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mardi 6 juillet 2010

Complainte de l’exilé (4)

Complainte de l’exilé (4)

Mon cœur fond durant la sainte messe. Tu y es présent, bien réellement. Et en même temps je n’en ressens qu’avec plus d’acuité le désir de vivre avec toi, par toi et en toi. De ne faire qu’un, de disparaître à moi-même pour que tu gouvernes ma vie et fasses de moi ce que tu veux, que tu te serves de moi comme d’un instrument docile à tes inspirations. Nous sommes ensemble et je voudrais que nous le soyons pleinement et à tout jamais. C’est déjà du bonheur, mais ce n’est pas le bonheur. « Pourquoi es-tu abattue, ô mon âme, et gémis-tu en moi ? » (Psaume 42, 6), alors que nous nous retrouvons pour l’offrande sublime du Fils à son Père en notre faveur à tous, alors que nous participons à cette oblation en y adjoignant toute notre existence qui, (lire la suite) de ce fait, acquiert une dimension cosmique, prend des proportions divines.
Comment être triste, alors même que c’est le sacrifice de la Croix qui est rendu présent ? Mais il est victoire sur le monde. Il signifie la défaite cuisante du diable, dont nous subissons les derniers soubresauts, comme l’hydre dont on a coupé la tête continue de se tordre dans des convulsions dérisoires. Ô mon âme, « espère en Dieu, car je le louerai encore, lui, le salut de ma face et mon Dieu » (Psaume 42, 6-7). Oh ! vraiment, « Yahvé est ma lumière et mon salut : qui craindrais-je ? Yahvé est le rempart de ma vie : de qui aurais-je peur ? » (Psaume 27, 1). Rien ne peut m’inquiéter. « Même quand je marche dans une vallée pleine d’ombre, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi ; ta houlette et ton bâton, c’est mon réconfort » (Psaume 23, 4).
Moi avec toi et toi avec moi. Ma compagnie ne t’effraie pas. Tu sais surmonter la répugnance que j’inspire parce que « tu es mon Berger » (Psaume 23, 1). « Asperge-moi avec l’hysope » (Psaume 51, 9). Mon Dieu, « aie pitié de moi ! Guéris mon âme, car j’ai péché contre toi ! » (Psaume 41, 5). « Agis envers ton serviteur selon ta miséricorde » (Psaume 119, 124). Je ne te demanderai jamais assez d’avoir pitié de moi, de me pardonner mon péché. « C’est contre toi, toi seul, que j’ai péché » (Psaume 51, 6). « En moi mon âme est abattue » (Psaume 42, 7), en considérant cette masse d’iniquité. « En moi mon âme est abattue ; aussi je pense à toi, du pays du Jourdain et de l’Hermon, du Mont Miçar » (Psaume 42, 7), du pays de l’Eucharistie, du Cénacle où nous nous retrouvons et où je viens refaire mes forces. « Seigneur, tu sais tout, tu sais que je t’aime » (Jean 21, 17).
Je ne le prouve peut-être pas beaucoup. Pourtant, tu le sais mieux que moi. Si je t’aime, c’est d’ailleurs parce que tu m’apprends à aimer, et que tu me donnes l’amour avec lequel tu veux que je t’aime ! Autrement, j’en serais bien incapable. Tu sais donc que ce sont des sentiments sincères. Mais que je puisse faire mieux, mille fois mieux, voilà qui est clair ! C’est pourquoi « je pense à toi ».Ta simple évocation réjouit mon cœur, me stimule. Alors ta fréquentation produit de tous autres effets.

(à suivre…)

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