ce blog est bloqué à l'entrée en Chine depuis le mois de mai 2007

jeudi 21 janvier 2010

Le paralytique de la piscine probatique (3)

Jésus, en effet, s'est arrêté devant son grabat. Il se rappelle les fois où il était venu voir cette piscine en compagnie de Marie et de Joseph. Joseph lui avait appris à faire l'aumône à l'un, à rendre un menu service à un autre, comme un père initie son enfant à la pratique des vertus, notamment la plus noble d'entre elles, la charité.
Il se pourrait même qu'à cette époque, sachant ce qu'Il ferait plus tard, Jésus se soit arrêté tout spécialement à soulager un homme devant lequel il se retrouve maintenant, et qui ne peut évidemment pas le reconnaître.
Jadis, comme par la suite, l'heure des miracles et de manifester sa toute-puissance n'avait pas encore sonné. En quelque sorte, Jésus apprenait de Joseph à s'intéresser au sort de son prochain.
Aujourd'hui, ce qui a été semé alors va porter ses fruits...
Marie est présente cette fois encore. Elle n'a pas à intervenir. Mais elle supplie intérieurement son Fils. Elle se met dans la peau du paralytique, de sorte que son Fils y déchiffre son propre regard de « toute-puissance suppliante ». Elle implore en silence.

*
* *

- Aaron, courage ! (...) Il t'appelle (Marc 10, 49).
Le voyant étendu et sachant qu'il était dans cet état depuis déjà longtemps, il lui dit :
- Veux-tu guérir ? (Jean 5, 6).
Il sait bien qu'il le souhaite, que rien ne lui ferait plus plaisir. Mais il veut l'entendre le dire, écouter de lui un acte de foi, qui ouvre son cœur.
Pris par la lassitude de sa vie ordinaire, toujours pareille à elle-même dans sa platitude et sa souffrance, l'infirme ne sait et ne peut, dans un premier temps, que manifester son état d'âme :
- Seigneur (il n'hésite pas à employer ce titre, tant Jésus lui semble empreint de majesté et d'autorité), je n'ai personne pour me mettre à la piscine quand l'eau vient d'être agitée (Jean 5, 7).
C'est bien là le hic, ce qui le fait souffrir le plus profondément. Cette solitude au beau milieu d'un brouhaha et d'une agitation permanentes. Tous ces gens qui passent et repassent devant lui sans lui prêter la moindre attention. Depuis trente-huit ans que cela dure, ils sont des dizaines de milliers à avoir défilé égoïstement devant lui.
Hominem non habeo ! Aveu terrible quand on y pense. Le Chema Israël ne fait-il pas obligation d'aimer le prochain comme soi-même ? (cf. Deutéronome 6, 5 ; Luc 10, 27). C'est chacun pour soi. « Je n'ai personne ! » Les miséreux, les malades sont-ils des parias ? La paralysie n'est pas contagieuse, que je sache !
Le Seigneur a dit :
- Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau ; c'est moi qui vous soulagerai. Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école : je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez du soulagement pour votre être, car mon joug est agréable et mon fardeau léger (Matthieu 11, 28-30).
- N'y aura-t-il donc pas une bonne âme pour me montrer le chemin, pour me tendre la main ? Je ne peux même pas acheter une aide, car je n'ai rien, tout juste des haillons défraîchis ! Je ne vais quand même pas vendre mon grabat ! D'ailleurs, qui en voudrait ? J'ai bien un petit trésor serré dans un petit morceau de musc, mais c'est un objet qui n'a de prix que pour moi, qui a une valeur sentimentale, c'est un souvenir de ma mère. La pauvre, que Élohim la bénisse !

(à suivre...

Aucun commentaire: