mariale. Depuis l'enfance, elle démontre une grande charité et compassion envers les plus pauvres, les malades et tous les souffrants, dans le contexte dramatique de la guerre » (Benoît XVI, Audience générale, 26 janvier 2011).

Il faut souligner le caractère profondément spirituel, et même mystique, de la vie de notre sainte. « À travers la « voix » de l'archange saint Michel, Jeanne se sent appelée par le Seigneur à intensifier sa vie chrétienne ainsi qu'à s'engager personnellement pour la libération de son peuple. Sa réponse immédiate, son « oui », est le vœu de virginité, avec un nouvel engagement dans la vie sacramentelle et dans la prière : participation quotidienne à la Messe, confession et communion fréquentes, longs temps de prière silencieuse devant le Crucifix ou l'image de la Vierge. La compassion et l'engagement de la jeune paysanne française face à la souffrance de son peuple, nous fait remarquer le saint-père, sont encore renforcés par son rapport mystique avec Dieu. L'un des aspects les plus originaux de la sainteté de cette jeune fille est précisément ce lien entre l'expérience mystique et la mission politique. Après les années de vie cachée et de maturation intérieure s'ensuivent deux brèves, mais intenses années de sa vie publique : une année d'action et une année de passion » (Benoît XVI, Ibid.).
« Dieu écrit droit avec des lignes courbes », disait saint Jean de la Croix. Jeanne devait en faire l’expérience. La trahison d’abord, l’absence d’empressement à payer la rançon qui eût pu l’arracher à la prison, l’esprit retors d’hommes d’Église eurent pour dénouement sa mort sur le bûcher et sa véritable heure de gloire. Elle peut alors proclamer, avec le psalmiste : « Le Seigneur est ma force et l'objet de mes chants ; il a été mon salut. Des cris de triomphe et de délivrance retentissent dans les tentes des justes. La droite du Seigneur a déployé sa force ; la droite du Seigneur est élevée, la droite du Seigneur a déployé sa force. Je ne mourrai pas, je vivrai, et je raconterai les œuvres du Seigneur » (Psaume 117, 14-17).
Sainte Jeanne d’Arc prononce les noms de Jésus et de Marie de bouche et de cœur tout au long de sa vie. Ils alimentent une dernière fois sa prière, tandis que les flammes commencent à lécher son corps. Ces noms qu’elle fit broder sur son étendard, puissent-ils orienter et guider aussi toute notre vie.

Aucun commentaire: