Abraham et la conversion à Dieu
Abraham et la conversion à Dieu
Le départ d'Abraham retentit à travers toute l'histoire religieuse ultérieure. Pour toute la tradition judéo-chrétienne, il est le modèle et le principe de la conversion au Dieu vivant par le commencement absolu de la foi. L'Ancien Testament y revient sans cesse, comme à l'origine de la vocation du peuple juif. Le Nouveau Testament en fait l'exemplaire même de la foi : « C'est par la foi qu'Abraham, obéissant à l'appel de Dieu, partit pour un pays qu'il devait recevoir en héritage et se mit en chemin sans savoir où il allait » (He 11, 7). Le théologien juif Philon (lire la suite) a consacré un de ses traités à la Migratio Abrahae où il voit le symbole de l'âme qui quitte les choses visibles pour aller au devant des choses invisibles. Grégoire de Nysse nous montre en lui le modèle de l'âme qui se met en marche vers Dieu dans l'obscurité de la toi et commentant dans une explication géniale le texte de l'épître aux Hébreux disant qu'Abraham partit « sans savoir où il allait », il écrit que c'est précisément « parce qu'il ne savait pas où il allait qu'il était dans la bonne voie, car il était sût alors de ne pas se conduire par les lumières de sa propre intelligence, mais d'être conduit par la volonté de Dieu » (Contre Eunomius 22). La conversion de Pascal, dans la nuit décisive, sera la conversion « au Dieu d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, non des philosophes et des savants ». Pour Kierkegard et pour Chestov, « le modèle du penseur est Abraham ; le mère de la foi, et non Socrate. Pour Abraham, la foi était une nouvelle dimension de la pensée, que le monde n'avait pas encore connue, qui ne trouvait pas sa place dans la conscience ordinaire et qui faisait exploser les vérités contraignantes de notre expérience et de notre raison » (Chestov, Athènes et Jérusalem, p. 347). Et Jean Hering pourra écrire : « Le modèle du chrétien, ce n'est pas la princesse envoyée en exil et qui aspire au retour, c'est Abraham se mettant en route vers un pays inconnu que Dieu lui montrera » (Le royaume de Dieu et sa venue).Jean Daniélou, Le mystère de l'Avent, Paris, Éditions du Seuil, 1948, p. 33-34.
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