Le 1er avril
Le 1er avril
Le premier jour d'avril, que les Flamands appellent « verzendekens-dag, » est consacré en Belgique, comme dans le reste de l'Europe romane et teutonique, à des mystifications que l'on nomme poissons d'avril ou « aprilvisschen. »On fait accroire à quelqu'un une fausse nouvelle, on l'engage à faire quelque démarche inutile, pour avoir lieu de se moquer de lui. Les enfants et les domestiques surtout sont exposés à ces plaisanteries. On leur donne des commissions impossibles, on les envoie n'importe où pour acheter de l'huile de cailloux, (lire la suite) du sable filé, du baume de fer, etc. ; on leur attache furtivement sur le dos des écriteaux, des queues ou des figures de papier, ou bien on les rend ridicules en leur barbouillant le visage à leur insu de taches blanches ou noires.
Un proverbe flamand dit : « Op den eersten april zendt men de Zotten waer men wil, » le premier avril on envoie les sots où l'on veut.
Quelle est l'origine de cette coutume? Il existe à ce sujet une grande diversité d'opinions. Les uns pensent que cet usage bizarre remonte à un prince de Lorraine que Louis XIII faisait garder à vue dans le château de Nancy. Ce prince trouva moyen d'échapper à la vigilance de ses gardes, et se sauva, le premier jour d'avril, en traversant la Meurthe à la nage; ce qui fit dire aux Lorrains : « C'était un poisson qu'on avait donné à garder aux Français.»
Gilbert Cousin fait observer que de son temps on appelait eu France poisson d'avril celui qui faisait le métier infâme de débaucher les jeunes filles, parce que le poisson dont il porte le nom chez le bas peuple (le maquereau), est excellent à manger dans ce mois-là.
D'autres prétendent que le poisson d'avril est une commémoration des courses dérisoires que les Juifs firent faire à Jésus-Christ, de Pilate à Hérode, et d'Hérode à Pilate.
Fleury de Bellingen, dans l'explication qu'il donne de cette locution, a émis la même opinion en y ajoutant qu'au lieu de poisson on disait primitivement « passion, » parce que la passion du Sauveur a commencé vers cette époque.
D'autres enfin présument, que la fraie des poissons commençant vers les derniers jours du mois de mars, la pêche était autrefois interdite à cette époque, et que par suite tous ceux qu'on envoyait le premier avril au marché aux poissons devaient revenir sans avoir fait leur commission.
Dans le pays wallon on mettait autrefois, le premier jour d'avril, du sel aux quatre coins des herbages ou pâturages, afin de préserver / les bestiaux des maléfices.
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