Prière de Guillaume Alexis
« Ô Reine qui fûtes mise / Et assise / Là-sus au trône divin, / Devant vous en cette église, / Sans feintise, / Je suis venu ce matin. / Comme votre pèlerin, / Chef enclin, /
Humblement je vous présente / Mon corps et mon âme, afin / Qu’à ma fin / Vous veilliez être présente. / Vierge, reine débonnaire, / Exemplaire / De parfaite charité, / Vers vous je me viens retraire, / Car soustraire / Veux mon cœur de vanité. / Hélas ! Vierge, j’ai été, / Maint été / Et maint hiver, sans bien faire ; / L’ennemi m’a fort guetté / Et tenté / Pour moi en enfer attraire. / Je suis des mauvais le pire, / À vrai dire ; / Car tout mon entendement / Ai mis pour à chacun nuire, / Et empire / De jour en jour grandement. / Quand je pense fortement / Vraiment, / Je ne sais moi que je fasse / Sinon de pleurer souvent / Ci-devant / Votre glorieuse face. / Très précieuse fontaine, / Claire et saine, / Et vraie étoile de mer, / Espérance très certaine, / D’amour pleine, / Que pécheurs doivent clamer, / Où me pourrai-je bouter / Ni sauver / Quand Dieu chacun jugera ? / Qui me pourra conforter / M’assurer, / Vierge, quand le jour sera ? / Hélas ! Vierge, que feront, / Que diront / Pécheurs à cette journée ? / Car les anges trembleront / Quand orront / La sentence redoutée / Lors soyez, Vierge honorée. / Apprêtée / Devant Dieu à jointes mains, / En disant : « Douce portée, / Très aimée, / Ayez pitié des humains. » / Hélas ! Vierge, que ferai, / Où serai / À ce jour horrible et fier ? / À vous du tout me rendrai / Et dirai / Que suis votre prisonnier. / Je m’y dois bien rallier / Et fier ; / Car vous êtes tant bénigne / Que ne pouvez oublier / Ni laisser / Celui qui vers vous s’incline.
Guillaume ALEXIS (v. 1440/50-1486), Bénédictin,
Oraison très dévote.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire