ce blog est bloqué à l'entrée en Chine depuis le mois de mai 2007

jeudi 25 mars 2010

L'Annonciation

L'Annonciation


En posant la question : « Comment cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d'homme ? » (Luc 1, 34), Marie ne place pas sa virginité au premier rang, au-dessus de la Volonté de Dieu. Ç'eût été une imperfection, même un péché d'orgueil, qui ne saurait exister en elle. Elle se borne à faire état de sa virginité et demande comment la concilier avec ce qui lui est annoncé.
L'ange lui a déjà dit : « Ne crains pas, Marie » (Luc 1, 30). Ce n'est pas que la Vierge de Nazareth ait peur ou craigne Dieu. Là encore, ce serait une imperfection. Sa « crainte » vient de sa conscience très forte d'être un instrument totalement inappropriée à la mission qui lui est confiée et dont elle comprend la portée, à quel point elle l'implique dans le salut de l'humanité. Marie, qui va s'autoproclamer « esclave du Seigneur » (Luc 1, 38), est troublée de constater que Dieu a jeté son regard sur la « bassesse de sa servante » (Luc 1, 48) et l'a malgré tout élue pour être la Mère de son Fils, elle qui n'a que quinze ou seize ans. Ce n'est pas d'être complimentée par un archange qui la perturbe, mais la disproportion entre ce qu'elle est et ce qu'elle doit devenir. C'est précisément parce qu'elle voit si nettement l'abîme infini qui la sépare de la divinité, qu'elle peut s'empresser d'acquiescer de tout son être : c'est Dieu qui fera en sorte que les choses se passent comme il l'entend. À la petitesse de Marie il ajoutera sa grandeur infinie.
La réponse de l'archange, « rien n'est impossible à Dieu » (Luc 1, 37) est une reprise littérale des paroles de l'ange à Sara, concernant sa conception elle aussi miraculeuse (Genèse 16, 14). « Lorsque Marie répond aux paroles du messager céleste par son « fiat », la « comblée de grâce » sent le besoin d'exprimer son rapport personnel avec le don qui lui a été révélé, et elle dit : « Je suis la servante du Seigneur » (Luc 1, 38) », expression qui « traduit toute la conscience qu'a Marie d'être une créature par rapport à Dieu. Toutefois, le mot « servante », vers la fin du dialogue de l'Annonciation, s'inscrit dans toute la perspective de l'histoire de la Mère et de son Fils. En effet, ce Fils, qui est vraiment et consubstantiellement « Fils du Très-Haut », dira souvent de lui-même, surtout au point culminant de sa mission : « Le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi, mais pour servir » (Marc 10, 45) » (Jean-Paul II, Mulieris dignitatem 5).
Le fiat de Marie n'a pas le sens de résignation qu'on lui donne parfois. « En hébreu, c'est le jussif du verbe « faire », c'est un impératif à la troisième personne, c'est un ordre donné pour obtenir une réalisation. La Sainte Vierge ne s'est pas résignée à l'Incarnation, elle l'a voulue, positivement voulue, parce que Dieu la voulait et parce que Dieu voulait qu'elle la voulût » (J. Carmignac).
C'est le premier jour de l'ère chrétienne, car c'est ce jour-là que le Seigneur prend chair dans les entrailles de la bienheureuse Vierge Marie. « Aujourd'hui comme pour des noces, l'Église se pare de la perle inviolée, de la vraie pureté. Aujourd'hui, dans tout l'éclat de sa noblesse immaculée, l'humanité retrouve, grâce aux mains divines, son premier état et son ancienne beauté. (...) Et cette formation est une parfaite restauration et cette restauration est une divinisation, et cette divinisation est une assimilation à l'état primitif » (saint André de Crète).

Aucun commentaire: