L’homme est bon (2)
Et J. Pieper de citer C. Lewis, dont la remarque est identique : « Nous souhaitons tous être aimés à cause de notre
intelligence, de notre beauté, de notre générosité, de notre gentillesse, de notre sensibilité » (
The Four Loves).
Le rejet de l’amour gratuit est évidemment une réaction d’orgueil causée, qu’on le veuille ou non, par le péché originel et par les traces qu’il a laissées dans notre nature. Chez le baptisé qui vit dans la joie que lui procurent la foi et la fréquentation de Dieu, ce genre de réaction n’a pas lieu d’être. Elle ne se produit pas, bien au contraire. La conviction de faire l’objet d’un amour de Dieu que rien en nous ne justifie ou n’exige, suscite l’émerveillement et une reconnaissance sans fin. Et peut-être aussi de la commisération pour ceux qui ne comprennent pas cette réalité, une commisération qu’accompagne une prière pour que le Seigneur leur ouvre les yeux et leur accorde l’humilité de reconnaître à leur tour les bienfaits de Dieu à leur égard.
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Il faut vraiment se fermer volontairement au transcendant, pourtant inscrit dans la nature humaine, pour ne pas réussir à capter cette logique de la gratuité de l’Amour divin. Je serai même tenté d’ajouter que ce genre de raisonnement – si jamais le raisonnement tient – laisse entrevoir une conception et une connaissance bien pauvres de la réalité de l’amour humain qui ne se limite pas à une relation purement physique mais s’étend à toute la personnalité de l’autre. Celui qui ne s’est pas engagé à fond dans le don de soi et en est resté à une donation égoïste, voire purement érotique, qui ne cherche que son plaisir, est évidemment à mille lieues de comprendre la gratuité de l’amour. Il nie ce qu’il n’est pas disposé à vivre. Il pose un postulat, dont il sait la fausseté, pour tenter de justifier à ses yeux son comportement, son style de vie. Nous pouvons dire qu’il rate sa vie, parce que l’amour est la seule vertu appelée à se pérenniser (cf. 1 Corinthiens 13, 13).
Ce genre de gens fait pitié, plus encore s’il s’agit de quelqu’un d’intelligent, ou jugé tel par ses semblables. Je dis « jugé tel », car quelqu’un qui refuse le transcendant et la relation ontologique à Dieu peut-il être raisonnablement dit intelligent ? L’homme n’a pas reçu la raison droite pour s’opposer à son Créateur. D’un enfant qui conteste systématiquement tout ce que ses parents ou ses maîtres lui disent ou lui demandent, l’on dit qu’il traverse la crise de l’adolescence et qu’il est dans « l’âge bête ».
C’est ce qui se produit chez l’intellectuel qui entend briller aux yeux de la galerie, et à ses propres yeux, en rejetant Dieu. Il s’enferme dans « l’âge bête ». Espérons qu’il finira par en sortir. Rien n’est moins sûr cependant, car, le temps passant, il lui sera de plus en plus difficile de revenir sur son orgueil, les passions étant bien enracinées en lui. Changer en profondeur relève presque du miracle. Mais rien n’est impossible à Dieu ! (Luc 1, 37 ; Marc 10, 27).
(à suivre…)
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