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jeudi 11 mars 2010

À l'ombre de la Sainte Famille (4)

À l'ombre de la Sainte Famille (4)


C'est-à-dire que Jésus fait progresser dans la voie de l'Amour, où tout est don de soi, sacrifice permanent. La nada sanjuaniste est le chemin de la déréliction (« rien », en espagnol : « Pour arriver à goûter tout,/ ne désire avoir goût en rien ;/ pour arriver à posséder tout, / ne désire posséder quelque chose en rien »), où l'être humain sent le sol se dérober sous ses pieds, se trouve, non pas en équilibre instable, mais comme suspendu dans le vide, et comprend, vitalement, qu'il n'existe que par Dieu, qui le maintient dans l'être (cf. Actes 17, 28). Il ressent son entière dépendance à l'égard du Père. Se sachant rien, et moins que rien, et en même temps enfant de Dieu, il fait l'expérience de la nécessaire unité de tous les aspects de sa vie. Celle-ci doit le reconduire à Dieu par sa totalité. Tout ce qui n'est pas « informé, au sens philosophique du terme, par le divin, n'est d'aucune valeur, n'a pas de sens ; n'est pas, en définitive, face à la survie dans l'au-delà, à l'éternité. « Je regarde ma vie et je vois, en toute sincérité, que je ne suis rien, que je ne vaux rien, que je n’ai rien, que je ne puis rien. Plus encore, que je suis le néant ! Mais lui est tout et, en même temps, il est à moi et je suis à lui, car il ne me rejette pas et il s’est livré pour moi. Avez-vous vu plus grand amour ? » (saint Josémaria, Amis de Dieu, n° 215). Rien face à l'infini de Dieu. Et pourtant quelque chose, ou plus exactement quelqu'un par la grâce de Dieu, le « seul être que Dieu ait aimé pour lui-même » (concile Vatican II). Et auquel il reconnaît une valeur telle qu'il n'a pas hésité à offrir son propre Fils en sacrifice pour le rendre heureux. Telle est la profondeur des mystères de Dieu, où le plus vil côtoie le plus sublime, et s'en trouve transformé, retourné en occasion et moyen de progrès spirituel, parce que, comme l'affirme l'Apôtre, « pour ceux qui aiment Dieu, tout coopère au bien » (Romains 8, 28).
Un saint qui a pénétré très avant dans le royaume de lumière et de tendresse « a appelé Marie « le Paradis de Dieu et son monde ineffable ». Et il affirmait que Dieu a fait un monde pour l'homme voyageur, le nôtre ; qu'Il en fit un pour les bienheureux, le paradis ; et qu'Il en fit un pour lui, auquel il donna le nom de Marie » (L. J., Suenens, Quelle est celle-ci ? Paris, 1957, p. 12). C'est cela qui est étonnant. Mais nous y trouvons un extrême réconfort. Parce qu'il en va un peu comme d'un fil qu'on tire et qui finit par récupérer l'entière pelote de laine. Par Marie, nous pouvons tous être ramenés dans le sein du Père éternel, retrouver notre condition originelle d'enfant, en qui il met sa complaisance.

(à suivre...)

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